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[Gazette littéraire] Les pépites du trimestre #1

30 avril 2024, par Untitled Magazine

Pour maintenir la tête hors de l'eau des sorties de livres qui s'enchaînent, Untitled Magazine a rassemblé ses meilleurs éléments pour tenter de trouver les pépites littéraires publiées au cours des trois derniers mois. Attention, sélection non exhaustive mais excellente !

Aliène, Phoebe Hadjimarkos Clarke

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Bien ancré dans notre monde réel, Aliène est pourtant, en de très nombreux points, un roman fantastique, et ce dès le départ : Fauvel va se mettre au vert chez le père d’une amie pour garder sa chienne Hannah, clone de sa chienne précédente, dans une ambiance étrange et angoissante, faite de brouillard et de forêt. Et bientôt, il y aura également la présence supposée d’extra-terrestres qui enlèvent certains hommes pour étudier leur appareil génital… Décidément fascinant et inquiétant !

Aliène est bien le roman de l’étrangeté et de la peur, symbolisées par la perte d’un oeil suite à des violences policières, peur qui s’insinue chez Fauvel par tous les pores et ne la laisse pas trouver le sommeil. Elle est paralysée par toutes sortes de terreurs qui marquent l’aspect politique de ce roman aux thèmes bien réels : violences policières donc, dérèglement climatique, violences sexuelles, monde rural délaissé et rupture croissante avec les villes, notamment représentée par le groupe de chasseurs dont Fauvel croise le chemin.

Ce deuxième roman de Phoebe Hadjimarkos Clarke marque les esprits tant par ces motifs récurrents de la peur que par le style de l’autrice, qui crée de la confusion permanente et parle de domination.

Critique rédigée par Mathilde Ciulla

"Aliène", Phoebe Hadjimarkos Clarke, Editions du Sous-Sol, 288 pages, 19,50€

Le mariage, Dorothy West

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Martha's Vineyard est en plein émoi cet été 1953 car Shelby Coles doit se marier. Héritière d'une grande dynastie noire, la jeune femme décide de se marier avec un musicien sans le sous, de quoi attiser les ragots et les comérages au sein de la communauté. A partir de ce mariage, Dorothy West reconstitue l'arbre généalogique d'une famille. Elle analyse les mariages, les attentes, les succès et les déboires de cette famille. De ceux qui se sont extraits de leur milieu, des bons aux mauvais mariages, elle décortique cette arbre en contextualisant ce qu'est être noire aux Etats Unis dans les années 50. 

Le Mariage est une saga familiale, qui passe d'une mère qui abandonne ses enfants à la reconnaissance d'une famille noire dans une communauté raciste. Emprunt de croyance et d'histoire familiale, Dorothy West fait autant l'état des lieux d'une société que d'une famille. Chaque membre de la famille est passé au crible de sa plume, dans ses choix, dans sa vision du mariage mixte, dans la reconnaissance de son identité. C'est un roman familial mais aussi un roman sur la société et sur les usages de celle-ci. 

Cette saga familiale nous plonge dans les Etats Unis des années 50 au coeur d'une dynastie noire.

Critique rédigée par Mathilde Jarrossay

"Le mariage", Dorothy West (traduit de l'anglais par Arlette Stroumza), Editions Belfond, 288 pages, 15€

Une enfance française, Farida Khelfa

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1960, Lyon. Dans le quartier des Minguettes, en compagnie de ses neuf frères et sœurs, Farida grandit dans un environnement fait de douleurs et de violence. D’un côté, son père alcoolique et incestueux (qui abusa de sa soeur ainée pendant des années), de l’autre sa mère, une femme soumise et peu aimante avec ses enfants. Adolescente, et comme beaucoup de ses frères et sœurs, elle tentera plusieurs fois de s’extirper de ce milieu familial, avant de partir définitivement rejoindre l’une de ses sœurs à Paris. Très vite, sa beauté lui ouvrira les portes du Palace, haut lieu de la mode et de la culture dans les années 80. Elle devient alors rapidement la meilleure amie de Christian Louboutin et la muse de Jean-Paul Goude.

