Pour leur nouvelle création, Marcus Lindeen et Marianne Ségol après s’être intéressé.e.s aux questions d’identités, se penchent sur la mémoire, son archivage et sa transmission. Memory of Mankind, en tournée.
Dans un dispositif quadri-frontal aux allures de forum, quatre personnes viennent prendre place. L’un d’elleux est à l’origine d’un projet fou et d’envergure : archiver toute la mémoire des humain.e.s sur des carreaux de céramique résistants aux intempéries et conservés dans un mine de sel en Autriche. Un autre est atteint d’une pathologie, la fugue dissociative, qui le rend, après chaque crise, complètement amnésique. Une autre, sa compagne, est devenue au contact de cette maladie, écrivaine et consigne les traces toujours sur le point de disparaitre dans l’esprit de son conjoint. Le quatrième, enfin, est un jeune chercheur en archéologie qui parcours l’histoire de cette science à la recherche d’éléments queer qui auraient été plus ou moins volontairement occultés. Toustes ensemble vont ainsi échanger au sujet de l’Histoire, de son écriture, de sa conservation, et de son partage.
Avant ces représentations, comme toujours chez Lindeen et Ségol, il y a eu un ensemble de rencontres liées à ces réflexions autour des archives, dont les paroles échangées ont servi de socle à l’écriture de la pièce. Cette présence, jamais lointaine, du réel, est redoublée par un particulier choix d’interprétation, lui aussi familier à leur travail. Plutôt que de donner à un.e comédien.ne une partition à jouer, le duo divise le travail entre corps et esprit. D’un côté, des acteur.ice.s professionnel.le.s vont lire et enregistrer le texte des personnages, de l’autre des non-professionnel.le.s vont leur prêter leur corps au moment de la représentation, tout en écoutant puis en répétant les paroles qui leurs sont diffusées via oreillettes. Mais, autant ce procédé ajoutait une dimension particulière à La Trilogie des identités et les questionnements qui l’entourait, autant ici, on ne parvient pas vraiment à ressentir ce qu’apporte ce décalage.
Mise en scène minimaliste qui nous réduit à l’écoute sage de témoignages émaillés de pauses musicales sur un sujet vaste et riche, Memory of Mankind a des allures d’enregistrement d’une émission de radio dont les idées prennent davantage leur essor oralement que visuellement. Frustrant.
« Memory of Mankind »
texte et mise en scène Marcus Lindeen
conception Marcus Lindeen et Marianne Ségol
avec Sofia Aouine, Drive, Axel Ravier, Jean-Philippe Uzan
voix Marianne Ségol, Gabriel Dufay, Julien Lewkowicz, Olga Mouak, Nathan Jousni
Au Lieu Unique Nantes du 13 au 15 décembre, à la Comédie de Caen du 7 au 9 janvier, au Picolo Teatro, Milan du 15 au 18 janvier, à la Comédie Clermont Ferrand du 22 au 24 janvier, à la Comédie de Reims les 5 et 6 février, au Nouveau Théâtre de Besançon du 8 au 11 avril, au TNB, Rennes, les 15 et 16 mai.