Le 28 février 1953, Joseph Staline s’entretient dans sa résidence secondaire, sa datcha de Kountsevo, avec quatre de ses plus proches généraux. Mais la soirée va prendre un tour particulier…
Une grande table rectangulaire trône au centre de la salle, et nous, public, sommes assis tout autour. Cette disposition quadrifrontale permet de créer une atmosphère intimiste très appréciable. Les généraux, Khrouchtchev, Boulganine, Malenkov et Laventri, arrivent les uns après les autres dans la salle à manger où Staline leur a donné rendez-vous. Mais ce dernier tarde à pointer le bout de son nez… Étrange. D’autant que, la veille, l’un de leurs collègues se serait mystérieusement suicidé… Un léger vent de panique les envahit. Puis, Staline arrive enfin. Mais ce soir, pas de fête habituelle ! Une fête où ils ont pour habitude de boire, manger et de se détendre en raconter des blagues salaces… Non, ce soir, il y a un traître. Staline en est sûr et est bien déterminé à le démasquer.
La pièce, signée de l’espagnol Antonio Alamo, se découpe à l’origine en trois parties. La première traite de la mort d’Hitler dans son bunker, la seconde de la rencontre entre Staline et Churchill après la disparition d’Hitler, et la troisième, celle qui nous concerne ici, du dernier dîner de Staline. Le mystère plane toujours autour de la mort du dictateur, nul ne sait si il s’agit d’une réelle attaque ou bien d’un complot. Le but ici n’est d’ailleurs pas de trancher ou de refaire l’histoire, mais simplement de réfléchir, grâce à cette confrontation, à la notion de pouvoir. Observer Staline terroriser ses ministres durant une heure nous permet aisément de mesurer la folie et les excès que le despotisme peut entraîner. Ah, le communisme s’est bien éloigné de ses valeurs premières… Au milieu de la tension, plus que palpable, que nous offre cette soirée entre hauts dignitaires, s’invitent des moments de rire. Un musicien, présent sur scène, accompagne le tout de sa contrebasse. Quant aux cinq comédiens, tous sont excellents et très à l’aise dans leur rôle. Entre fiction et histoire, voilà un théâtre exaltant qui donne à réfléchir.