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La « pochothèque » mensuelle de la rédaction #37

24 février 2025, par Untitled Magazine

La fin de mois est difficile et vous ne pouvez pas vous offrir les livres de la dernière rentrée littéraire ? Pas d’inquiétude, la rédaction d’Untitled Magazine a pensé à vous et vous a concocté une sélection de livres à petit prix mais de grande qualité ! 

Ghost Town, Kevin Cheng

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Ils sont sept enfants dans la famille Chen : d’abord cinq filles, au grand désespoir de leurs parents, puis enfin deux garçons. Mais Tienhong, le deuxième garçon semble encore ne pas être à la hauteur : il est homosexuel. Brimé et rejeté pour cette raison, il quitte finalement Taïwan et le petit village dans lequel il a grandi pour l’Allemagne où il a obtenu une bourse pour continuer ses études littéraires et écrire des livres. Mais après un passage en prison, il décide de rentrer au village.

Son retour est à l’origine de ce récit polyphonique dans lequel nous entendons toutes les voix de la famille, celles de celles et ceux qui sont resté.es au village, mais également celles des fantômes qui hantent le village, les fantômes des membres de cette grande famille qui sont décédés. Dans des aller-retours constants entre le passé et le présent, toutes ces voix nous donnent à voir ce qu’a été le quotidien d’un petit village de l’île de Taïwan, alourdi par des normes sociales patriarcales, et plus précisément de cette famille, marquée par la violence.

Ghost Town ne ressemble à aucun autre livre, possédé par une écriture fascinante et ouvrant une porte sur une réalité qu’on ne connaît que trop mal.

Critique rédigée par Mathilde Ciulla

"Ghost Town", Kevin Cheng (traduit du chinois par Emmanuelle Péchenart), Editions Points, 480 pages, 10,40 €

Au temps des damnés et des bénis, Ayobami Adebayo

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Au Nigeria, Eniola, 16 ans, vit dans la plus grande précarité depuis que son père a perdu son travail. Depuis, ses rêves de grandes études se sont envolés et sa colère ne cesse de le pousser à faire de mauvais choix. Des conséquences douloureuses, qui affecteront sa famille, en particulier sa petite sœur. De l’autre côté, Wuraola, est issue d’un milieu aisé et mène une brillante carrière dans la médecine. Bien décidée à épouser celui qu’elle aime depuis le lycée, elle se ne doute pas encore qu’une menace silencieuse viendra contrecarrer ses plans déjà bien établis. 

Dans ce deuxième roman, la jeune écrivaine dresse le portrait d’un Nigeria marqué par la corruption, la violence politique et des services publics défaillants. A travers les destins croisés des deux protagonistes, elle dénonce un système injuste où survivre peut relever du combat. Au fil des pages, elle explore également le poids des traditions, qui tantôt se révèlent être source de valeurs fortes tantôt entravent les aspirations individuelles. 

Un récit captivant qui met en lumière la complexité de choisir son propre chemin dans un société où le destin semble toujours imposé par les autres !

Critique rédigée par Marie Heckenbenner

"Au temps des damnés et des bénis", Ayobami Adebayo (traduit de l'anglais par Virginie Buhl), Editions J'ai Lu, 608 pages, 10,40€

Sister Deborah, Scholastique Mukasonga

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Dans les années 30 débarquent au Rwanda les missionnaires évangélistes venus d'Amérique qui prêchent le christianisme dans un pays où l'on croit aux esprits, aux pouvoirs des guérisseuses et aux légendes. Alors que ces inconnus annoncent la venue d'un messie noir, Sister Deborah annonce, elle, que cela sera une femme qui viendra les sauver. Quand elle disparaît, la communauté de femmes s'affole et fait naître autour du mythe de cette femme tous un tas de légendes... Des années plus tard, Miss Jewels issue de cette communauté décide de retrouver cette femme.

Dans ce court roman, Scholastique Mukasonga revient sur un mythe connu mais fait aussi la part belle à cette femme prophétesse. Quel est l'avenir des femmes messies ? Où sont elles dans nos livres d'histoire ? Elle conte ici la destinée d'une femme qui s'oppose aux idées colonialistes et aux croyances qui les éloignent de ce qui a nourri la communauté rwandaise. 

Ecrit comme un conte, on découvre la culture orale du Rwanda à travers les mots de l'autrice.

