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« Nul si découvert » une pièce de Valérian Guillaume

4 mai 2023, par Vincent Bourdet

Adaptant son propre roman, Valérian Guillaume propose, dans un seul en scène épuré, une plongée dans le quotidien d’un homme perdu, surnageant dans un flot de consommations garguantesques. En tournée.

Que se passe-t-il en marge des métropoles ? Noyaux de notre économie qui fait de la consommation une affirmation d’existence, les centres commerciaux sont paradoxalement remisés en marge des villes. Dans ces zones périurbaines où culture et histoire semblent absentes, des êtres, pour autant, y mènent leur existence. C’est le cas de l’homme qui nous fait face. Depuis le décès de sa mère, ce dernier arpente les allées de boutiques dans un rituel chaque jour recommencé. Succédané de sociabilité qui lui fait oublié sa solitude, il s’abîme grâce à son porte-feuille dans de fugaces relations marchandes. Sous un Abribus, symbole même de ces lieux anonymes dans lesquels il n’est nul question de s’établir mais toujours de passer, il nous raconte sa vie, ses désirs, ses déboires.

Passé la curiosité des débuts, on se demande justement où la pièce veut nous mener. Sur une critique du consumérisme ? Sur le manque de considération et d’affection que ressentent les délaissé.e.s ? Sur la violence et la sexualité comme seules moyens d’expressions ? Sur le monde intérieur comme refuge ? La pièce avance sans faire de choix. À défaut de traces documentaires ou d’indications sur la provenance de ces mots, l’on commence à s’interroger sur la forme du discours. Installé.e.s dans un théâtre du 14ème arrondissement de Paris, un dimanche après-midi, nous sommes bien loin, autant culturellement que géographiquement, de cette zone commerciale dont l’on nous parle. Certes, la souffrance humaine, la perte, le besoin de dopamine ne nous sont pas étranger.e.s, certes ce personnage, autant que le public, peut être considéré comme adorateur d’un temple - du consumérisme pour l’un, de la culture pour l’autre - mais cela ne semble pas suffisant pour que la rencontre opère. Alors, face à ce discours qui nous est servi directement sans entours, on en vient à se demander s’il n’y a pas une certaine gratuité à chercher à faire exister, sur ce type de scène, une figure aussi paroxystique du déclassement social.

Cette pièce prendrait-elle d’autres sens en dehors du cadre bourgeois du théâtre de ville ? Sans doute. Il n’empêche que cette dernière a, l’espace d’une heure, révélé une fracture sociale qui est loin d’être fictive. Peut-être qu’en utilisant ces moyens questionnables et questionnants, était-ce là la visée de l’auteur ?

crédits fanchon_bilbille-1.jpgCrédit photo : Fanchon Bilbille

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« Nul si découvert »
texte et mise en scène Valérian Guillaume
adaptation et dramaturgie Valérian Guillaume et Baudoin Woehl, d’après le roman de Valérian Guillaume publié aux Éditions de L’Olivier
avec Olivier Martin-Salvan

Vue au Théâtre de la Cité internationale.
Au Théâtre Sorano, Toulouse du 30 mai au 1er juin.




auteur
Curieux de la rencontre des vivant.e.s, Vincent flotte de forme en forme. Théâtre, musée, salon, cuisine sont la politique de ses écrits


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