C’est à la mort de sa mère, que la célèbre mannequin trouve le besoin d’écrire pour nous raconter son passé sous forme de récit autobiographique. Alors qu’elle a côtoyé les plus grands, rien pour autant ne la prédestinait à embrasser ce destin. C’est ce qu’elle a décidé de raconter, de manière crue et plutôt décousue, dans ce récit qui revient sur son enfance. Tandis qu’elle jongle entre le passé et le présent, et compare sa vie d'avant et celle de maintenant, elle illustre parfaitement la fracture au sein de la société française, qui persiste encore de nos jours, entre les français de souche et les enfants d'immigrés. Entre culture d’un autre pays, violence, addiction médicamenteuse, alcool et immigration, elle livre un récit sans tabou, plein de franchise et évoquant les plaies qui ne se refermeront (sans doute) jamais. Au fil des pages, Farida Khelfa ouvre les boîtes scellées de son enfance et signe un livre témoignage bouleversant autour des traumatismes de l’enfance et de la résilience.

Critique rédigée par Marie Heckenbenner

"Une enfance française", Farida Khelfa, Editions Albin Michel, 256 pages, 19,90€

Au hasard heureux, Mehtap Teke

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Après avoir abandonné ses rêves de peinture et fui vers New York, Adélaïde travaille comme graphiste dans une agence qui produit des cartes de voeux, un poste que lui a trouvé un ami et qu’elle déteste. Jusqu’au jour où elle fait la rencontre d’Hiba, une jeune fille aux yeux vairons qui exerce immédiatement une fascination intense sur elle et qui s’avère être à la fois sa voisine et sa collègue de travail.

Sa relation avec Hiba devient le centre de la vie d’Adélaïde : elle ne vit plus que pour les moments qu’elles partagent, sur le toit de leur immeuble, dans Central Park, au fil de bouteilles de vin rouge et de cigarettes mentholées. Une relation qu’on comprend vite empreinte d’emprise psychologique, dans laquelle Adélaïde s’engage toute entière pour oublier ses rêves déchus et le peu d’estime qu’elle a d’elle. Comment une jeune fille aussi solaire et élégante qu’Hiba peut-elle s’intéresser à elle, au style vestimentaire douteux et à la vie si pathétique ?

Dans son deuxième roman, Mehtap Teke installe une ambiance intriguante, une montée en tension dès les premières pages grâce à ses deux personnages féminins bien construits, psychologiquement complexes et à la mise en place des mécanismes d’une emprise dans laquelle on voit Adélaïde se perdre… Le coup de foudre en amitié existe-t-il ? Comment cette amitié évoluera-t-elle pour ces deux jeunes femmes qui se cherchent ?

Critique rédigée par Mathilde Ciulla

Au hasard heureux, Mehtap Teke, Editions Viviane Hamy, 216 pages, 19,50€

La fin du sommeil, Paloma de Boismorel

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Pierre-Antoine est un architecte désanchanté. Il est marié et père de trois enfants mais n'a aucun intérêt pour sa famille. Il se sent délaissé et incompris par cette famille qu'il a pourtant désiré et qui semble parfaite sous tout rapport. Perdu dans son travail comme dans sa vie personnelle, Pierre-Antoine en devient insomniaque. Alors lorsqu'il ressent un mal étrange dans sa gorge, il est persuadé d'avoir un cancer mais ce n'est qu'une simple allergie, alors pour retrouver l'interêt perdu de ses proches, il leur fait croire à ce cancer. 

Ce roman qui commence sur une imposture est aussi loufoque que dérangeant. Le personnage principal tente de se raccrocher comme il peut à sa famille et à son travail tout en mentant sur son mal réel. Chaque situation l'empètre un peu plus dans ses mensonges, il tisse lui-même sa toile. Sur fond de critique du milieu de l'art contemporain et de l'architecture, Paloma de Boismorel tente une critique des idées de la société selon laquelle pour s'épanouir rien de mieux qu'une famille et que d'être accompli dans son travail. Elle est cinglante et drôle dans son écriture. Elle décrit les insomnies du personnage principal de manière parfois ésotérique comme si ces rêves avaient le pouvoir de l'emmener ailleurs. 