Critique rédigée par Mathilde Jarrossay

Sister Deborah, Scholastique Mukasonga, Editions Folio, 160 pages, 8€

Les voleurs d'innocence, Sarai Walker

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Alors que Sylvia Wren pensait son passé enfoui, une lettre d'une journaliste va raviver ses souvenirs d'enfance et faire renaître les fantômes de son passé... Issue d'une fratrie de soeurs toutes décédées après s'être mariées, elle seule en a réchappé. Pourquoi elle et pas les autres ? Et surtout qu'est-ce qui est arrivé aux soeurs Chapel ? 

Dans ce long roman, on suit la destinée des cinq soeurs Chapel qui possèdent toutes des noms de fleurs, de l'ainée Aster à la dernière Zélie en passant par Iris le vrai nom de Sylvia mais aussi la destinée de leur mère Belinda. La mère de famille est aussi une figure centrale, c'est elle qui croit aux fantômes, elle qui voit les âmes des combattants tués par les armes Chapel, car la fortune de la famille vient de la fabrication de carabines. Ce qui compose le coeur du roman c'est la mort successive de ces soeurs mais aussi les croyances de cette famille et les fantômes qui peuplent la maison des Chapel. C'est un thriller sur des parcours de femmes, comment elles ont accepté ou non cette lignée dont elles font partie. Peuvent-elles échapper à leur destin de femmes et à quel prix si oui ?

Un thriller féministe haletant qu'on a du mal à lacher. 

Critique rédigée par Mathilde Jarrossay

"Les voleurs d’innocence", Sarai Walker (traduit de l'anglais par Janique Jouin-de Laurens), Editions Gallmeister, 608 pages, 11,90€

Conquest, Nina Allan

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Nina Allan nous livre ici une enquête pas comme les autres : celle menée par une détective privée, Robin, sur la disparition de Frank, un jeune homme codeur informatique, fan de Bach et persuadé de l’existence d’une vie extraterrestre… C’est à la demande de Rachel, sa copine, que Robin cherche à comprendre ce qui est arrivé à Frank qui a disparu à Paris quelques mois plus tôt après être allé chez des gens rencontrés sur des forums d’ufologie. Et au centre de cette enquête, comme du livre de Nina Allan, se trouve un roman de science-fiction qui imagine une forme d’invasion extraterrestre après la construction sur Terre d’une tour gigantesque à l’aide d’un mystérieux matériau extraterrestre qui s’avère être organique…

Tous les éléments de ce roman sont rassemblés pour en faire un objet étrange à la croisée de l’enquête policière, du monde du crime organisé, mais aussi de l’univers conspirationniste et des fausses informations. Frank et ses amis ont-ils raison sur l’existence d’une vie extraterrestre et les indices laissés sur Terre ? Ou le jeune homme à la santé mentale fragile est-il victime de prédateurs malintentionnés qui profitent de sa naïveté et de son inadaptation sociale ?

Nina Allan construit un roman haletant, qui ne délivre pas toutes les réponses mais qui nous interroge sur la vérité et ce qu’on en fait.

Critique rédigée par Mathilde Ciulla

"Conquest", Nina Allan (traduit de l'anglais par Bernard Sigaud), Editions 10-18, 384 pages, 9,20€

La route des Estuaires, Julie Wolkenstein

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C’est un tronçon d’autoroute qui relie Paris à Saint-Pair-sur-Mer, dans la Manche. Ici, les souvenirs se bousculent pour l’écrivaine. Des souvenirs hantés par la mort de son petit frère à l’âge de deux mois quand elle avait, quant à elle, deux ans. Pour trouver la paix, elle décide de partir jusqu’en Bretagne afin d’y rencontrer une femme qui fut témoin de la mort accidentelle de son frère. S’en suivra alors un voyage initiatique fait d’errance narrative.

Avec La Route des Estuaires, Jolie Wolkenstein nous embarque dans un voyage à la fois réel et intérieur. A travers des trajets en voiture et en train, la narratrice nous entraîne dans une quête ou les souvenirs ressurgissent par bribes. Entre humour et émotion, le récit jongle avec les détours et les hésitations de la mémoire. Derrière les apparences parfois un peu trop légères, elle explore avec pudeur les mécanismes de la mémoire et du deuil, et souhaite montrer comment un drame familial peut modeler une existence. 

Un roman introspectif émouvant qui explore les thèmes de la perte, de la mémoire et de l’intime !

Critique rédigée par Marie Heckenbenner

"La route des estuaires", Julie Wolkenstein, Editions Folio, 144 pages, 8€

Ils sont aussi en poche :

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