Dans une mise en scène d’Alain Françon, le Théâtre Ouvert présente le dernier texte de Nicolas Doutey : Le Moment psychologique. À voir jusqu’au 18 février à Paris.

Quatre bancs qui forment un cercle ouvert. Six personnes s’y asseyent en silence. Salle d’attente du cabinet d’un.e psychologue ? Alors que nous guettons l’hypothétique entrée d’un.e praticien.ne, l’un des six « patient.e.s » se lève et nous fait entrer dans son intimité. Par le simple jeu, la scène devient son appartement dans lequel il s’apprête à accueillir un ensemble de personnes plus ou moins attendues. Ces premiers instants ont des allures de mise en abîmes de l’acte théâtral que la suite de la pièce ne atténuera pas, bien au contraire.

Paul, donc, reçoit la visite d’un ami lorsqu’un rendez-vous se rappelle à lui par la présence de l’assistante d’une certaine Matt. Cette dernière, qui ne tardera pas, elle aussi, à faire son entrée, est une femme politique à l’activité énigmatique. Intéressée par le comportement de Paul vis-à-vis du présent duquel il s’échappe sans cesse, elle en imagine un usage politique. Comme cela se traduit-il chez Paul ? Par une proportion vertigineuse à digresser sur la moindre de ses actions ou pensées. Prétexte à dialogues comme l’est toute histoire au théâtre, ces rencontres vont emmener les spectateur.rice.s dans le monde infini des mots. Absurde, non-sens, répartie, maxime, jeu, humour, saillie, vérité, mauvaise foi, etc, un flot de paroles se déverse sur la salle laissant chacun.e surnager comme iel le peut. Hypnotisé.e.s par ces échanges et par la prouesse mémorielle des six comédien.ne.s, nous faisons l’expérience du présent intense de la (re)présentation.

Alors, oui une certaine lassitude peut apparaitre au bout d’un temps (la pièce faisant feu de tous mots pendant plus d’une heure et demie) mais quand on quitte le théâtre et que l’on entend de toutes parts les commentaires jaillirent, on ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire de connivence avec Nicolas Doutey.

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« Le Moment psychologique »
Texte Nicolas Doutey
Mise en scène Alain Françon
Avec Louis Albertosi, Pauline Belle, Rodolphe Congé, Pierre-Félix Gravière,
Dominique Valadié et Claire Wauthion
Au Théâtre Ouvert, Paris, jusqu’au 18 février.

Vincent Bourdet

Curieux de la rencontre des vivant.e.s, Vincent flotte de forme en forme. Théâtre, musée, salon, cuisine sont la politique de ses écrits