Un roman aboutit bien que parfois on s'y perde, surtout sur la fin.

Critique rédigée par Mathilde Jarrossay

"La fin du sommeil", Paloma de Boismorel, Éditions de l’Olivier, 288 pages, 20€

Du même bois, Marion Fayolle

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Au fin fond de l’Ardèche, une vieille bâtisse abrite trois générations d'éleveurs et une grande lignée de bovins. Toute la famille habite ce corps de ferme : deux longères et en son centre, l’étable. Autour d’eux, des poules, des lapins, des prairies et des arbres. Les anciens veillent sur les petits, les enfants sur leurs parents et vivent au rythme des bêtes, des saisons et des vêlages. Ensemble, ils n’ont qu’une mission : faire prospérer la ferme familiale.

Dans ce premier roman, l’autrice de BD Marion Fayolle prend la parole et fait le tableau d’un monde rural en pleine disparition. Dans sa langue poétique et tendre, elle y décrit la beauté cachée de ce monde, où la parole est difficile mais l’amour se lit dans les attentions. En fouillant dans ses souvenirs de jeunesse, elle dévoile la beauté de la terre, des vaches mais aussi ses rêves et ses angoisses. Grâce à cette enfant qui témoigne, devenue adolescente puis adulte, elle questionne également l’hérédité : car dans ce monde, on hérite de la terre de ses parents, de leur étable, de leurs vaches mais aussi de leurs univers.

Un premier roman tendre dans lequel l’autrice explore les paysages, les animaux et questionne avec brio la filiation des êtres.

Critique rédigée par Marie Heckenbenner

Du même bois, Marion Fayolle, Editions Gallimard, 128 pages, 16,50€

Odyssée des filles de l'est, Elitza Gueorguieva

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Qui sont les “filles de l’Est” ? Dans le deuxième roman d’Elitza Gueorguieva, ce sont deux femmes venues de Bulgarie en France, à Lyon plus précisément : elle-même et une autre, Dora, prostituée malgré elle. A travers l’enchevêtrement de ces deux récits et des (més)aventures qu’elles connaissent à leur arrivée en France, c’est bien une réflexion sur l’immigration et le mauvais accueil fait à ces femmes venues de l’Est de l’Europe que nous propose l’autrice.

La plume tranchante d’Elitza Gueorguieva révèle un rapport aux mots fascinant : expressions loufoques, questions en tous genres et dévoiement du sens pavent ce roman dont la moitié est rédigée à la deuxième personne avec un humour qui marque la lecture. Un ton qui réussit à merveille à rendre le ridicule des stéréotypes attachés aux “filles de l’Est”. Les autres chapitres sont dédiés à Dora, cette femme bulgare venue en France pour payer des médicaments à son fils resté au pays, qui tombe dans le piège de la prostitution et de la domination économique et sociale qui en découle.

De la rencontre entre ces deux femmes naît un récit politique sur le traitement réservé à ces femmes, sur l’identité et sur les stéréotypes qui leur collent à la peau, mais aussi sur la joie de la résistance, du collectif et des rencontres retranscrits d’une plume inoubliable. Quelle odyssée !

Critique rédigée par Mathilde Ciulla

"Odyssée des filles de l'est", Elitza Gueorguieva, Editions Verticales, 176 pages, 17€

Baumgartner, Paul Auster

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Baumgartner est un professeur émérite et vieillissant de l'université de Princeton, veuf depuis le décés de sa femme Anna, poétesse, dont il a du mal à remettre. 

Ce roman sans prétention est une ode à l'amour et au deuil. Le personnage de Sy Baumgartner explore ses souvenirs de famille, son enfance, celles de ses parents, sa relation amoureuse avec sa femme, cette union sans enfants, et puis le redoux de la vie quand il pense trouver l'amour dans le giron de Judith. Comme un état des lieux à l'heure du départ, il explore ses années avec sa mère couturière et son père révolutionnaire de comptoir dans le New Jersey. Il remet au centre son propre parcours universitaire et sa rencontre avec celle qui fut la femme de sa vie, Anna Blume. 

