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La « pochothèque » mensuelle de la rédaction #38

27 mars 2025, par Untitled Magazine

La fin de mois est difficile et vous ne pouvez pas vous offrir les livres de la dernière rentrée littéraire ? Pas d’inquiétude, la rédaction d’Untitled Magazine a pensé à vous et vous a concocté une sélection de livres à petit prix mais de grande qualité ! 

2084, Boualem Sansal

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Aux confins de l’Abistan, Ati - le protagoniste - se trouve enfermé dans un sanatorium, loin du tumulte du monde extérieur. Isolé, il commence un voyage intérieur qui le pousse à remettre en question les fondements de la société dans laquelle il vit. Cette société, régie par un Etat totalitaire, ne tolère aucune forme de dissidence, et toute remise en cause du pouvoir entraîne une condamnation à mort. Plongé dans cet univers de répression et d’angoisse, Ati débute sa quête : il s’aventure dans les quartiers dévastés des “Regs”, les exclus de la société, il traverse la cité de Qodsabad, part à la recherche de la mythique cité retrouvée jusqu’à se retrouver près des montagnes, là où se trouve la légendaire frontière. 

Où mène cette frontière ? Est-elle véritablement un passage vers un autre espace ou un autre monde ? Que représente le bien ou le mal dans un système déshumanisé ? Avec une écriture précise et raffinée, Boualem Sansal interpelle le lecteur et nous invite à une réflexion intense sur des thèmes puissants tels que le conditionnement religieux, la pauvreté du langage et la pensée unique. A travers l’histoire d’Ati, il nous pousse à nous interroger sur les structures de pouvoir, la manipulation et les frontières invisibles qui nous conditionnent. 

Une œuvre post-apocalyptique où un régime religieux totalitaire a effacé toute trace du passé !

Critique rédigée par Marie Heckenbenner

"2084", Boualem Sansal, Folio, 336 p. 9€

Lapin maudit, Bora Chung

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Une lampe en forme de lapin ensorcelée qui détruit une famille sur plusieurs générations, une tête faite de déjections qui sort des toilettes pour poursuivre sa génitrice, un enfant donné en sacrifice à une Chose qui pompe sa moëlle, ou un renard qui a du sang en or que son propriétaire saigne pour s'enrichir... L'univers que nous propose Bora Chung dans ce recueil de nouvelles horrifiques est fascinant et très dérangeant.

Le corps et ses dérèglements y est central, dans des dimensions très différentes selon les nouvelles, donnant par exemple lieu à une grossesse monstrueuse issue de règles douloureuses. La solitude et l'impossibilité de communiquer des personnages est également un élément important mis en place par Bora Chung pour augmenter l'effroi causé par ses nouvelles. Et derrière l'usage des codes habituels de l'horreur, ce sont bien des critiques d'une société patriarcale et capitaliste qui transparaissent.

On ressort dégoûté.es et terrifié.es de la lecture de ces fables aux tailles et formes variées qui ont comme point commun l'écriture mémorable de l'autrice coréenne.

Critique rédigée par Mathilde Ciulla

"Lapin Maudit", Bora Chung, traduit par Han Yumi et Hervé Péjaudier, Rivages, 304 p. 9€20

Et, refleurir, Kiyémis

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Andoun est née et a grandi dans un petit village du centre du Cameroun. Mais elle détonne parmi ses frères et soeurs : elle n'arrive pas à se plier à la discipline familiale et traditionnelle, elle ne veut plus se casser le dos et s'abimer les mains dans les champs à récolter l'arachide, elle veut aller à l'école et devenir une femme libre et indépendante.

Kiyémis nous raconte, à travers un récit émaillé de sa poésie sensible, le destin de la jeune femme, devenue Anne-Marie, alors qu'elle fait face aux obstacles présents sur la route d'une femme qui ne veut pas se conformer aux normes d'accepter d'être marié à un homme choisi par son père, et de rester à la maison à balayer et s'occuper des enfants. Sa route la mènera à la naissance de la petite Freya hors d'un mariage, à son départ pour la ville, jusqu'à la grisaille parisienne, une route parsemée de moments où les hommes se joueront d'elle et où elle sera forcée de tout recommencer.

Un récit sensible, un destin de femme inspiré par la grand-mère de l'autrice qui nous encourage à nous battre pour notre liberté et notre indépendance.

