Retour du Choeur. Créée en 2021 lors du Festival d’Automne, la pièce de Fanny de Chaillé est de nouveau jouée jusqu'au 2 mars à Chaillot.
Commande du dispositif Adami Théâtre, pour dix comédien.ne.s de moins de trente ans, Le Choeur prolonge la recherche de Fanny de Chaillé sur le discours et son dispositif d’énonciation/écoute. Après l’enthousiasmant Désorde du discours, adaptation pour un acteur de la leçon inaugurale au Collège de France de Michel Foucault, Le Choeur propose, cette fois-ci, une plongée dans le groupe.
Ça commence frontalement. Les dix comédien.ne.s s’alignent face au public sur une scène nue. Camaïeu de couleurs, iels débutent un échange d’anecdotes autour d’un épisode commun celui des attentats du 11 septembre 2001. Rapidement pris.e.s dans une surenchère de souvenirs, les vérités énoncés s’exposent, toutes subjectives. Comme dans une cour de récrée ou autour d’une machine à café, chacun.e essaye d’avoir la meilleure histoire à raconter, jusqu’à transformer tous les dires entendus en grotesque fiction. Alors que l’on en vient à rire d’un sujet pour le moins dramatique, les premières dimensions du collectif, porteuse et contaminante font jour. Entre agrégat d’individualités et maillage indivisible, des corps font présence.
Censé représenter le public idéal dans ses réactions au théâtre antique, le chœur ici prend des allures protéiformes, entre mouvements d’ensemble chorégraphiés, soutien et décors pour histoire personnelle, ou revues de cabaret. Dès lors, plus besoin de protagonistes pour que le chœur vive tant il génère lui-même histoires et réactions. Mais quid de l’autre public dans tout ça ? Alors que le risque aurait été de révéler la frontière imperméable de la scène et de cantonner le public à l’apathie face à la fougue d’une nouvelle génération de comédien.ne.s, le dispositif frontal choisi par Fanny de Chaillé ouvre de multiples brèches dans ce corps en développement. Projeté sur scène, accueilli par des bras aux dimensions de dix, il suffirait d’un pas pour rejoindre la danse.
En refusant de faire une pièce pour promouvoir chaque comédien.ne.s individuellement, Fanny de Chaillé est parvenue à créer un équilibre entre singulier et commun, entre action et attention. Le Chœur, en représentant le jeu du théâtre, pose une simple et essentielle question : qu’est-ce que faire corps et faire chœur avec les autres ?
Crédits photos : Marc Domage
« Le Chœur »
Mise en scène Fanny de Chaillé
D’après le poème Et la rue, extrait de l’ouvrage divers chaos de Pierre Alferi (P.O.L.)
Avec la promotion 2020 des « Talents Adami Théâtre » : Marius Barthaux, Marie-Fleur Behlow, Rémy Bret, Adrien Ciambarella, Maud Cosset-Chéneau, Malo Martin, Polina Panassenko, Tom Verschueren, Margot Viala, Valentine Vittoz
à Chaillot Théâtre national de la Danse jusqu’au 2 mars