Pour la neuvième année consécutive, tout l’été, et chaque semaine, Untitled Magazine vous propose trois livres à lire. Que vous soyez dans votre maison de campagne, au bord de la plage, entre amis ou encore au travail, vous devriez trouver votre bonheur.
Article 353 du code pénal, Tanguy Viel
Qu’est-ce qui a bien pu mener Martial Kermeur à pousser à l’eau Antoine Lazenec lors d’une sortie en mer sur son yacht ? C’est ce que Martial va expliquer au juge au fil de ce court récit qu’on n’arrive pas à lâcher.
Tanguy Viel nous assied sur une chaise à côté de l’homme qui va exposer sa vie au juge, son divorce et sa vie avec son fils Erwan dont il a eu la garde, son emménagement dans une maison sur le terrain du château de la ville, son licenciement et la prime qu’il a touché, et enfin l’arrivée de l’homme qui a des projets immobiliers pour la ville et qui va le mener à sa perte : Antoine Lazenec.
D’un ton presque oral parfois et toujours si intelligent sur le regard porté sur les humains, leurs contradictions, leurs mauvaises décisions et leur humour, Tanguy Viel expose la vie d’un homme et à travers elle, nous rend témoin de la chute d’un homme. Que décidera le juge ?
Critique rédigée par Mathilde Ciulla
"Article 353 du code pénal", Tanguy Viel, Editions de Minuit, 176 pages, 8€
Le jardin du diable, Jill Johnson
Professeur en toxicologie botanique à Londres, Eustacia vit recluse depuis 20 ans, marquée par la perte de son emploi et de l’amour de sa vie. Elle vit désormais dans l’ombre, vêtue des habits de son père décédé. Chez elle, Eustacia cultive une impressionnante collection de plantes vénéneuses, des spécimens aussi rares que dangereux. Chaque jour, après avoir chérie ses protégés, elle observe - à travers sa fenêtre - les habitants de l’immeuble d’en face.
Mais un matin tout bascule : elle découvre son jardin dévasté et ses plantes arrachées. Peu après, elle apprend qu’un homme de son passé a été retrouvé mort, empoisonné. Tous les soupçons se tournent alors vers elle. Bien décidée à prouver son innocence, elle n’a d’autre choix que de sortir de sa tanière et de mener sa propre enquête.
A travers ce roman, Jill Johnson amène le lecteur sur un terrain parfois encore méconnu : les plantes toxiques. Avec son écriture fluide, et son intrigue enivrante, l’autrice parvient à éveiller notre curiosité tout en nous faisant réfléchir aux dangers insoupçonnés qui nous entourent. Entre thriller et documentaire, un roman qui devrait plaire à ceux qui aiment autant les plantes que les intrigues à suspense.
Critique rédigée par Marie Heckenbenner
Stupeur, Zeruya Shalev
Rachel et Atara sont liées par un homme, un ex-mari parti sans raison pour l’une et un père tyrannique pour l’autre. A la mort de celui-ci, Atara découvre l’existence de cette femme tombée dans l’oubli des secrets de famille. Rachel de son côté découvre aussi avec effarement le prénom de celle-ci.
Dans ce roman, on découvre deux portraits de femmes, celui de Rachel une nonagénaire qui vit seule mais entourée de ses fils et d’un autre côté Atara, cinquantenaire, qui jongle entre son mari éternel insatisfait, une fille d’un premier mariage aux Etats-Unis et un plus jeune fils revenu de son service militaire et méconnaissable.
En toile de fond, c’est aussi l’histoire d’un état que raconte l’autrice, à travers les luttes de Rachel mais aussi avec le travail d’architecte d’Atara. Cependant ce qui compte dans ce roman, ce sont les parcours intérieurs de ces deux femmes.
Un long roman sur deux parcours différents mais dont les chemins finissent par se croiser.
Critique rédigée par Mathilde Jarrossay
"Stupeur", Zeruya Shalev, traduit l'hébreu par Laurence Sendrowicz, Editions Folio, 416 pages, 9,50€