Écrite en 1974 pendant des luttes ouvrières à Milan, réactualisée en 2008 après la crise des subprimes, la pièce de Dario Fo et Franca Rame, On ne paie pas ! On ne paie pas !, est montée, en pleine période d’inflation, par Bernard Levy au Théâtre de la Tempête. À voir jusqu’au dimanche 18 mars.

Que se passe-t-il lorsque, face à une augmentation des prix, les consommateurices refusent de payer ? Dans un quartier indéfini où les hommes travaillent tous à l’usine pendant que les femmes gèrent le foyer et les dépenses, une révolte a lieu. Le temps de l’acceptation passive cède la place à celui de l’auto-réduction active. Mais la société est-elle moralement prêt.e.s à ce changement de régime ? Dans une farce burlesque aux innombrables quiproquos, Bernard Levy nous emmène sur le terrain où principes et actions se confrontent.

D’un côté le pragmatisme d’Antonia, de l’autre l’idéalisme de Giovanni, son mari. Entre les deux, un couple de voisin.e.s aux principes moins campés, Margherita et Luigi. Ajoutez à cela un policier altermondialiste et un gendarme zélé et vous voilà avec les acteur.ice.s d’une suite de situations les plus rocambolesques les unes que les autres. Les sacs de courses deviennent des ventres de femmes enceintes, une perquisition, l’occasion d’un débat politique sur la protection de l’ordre économique, un cercueil, un moyen de transport de denrées volées et le citron, un exhausteur de goût pour pâté pour chats. Malgré quelques longueurs, l’ensemble est rondement mené. Les rires fusent régulièrement dans la salle face aux comédien.ne.s qui prennent un plaisir manifeste à ce jeu outré.

Hormis une fin étonnamment sérieuse et didactique qui, paradoxalement, donnerait presque un aspect fantasmé au contexte politico-social, cette adaptation d’On ne paie pas ! On ne paie pas ! propose un plaisant moment de théâtre.

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« On ne paie pas ! On ne paie pas ! »
texte Dario Fo, Franca Rame
traduction et adaptation Toni Cecchinato, Nicole Colchat
mise en scène Bernard Levy
avec Flore Babled, Elie Chapus, Eddie Chignara, Grégoire Lagrange, Jean-Philippe Salério, Anne-Élodie Sorlin
Au Théâtre de la Tempête, Paris jusqu’au 18 mars puis au Théâtre Sénart à Lieusaint du 5 au 7 avril.

Vincent Bourdet

Curieux de la rencontre des vivant.e.s, Vincent flotte de forme en forme. Théâtre, musée, salon, cuisine sont la politique de ses écrits