Pour la neuvième année consécutive, tout l’été, et chaque semaine, Untitled Magazine vous propose trois livres à lire. Que vous soyez dans votre maison de campagne, au bord de la plage, entre amis ou encore au travail, vous devriez trouver votre bonheur.
Les détectives sauvages, Roberto Bolano
Critique rédigée par Mathilde Ciulla
"Les détectives sauvages", Roberto Bolano, traduit par Robert Amutio, Editions Points, 864 p. 11,95€
A la lisière du monde, Ronald Lavallée
Matthew Callwood est un jeune officier de la police qui se porte volontaire pour rejoindre le poste le plus isolé du Canada dans le Grand Nord, là où rien ne vit, rien ne bouge et rien ne se passe. Lorsqu'il arrive sur place les convictions qui l'animaient vont vite fondre, l'alcool de contrebande coule à flot, les policiers pactisent avec les indiens autochtones pour écouler la marchandise... Alors Callwood tente de s'imposer tout de même une displicine, sans oublier le grand criminel qui a priori vivrait caché dans ce coin du Canada : Moïse Corneau.
Ce qui se dégage de ce récit c'est le froid du Grand Nord et la brutalité des hommes qui peuplent ces contrées si dures. Les descriptions de la forêt, des lacs et du froid nous immergent totalement dans ce bout de territoire coupé du monde. Le roman est peuplé de personnages aussi rustres les uns que les autres, l'ancien policier Susenko, le jeune Harvey ou encore Fran, la fille de joie des hommes du Nord. Le ton du roman change lorsque la traque de Corneau commence, s'en suit un long roman d'aventure, de traque mais aussi de compromis entre les deux hommes.
Il est plaisant de dévorer ce roman, on suit des trajectoires de vie mais aussi une grande aventure dans l'inconnu. Autant les descriptions des paysages que la caractérisation des personnages sont plaisants. Parfait pour un après-midi de vacances réussi.
Critique rédigée par Mathilde Jarrossay
A la lisière du monde, Ronald Lavallée, 384 p., 9€
Le Tiers Pays, Karina Sainz Borgo
En plein cœur d’un territoire imaginaire d’Amérique latine, entre la sierra orientale et la sierra occidentale, se trouve le tiers pays. Angustias, coiffeuse endeuillée, et porteuse des deux corps de ses jumeaux morts sur le chemin, entreprend un voyage éprouvant vers ce lieu mythique. Un terre, pleine de mémoire et de rédemption, où elle espère offrir une sépulture digne de ses progénitures. A son arrivée, elle fait la connaissance de Visitacion, la gardienne du cimetière. Toutes deux vont alors s’unir pour défendre ce sanctuaire tant convoité par la guérilla, les militaires et le maire.
Avec Le Tiers Pays, Karina Sainz Borgo signe un roman puissant, où la douleur du deuil se mêle avec la brutalité d’un monde qui se déchire. A travers le parcours bouleversant d’Angustias et sa rencontre avec Visitacion, l’autrice explore avec finesse la frontière poreuse entre les vivants et les morts, entre l’abandon puis la dignité enfin retrouvée. Tantôt western, conte, roman de guérilla ou encore roman surréaliste, l’écriture - parfois un peu trop dense - jongle entre les différents codes de la littérature. A la fois dur et émouvant, ce livre parle à la fois de la mort, de solidarité mais aussi de survie.
Un roman qui ne laisse personne indifférent et qui fait résonner avec justesse les échos de la douleur, de la révolte mais aussi de l’espérance humaine.
Critique rédigée par Marie Heckenbenner
Le Tiers Pays, Karina Sainz Borgo, traduit par Stéphanie Decante, 336p., 9,50€