Critique rédigée par Mathilde Ciulla

"Et refleurir", Kiyémis, Pocket, 393 p., 9€30

La Louisiane, Julia Malye

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1720, à la Salpétrière, Marguerite se voit confier la lourde tâche de compiler une liste de femmes destinées à rejoindre la colonie de Louisiane. Le gouverneur, désireux de peupler la colonie, demande à “recevoir” 90 futures épouses fertiles et compétentes. Trois mois plus tard, c’est à bord du vaisseau La Baleine que ces derniers feront leur arrivée. Mais aucunes d’entre elles ne savent où elles vont passer la nuit ni quand elles seront mariées. 

A travers un romain choral, Julia Malye plonge le lecteur aux côtés de Pétronille, une aristocrate, Charlotte, une orpheline élevée à la Salpétrière mais aussi Geneviève, une faiseuse d’anges. Grâce à son écriture minutieuse, l’auteure nous transporte dans une grande épopée, suivant à la trace ces femmes envoyées dans une jeune colonie française pour en assurer l’avenir. Entre naissances, décès, luttes contre les tribus indiennes, le récit nous plonge dans un monde où au fil des pages, ces femmes s’imposent et prennent place dans cet univers impitoyable. 

Un roman d’aventures captivant qui révèle un aspect méconnu de l’Histoire !

Critique rédigée par Marie Heckenbenner

"La Lousiane", Julia Malye, La Livre de Poche, 576 p., 10€40

Silo, Hugh Howey

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Dans un futur postapocalyptique, la population encore en vie s'est refugiée dans un silo souterrain, immense. A l'intérieur, une nouvelle hiérachie est mise en place, plus on descend plus on trouve les populations précaires qui occupent les emplois les plus durs et ingrats, tandis qu'en haut, la bourgeoisie semble couler des jours tranquilles. Personne ne sait ce qui se trouve au dehors, des caméras retransmettent des images d'un paysage vierge et battu par les vents, il n'est pas autorisé aux habitants de poser des questions sur ce qu'il se passe dehors et encore moins de savoir comment vivaient les populations précédentes. Si on doute ou si on interroge cette nouvelle société, le punition est simple : sortir. Mais alors qu'est-il arrivé à ceux qui sont déjà sortis ?

Mais face à cette organisation totalitaire, la révolte gronde. Les opposants au Maire tout puissant et à son bureau se font de plus en plus nombreux et interrogent cet état : est-ce que le dehors est vraiment si dangeureux ?

Dans ce roma, de science-fiction, Hugh Howey donne la part belle aux petites gens qui font marcher ce fameux silo. C'est aussi un livre sur la vérité et sur la liberté. Un long roman qui nous laisse en haleine.

Critique rédigée par Mathilde Jarrossay

"Silo", Hugh Howey, traduit par Yoann Gentric, Babel,  640 p., 10€40

Ne réveille pas les enfants, Ariane Chemin

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Ariane Chemin est reporter au Nouvel Obs. Dans ce récit, elle retrace une histoire familiale dont l'horreur a marqué chaque génération jusqu'au drame qui a donné lieu à un fait divers. En mars 2022, à Montreux en Suisse, une famille entière se suicide en sautant du balcon de leur appartement. Qu'est ce qui s'est passé ? Pourquoi cette famille aux apparences ordinaires a mis fin à ses jours de cette façon brutale ?

Au delà de ce fait divers, qu'on a rapidement classé comme un sucidie collectif, Ariane Chemin met en lumière le lien qui unit cette famille à l'écrivain Mouloud Feraoun, algérien assassiné par l'OAS lors de la guerre d'Algérie. Est-ce qu'on peut établir un lien traumatique entre ces deux évènements ? Peut-on retrouver dans une histoire de famille, les grandes blessures de l'Histoire, celle des livres ? 

Dans ce court récit, Ariane Chemin interroge le poids de l'Histoire et de la transmission. Qu'est-ce qu'il a été dit à ces jeunes jumelles ? Savaient-elles ce qui est arrivé à Mouloud Feraoun et les auraient conduites à enjamber ce balcon ? Mais aussi quel rôle les autorités ont dans ce fait divers. On a très vite passé sous silence l'affaire de Montreux, est-ce qu'il y a encore de choses à cacher ? C'est tout cela que la reporter interroge, elle met en avant des hypothèses mais surtout elle rend à cette famille son histoire personnelle. 

Critique rédigée par Mathilde Jarrossay

"Ne réveille pas les enfants", Ariane Chemin, Points, 160 p., 7€55

Ils sont aussi en poche :

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