Sur un texte de Marie Dilasser, les deux « auteures de spectacles » comme se définissent Roser Montllo Guberna et Brigitte Seth, invitent à réfléchir aux secrets dans lesquels les normes d’une société obligent certaines personnes à exister. À découvrir aux Plateaux sauvages jusqu’au 9 mars.
Une femme de ménage et une concierge vivent entourées de plantes dans un immeuble dont elles connaissent chaque recoin. Brûlantes de désir l’une pour l’autre, elles s’effleurent, se glissent des mots, se cachent au vu et au su des autres habitant.e.s. Une fois par mois, elles se retrouvent pendant deux jours calfeutrées dans la loge de la concierge. Une chorégraphie du quotidien qui leur permet de répondre aux attentes hétéronormatives dans lesquelles ces deux femmes, d’une cinquantaine d’années, ont été élevées. La dissimulation comme chemin vers un bonheur - éphémère. Car la lassitude de ce jeu de dupes couplée avec l’envie d’envoyer valser les interdits n’est pas loin.
Sur scène, on est d’abord amusé.e.s de les voir toutes deux se frôler au milieu des plantes vertes, paravents derrière lesquels la fougue de leurs embrassades se cachent. On ressent clairement qu’un travail d’incarnation a été pensé face à la prosodie du texte de Dilasser, qui, a, en lui même, une forte puissance évocatrice. Mais pourtant on peine à rentrer dans cette chronique d’un amour si habitée. Tout en se demandant vers où la pièce veut nous emmener (vivons caché.e.s, vivons heureux.se.s ?), on est surpris.e.s par des instants de danses individuelles qui semble décolérer du dilemme auquel se trouvent confrontées ces deux femmes. On s’attendait à ressentir l’intensité de la passion se transformer en urgence de l’affirmation (ou tout du moins une tentative) mais on finit par se demander, quoi de plus que ces habitudes prises en cachettes, les réunissent.
Alors oui, il y a de la douceur et de la considération dans ce spectacle, mais, l’espace des premiers instants, on s’était attendu.e.s à ce qu’un moment les plantes volent, sortent de leur pot, lient leurs racines et se poussent mutuellement vers le dardant soleil extérieur.
crédits image Christophe Raynaud de Lage
« Senora Tentacion »
texte Marie Dilasser
mise en scène, chorégraphie et interprétation Roser Montllo Guberna et Brigitte Seth
aux Plateaux sauvages jusqu’au 9 mars