Court roman, très trouchant, où le personnage principal tente de retrouver du sens à son existence perclue de malheur au cours de sa vie malgrè les grandes victoires. On suit en huis clos les pensées de ce personnage, qu'on ne peut que rapprocher de Paul Auster lui-même. 

ll est facile de se plonger dans ce doux roman, porté par un personnage attachant, de suivre ses digressions sur l'ascenseur social, sur l'amour et sur la vieillesse. 

Critique rédigée par Mathilde Jarrossay

Baumgartner, Paul Auster (traduit de l'anglais par Anne-Laure Tissut), Editions Actes Sud, 208 pages, 21,80€

La longue vue, Elizabeth Jane Howard

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Londres, 1950. Antonia et Conrad Fleming reçoivent à dîner pour les fiançailles de leurs fils, Julian. Dans cette maison, tout semble réussir à Antonia. Mariée à un homme riche, elle s’affaire à prendre soin de ses deux maisons et de ses enfants. Mais derrière les rires et les apparences, elle réalise l’échec à 43 ans de son propre mariage. Son mari la délaisse de plus en plus, pour se tourner vers sa maîtresse, qui est plus jeune.

Après avoir redonné vie à la saga des Cazalets, les éditions de la Table Ronde publient ce récit, écrit par l’auteure britannique en 1956. Pour raconter l’histoire de sa protagoniste, Elizabeth Jane Howard fait le pari de réaliser une chronologie inversée. Elle remonte ainsi le temps au fil de la vie d’Antonia, de la guerre à sa jeunesse en passant par sa lune de miel. Le lecteur est alors transporté à cinq époques différentes : 1950, 1942, 1937 et 1927. Ainsi, c’est la version d’elle la plus âgée qui finit par être la plus lointaine, et qui tandis que les chapitres s’enchaînent donne envie de revenir au début du récit pour mieux comprendre le parcours de l’héroïne. L’auteure alterne également les points de vue, laissant parfois place à l’époux, l’amant, le beau-fils ou même encore au premier amour. Une manière de mettre en avant l’évolution d’Antonia et de montrer la façon dont cette dernière a évolué.

Grâce à ce brillant exercice de style, Elizabeth Jane Howard nous permet de découvrir peu à peu la personnalité de ses protagonistes et de comprendre pourquoi - depuis le début - ce couple était voué à l’échec. Un très beau roman, qui démontre la capacité de l’auteure à analyser la condition féminine dans un milieu dominé par les convenances, les non-dits et les faux-semblants.

Critique rédigée par Marie Heckenbenner

La longue vue, Elizabeth Jane Howard (traduit de l'anglais par Leïla Colombier, Editions La Table Ronde, 464 pages, 24€

Malentendues, Azza Filali

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Emna se rend à Tezdaïne, sur l’île de Djerba pour une mission dans le cadre de son métier d’avocate : le bureau de Tunis de l’Union européenne veut écrire un rapport sur les conditions de vie des femmes de l’île ainsi que sur l’exercice de leurs droits civiques. La Tunisienne citadine doit donc réussir à interroger les femmes sur leur accession au vote, sur leur indépendance financière,... Mais elle se rend rapidement compte que ces questions sont complètement déconnectées de la réalité des femmes là-bas et que la situation est bien plus complexe.

Au fil des réunions dans le petit local qu’elle a obtenu, Emna gagne la confiance et les confidences de ces femmes qui se méfiaient d’abord à juste titre d’une initiative de plus voulant parler à leur place et qui n’aurait jamais de suite. Et ce n’est qu’en remettant également en cause sa propre vie - un métier qui suffit à peine à vivre alors que son mari est en dépression et fait peser sur elle son mal-être et la nécessité de subvenir à leurs besoins - qu’Emna peut saisir le poids des traditions : femmes spoliées de leur héritage au profit d’autres hommes de la famille, violences conjugales, inégalités salariales… Les droits civiques sont le cadet de leurs soucis !

