Nouvelle création de Mohamed El Khatib, toujours aussi inspiré par le réel et les histoires personnelles, La vie secrète des vieux est présentée dans le cadre du Festival d’Automne à l'Espace 1789 ces 8 et 9 octobre puis dans deux autres salles de la banlieue parisienne.
« Avertissement : en vu de leur grand âge, certaines personnes présentes ce soir sont susceptibles, telle Dalida, de mourir sur scène. » D’emblée, avec cette annonce introductive, l’âge apparait comme une donnée au fort potentiel humoristique mais aussi réflexif. Mourir sur scène en disant quoi exactement ? L’attente interminable de la fin ? Au contraire, le plaisir retrouvé, si ce n’est découvert, d’une sexualité sans faux semblants, non chapeautée par les conventions sociales. Voilà sept personnes qui, faisant bon an mal an des différents empêchements ou limites lié.e.s à la vieillesse, frissonnent d’une main dans le dos, s’enivrent de baisers cachés, s’extasient devant leurs premiers orgasmes à plus de soixante ans. Et nous, sur nos sièges, on voit des corps, certes affaiblis par le temps, mais encore ô combien vaillants et assoiffés de plaisir.
Mais tout n’est pas rose dans ce spectacle à la joie communicative. Avant la mort, il y a l’infantilisation subie, orchestrée par les enfants de ses parents libidineux et mise en application par les aides-soignant.e.s. Question d’héritage, de contrôle, de pudibonderie ou autre, certain.e.s sont empêché.e.s de convoler. Ultime interdiction à un supplément de bonheur qui peut mener au suicide et qui, pour celleux qui restent, pose la question de la place des vieux et vielles dans notre société. Comme toujours chez El Khatib, on se retrouve, après l’amusement des débuts, l’enthousiasme des rencontres, confronté.e.s à un angle mort de notre réalité.
Que faire ? Du théâtre encore et toujours du théâtre nous dit El Khatib dans un final qui illustre cette vision d’une écriture collective qui emprunte autant au documentaire qu’au spectacle.
crédits image Yohanne Lamoulere/Tendance floue
conception et réalisation Mohamed El Khatib
avec en alternance et en fonction de leur longévité Annie Boisdenghien, Micheline Boussaingault, Marie-Louise Carlier, Chille Deman, Martine Devries, Jean-Pierre Dupuy, Jacqueline Juin, Salimata Kamaté, Jean-Paul Sidolle, Yasmine Hadj Ali
à l’Espace 1789, Saint-Ouen les 8 et 9 octobre, au Théâtre Cinéma de Choisy-le-Roi le 11 octobre, aux Points communs - Théâtre 95, les 18 et 19 décembre.