L'affiche de Revenez-demain présageait de l'action avec ses deux gigantesques revolvers sur lesquels est assis une femme. Et les deux visages d'un même homme qui remplace la gachette. C'est d'ailleurs bien à un duel entre le sexe masculin et féminin qu'on assiste dans la petite salle Jean Tardieu du Théâtre du Rond Point. Mise en scène par Laurent Frechuret, la pièce aborde avec réalisme les relations d'un DRH et de sa -future-assistante, dans la sphère professionnelle et intime. Où l'histoire d'une rencontre entre deux êtres qui s'attirent, se cherchent et se rejettent.

Lucie (Marianne Basler), mère de famille divorcée, cherche un nouvel emploi. Elle réussit à décrocher un entretien pour un poste de secrétaire dans une grosse boite. Avec incertitude et tremblement elle se présente face à ce DRH (Gilles Cohen) rigide, confortablement assit dans son fauteuil en cuir. Il possède une assurance certaine et dès le début n'hésite pas à la tester. Volontairement, il la pousse dans ses retranchements, lui demandant si elle ne serait pas une espionne industrielle. Ne se laissant pas démonter, Lucie répond avec tact et réparti, attisant la curiosité de l'homme. Troublé, il l'invite à revenir demain, et après et après après demain. Tel le chat et la souris, ils se cherchent et se fuient, s'attrapent et se relâchent. Au fil des rencontres, les rôles s'inversent. Lui, dominant, devient plus doux pour la séduire. Elle, fragile, se durcit en devenant plus offensive et féroce. Car sous ses airs timides se cache bel et bien une femme forte. C'est elle qui a le pistolet. Et elle aime le sentiment de puissance qu'il lui donne, aussi passionnément qu'elle aime le chocolat.

C'est une histoire à l'image de cette femme. Complexe, à la fois fragile et cruelle. Une succession de scènes touchantes pendant lesquelles un homme et une femme tombent amoureux sans jamais parvenir à se trouver. Un combat de sentiment révélé en fond par un souvenir douloureux. Celui d'un homme -interprétait par le même comédien- qui a joué avec le coeur de Lucie. Meurtrie, elle ne parvient pas à ouvrir son coeur à une nouvelle relation. Etrange rencontre que celle de ses deux êtres. Etrange mais belle situation auquel le public assiste. Parfois prit à parti quand les deux comédiens s'installent au milieu des spectateurs pour évoquer leurs contrariétés sentimentales.

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