Deux ans après leur création, Les Étoiles de Simon Falguières reviennent dans le ciel de la Cartoucherie au Théâtre de la Tempête. Une pièce fiévreuse comme un rêve à (re)découvrir jusqu’au 5 février.
Tout commence par un drame familial. Zocha, la femme, la soeur, la mère vient de mourir, laissant, chez les trois hommes qui l’entouraient, un vide que chacun essaie de combler à sa manière. Pierre, le désormais veuf, creuse et plante des fleurs autour de la future tombe, à même le jardin. Jean, le frère, sculpte et peint des figures en forme de totems, avec lesquelles il dialogue. Et Ezra, le fils, tente d’écrire l’oraison funèbre. Il y a comme du Tchekhov dans l’air. Soudainement, une tempête suivie d’une inondation interrompent la cérémonie. Alors que le cercueil de la mère disparait sur les flots, que la maison devient une île, Ezra perd l’usage des mots, s’abstrait du réel et plonge dans son monde intérieur. Pendant que son père et son oncle gèrent, chacun à leur façon, ces deux absences, Ezra, rejoint par deux de ses marionnettes d’enfant, Kowagountata Papo et Dionysos, part à la recherche de sa mère dans des limbes shakespeariennes.
Comment, maintenant, représenter sur scène, cette épopée aux allures tragiques ? Falguières fait preuve d’une grande créativité et d’un savoir faire certain dans l’usage des artifices théâtraux. Avec une certaine économie de moyens, les décors se retournent, des ouvertures se créent, des lumières s’étiolent, d’autres jaillissent, des déguisements s’intervertissent, des marionnettes se joignent, des accessoires changent de taille. Il suffit alors de seulement sept comédien.nes, pour que Zocha enfant apparaisse, qu’Ezra redevienne un petit garçon refusant de se coucher, que Kowagountata Papo et Dionysos rencontrent Madame la Guerre, qu’Ingmar Bergman invite Ezra au cinéma en compagnie de Dieu et de la voisine du coin, et qu’un Roi et une Reine d’un conte pour enfants, projètent un film de vacances. Emporté.e.s par ces transformations et ces comédien.ne.s tous.tes aussi bon.ne.s les un.e.s que les autres, les spectateur.rice.s ont tôt fait se laisser guider, d’autant plus que le sujet de la pièce n’apparaît jamais trop clairement.
Choix d’écriture ou développement erratique, deuil, rêverie et créativité se télescopent dans cette aventure intime sans que l’un ou l’autre des sujets prennent l’ampleur de la pièce ; comme s’il s’agissait plutôt de cadres pour donner vie à un virevoltant et plaisant manège théâtral aux ressorts comiques.
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« Les Étoiles »
texte et mise en scène Simon Falguières
avec John Arnold, Mathilde Charbonneaux, Charlie Fabert, Simon Falguières, Pia Lagrange, Stanislas Perrin, Agnès Sourdillon et la participation d’Emma Lagrange
au Théâtre de la Tempête, Paris
jusqu’au 5 février