D’une écriture juste et patiente, Azza Filali signe ici un roman qui résonnera en toutes les femmes, sur la difficulté de s’extraire des traditions d’une société patriarcale, tout en adoptant le point de vue si particulier de l’île de Djerba et d’un village où la force des traditions peut encore sembler écrasante et dans lequel les femmes s’efforcent de trouver un espace de liberté. On s’attache à Emna et à toutes les femmes qu’elle rencontre et qu’elle apprend à connaître !

Critique rédigée par Mathilde Ciulla

"Malentendues", Azza Filali, Editions Elyzad, 328 pages, 23€

Plus grands que le monde, Meredith Hall

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Lorsque Doris et Tup se rencontrent dans les années 30, leur union est comme une évidence. A tout juste dix-huit ans, Doris abandonne ses rêves d’enseignante pour vivre aux côtés de Tup dans la ferme familiale du Maine. Ensemble, ils en font un jardin d’Eden. Les vaches se portent bien, les récoltes donnent, et la famille vit en communion avec la nature et ses trois enfants. Une vie faite de joies simples jusqu’au jour où survient une terrible tragédie, ébranlant à jamais la petite famille.

A 70 ans passés, Meredith Hall livre son premier roman dans lequel elle raconte avec sagesse le bonheur aussi bien que le malheur. En partant d’un deuil, elle raconte une mère qui petit à petit sombre et pèse sur la famille par son absence, et un père de famille aimant, qui sous le poids de la souffrance, commet des erreurs qu’il ne pourra se pardonner. Elle raconte aussi le quotidien de ces deux enfants, qui vivent et tentent de s’en sortir comme ils le peuvent, chacun à leur façon. Face à cette famille, qui semble avoir perdu toute l’énergie nécessaire et toute l’unité, elle fait vivre les personnages un à un, et les laisse évoluer dans ce qu’ils ont de plus solaire et de plus sombre. Sur une durée de 15 ans, elle construit sa narration sur un rythme lent, et donne la parole alternativement à tous les protagonistes. Meredith Hall signe un récit émouvant, qui suit les mouvements des saisons et qui prouve que le temps est le seul remède vers des jours plus gais.

Critique rédigée par Marie Heckenbenner

"Plus grands que le monde", Meredith Hall (traduit de l'anglais par Laurence Richard), Editions Philippe Rey, 368 pages, 24€

Ici commence un amour, Simon Johannin

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Dans ce nouveau roman situé entre Marseille et Paris, Théo, l’alter-égo de Simon Johannin, est en constant mouvement, apparemment dans l’impossibilité de s’arrêter. Jeune auteur qui commence à connaître un petit succès, il découvre les salons littéraires et ce monde fait de paillettes et d’hypocrisie - alors qu’il venait d’un tout autre monde, de ce bas Marseille désormais envahi de bobos et de touristes qu’il décrit à merveille.

A la suite de Théo et de ses réflexions sur l’écriture, sur l’amitié, sur les injustices sociales vécues par une partie des personnages fascinants dans leurs particularités, Simon Johannin distille une vision désabusée de la société dans laquelle nous évoluons, tout en cherchant une forme de beauté et de libération à travers l’écriture. Et à travers sa relation avec Gloria, réel fil rouge du roman - une relation fusionnelle et passionnée, faite de moments privilégiés, d’alchimie sexuelle, mais également de conversations sur la mort ou encore sur les violences sexuelles.

On ressort un peu sali.es de la prose de Simon Johannin, tout en restant bouche bée devant autant de maîtrise stylistique, de poésie et de tentatives littéraires. La mise en abîme de l’écriture grâce au personnage de Théo et à ses interrogations délivre également une réflexion sur la responsabilité des écrivain.es face à un climat réactionnaire ambiant qui ne cesse de prendre davantage de place : comment naviguer entre création et dénonciation ?

Critique rédigée par Mathilde Ciulla

"Ici commence un amour", Simon Johannin, Editions Allia, 256 pages, 17€




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