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« Skinless », un spectacle de Théo Mercier

5 mars 2025, par Vincent Bourdet

Nouvelle création du sculpteur et metteur en scène Théo Mercier, Skinless nous emmène dans un monde de déchets où grouille encore la vie et le tumulte des sentiments. En tournée.

La première impression est apocalyptique. De quoi ces canettes d’Oasis (Combien ? Quand ? Comment ? Qui ?) compactées en immenses cubes sont-elle la trace ? L'aluminium frelasse tandis que les dernier.e.s arrivé.e.s se réunissent autour d’une statue humaine argentée de crasse, de sueur et de cambouis. Immobile, elle nous toise de son promontoire d’ordures. Quelques spectateurices montent leur écharpe sur leur nez ; le spectacle s’annonce polysensoriel. Comme à la croisée d’une rue touristique, la prétendue statue se met à bouger dans un fracas métallique. À défaut de fleurs végétales, on ne peut plus, dans ce monde-ci, que cueillir des reproductions métallisées ; déjà s’illustre de façon kitsch, l’idée d’un substrat malgré tout encore prolifique. Puis voilà que cette chimère des temps futurs, passe de l’autre côté de son mur de déchets, nous invitant à la suivre. Là-bas, le carton règne en maitre et forme un espèce de ring. On prend place autour, dans l’attente de nouvelles pousses. Pas manqué, deux corps recouverts d’une sorte de seconde peau en latex en émergent. Ils vont prendre le temps de se jauger, de se sentir, de se rapprocher, de s’écharper, de s’entraider pour finalement disparaitre ensemble (et heureux ?) dans les boyaux d’une ancienne société de consommation.

Que trouve-t-on partout où nous allons et où l’on se retrouve pour s’entendre conter des histoires ? Des déchets. Parti de cette envie de produire un spectacle éco-responsable aux relents d’up-cycling, Théo Mercier a eu l’idée de ce décor qui a l’intérêt de nous mettre le nez dans la part sombre de notre consommation effrénée. Mais au-delà de la vivifiante surprise d’être dérangé.e.s par des mouches pendant la représentation, on a du mal à percevoir un propos derrière cette histoire d’une rencontre charnelle dans un monde désolé par des excès passés - à moins qu’il ne s’agisse de donner à croire en une renaissance salvatrice. Persiste plutôt l’impression d’être resté.e.s à la surface de ces terriblement fascinants contenants.

« Skinless »
conception et mise en scène Théo Mercier
interprété et créé en collaboration avec Bruno Senune, Maxime Thébault et Aurélien Vieillard

au Volcan, Le Havre les 13 et 14 mars, aux Subs, Lyon du 2 au 4 avril




auteur
Curieux de la rencontre des vivant.e.s, Vincent flotte de forme en forme. Théâtre, musée, salon, cuisine sont la politique de ses écrits


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