logo UNTITLED MAGAZINE
Le webzine des plaisirs culturels
Rechercher
Instagram Facebook Twitter

Rentrée littéraire : “L'hôtel des oiseaux” de Joyce Maynard

2 octobre 2023, par Marie Heckenbenner

Entre résilience et reconstruction, dans L’hôtel des oiseaux, onzième ouvrage de la romancière, Joyce Maynard nous transporte au cœur de l’Amérique centrale et poursuit, dans cette nouvelle fresque, sa quête de la paix intérieure. 

New-York, 1970. Une explosion, causée par une bombe artisanale, vient de se produire dans un sous-sol. Parmi les “terroristes” décédés : la maman de Joan, petite fille de six ans. Pour échapper à l’enquête ouverte sur cette affaire, la grand-mère de la fillette décide d'accélérer leur départ, déménage et rebaptiste Joan Amelia en la suppliant de ne jamais parler de son passé ou de sa mère.

Quelques années plus tard, Amelia, alors devenue une adulte et une artiste confirmée, est frappée par une seconde tragédie qui la pousse à nouveau à tout quitter. C’est au gré d’un voyage en bus, sans but et sans destination, qu’elle arrive à La Esperanza, un petit village du bout du monde, situé quelque part en Amérique latine.

La nature, souffle de vie

Le long d’un immense lac aux eaux turquoises, surplombé par le volan El Fuego, Amelia trouve refuge à la Llorona, un hôtel délabré tenu par Leila, une jeune femme mystérieuse qui l’acceuille. Contre toute attente, et après seulement quelques semaines en sa compagnie, elle se voit léguée cette immense bâtisse où tout est à refaire. Est-ce le présage d’une nouvelle vie ? Mais comment se reconstruire sans les êtres aimés ? Comment réapprendre à vivre seule et à aimer de nouveau ? 

Dans ce village où cohabitent, riches et pauvres, locaux et étrangers de passage, Amélia prend racine. A La Llorona, le temps est comme arrêté, on y profite de la nature, de la vie, des repas ensemble, sans se poser d’éternelles questions. Ici, plongée dans ce havre de paix, reculé et chargé de mystère, Amelia avance, sans but, sans programme, se laisse guider par le rythme des saisons, le cycle de la nature, les rencontres et l’entretien de l’hôtel. 

Dans ce nouveau roman, Joyce Maynard dresse le portrait d’une nature florissante, dans un lieu comme suspendu, qui joue un rôle de ressourcement, et offre une seconde vie à tous ceux venus s’y reconstruire. “Les jardins durent plus longtemps que la plupart des histoires d’amour. Il est plus sûr de parier sur les orchidées que sur les hommes”. À travers le rythme foisonnant de la nature, chacun s’émerveille face à ce jardin qui ne cesse de se déployer. Loin du tumulte du monde, ce refuge permet à Amélia de guérir, de se reconstruire, mais comme partout, elle devra aussi traverser des tempêtes, car “tout paradis a aussi ses serpents”.

Le jeu des rencontres et du hasard

Dès les premières pages du roman, Joyce Maynard nous interroge autour d’une simple question : comment une femme, face à la perte de deux êtres chers, peut-elle à nouveau s’élancer vers la vie ?

Grâce à des chapitres courts et une écriture très visuelle, l’auteure nous embarque vers l’exploration de l’âme humaine, nous invitant à un voyage en terre inconnue. Saisie par la beauté des lieux, Amelia se reconstruit, jour après jour, année après année, retrouvant un environnement rassurant et attachant. Ici, il est question de vie et de mort, de mort puis de renaissance, où rencontre et hasard s’entremêlent pour ne faire qu’un. “Rien est immuable. Ni les jardins ni les histoires d’amour. Ni la joie ni le chagrin. Les animaux meurent. Les enfants grandissent. Il faut apprendre à accepter les changements quand ils se produisent. S’en réjouir si c’est possible. Voir ce qu’ils apportent de nouveau à la vie”.

Avec L’hôtel des oiseaux, Joyce Maynard signe un roman poignant et émouvant où, au-delà des pertes et des déceptions, une jeune femme use de sa soif d’aimer pour s’offrir une troisième chance. Une magnifique ode à la vie dans laquelle l’auteure rend hommage à l’amitié, la fraternité et à la beauté du monde, seuls remèdes aux tragédies d’une vie. 

livre_moyen_583.jpeg

"L'hôtel des oiseaux, Joyce Maynard, traduit par Florence Lévy-Paoloni, Editions Philippe Rey, 528 pages, 25 €

Découvrez d'autres livres de l'autrice :

9782264079152ORI.jpeg livre_moyen_311.jpeg    



auteur
Amoureuse des livres et dénicheuse de bons restos🍷 Journaliste et fondatrice d'Untitled Magazine. Pour la joindre : m.heckenbenner@untitledmag.fr


Retour

Articles similaires

"Une Valse pour les Grotesques", un livre de Guillaume Chamanadjian
Rentrée littéraire : "Le désastre de la maison des notables" de Amira Ghenim
Rentrée littéraire : "Bien-Être" de Nathan Hill
Rentrée littéraire : "Houris" de Kamel Daoud
Rentrée littéraire : "Pages volées" d'Alexandra Koszelyk
Rentrée littéraire : "Aux ventres des femmes" d'Huriya
Rentrée littéraire : "Au soir d'Alexandrie" de Alaa El Aswany
Rentrée littéraire : "Tout brûler" de Lucile de Pesloüan
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Site réalisé par
Ciel Bleu Ciel