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« festival confit ! » de la Garance

5 juin 2024, par Vincent Bourdet

Fin du banquet dans le Vaucluse. Pour sa deuxième édition, le festival confit, liant passionnément théâtre et gastronomie, s’est tenu autour de La Garance, scène nationale à Cavaillon du 21 au 26 mai. Retour sur certains éléments du menu.

Quand le public n’était pas pris le nez dans le verre lors d’une dégustation de vin, la main dans la pâte pendant un atelier de cuisine, la bouche à mastiquer sur un marché de producteur.rice.s, ou les pieds sur la piste de la danse, on pouvait aussi le trouver dans toutes sortes de lieux non-conventionnels prêt à y vivre de singulières et vivantes expériences théâtrales.

Avec ses Chaussons aux tomates la performeuse Hiba Najem proposait, par exemple, de prendre place autour d’une grande table pour découvrir, et surtout pratiquer, un des multiples rituels libanais dans lesquels elle a baignés. Entre exposé historique sur la tomate et témoignage intime, voilà les spectateurices assis.es face à face séparé.e.s par des tomates, du persil, du citron, de l’oignon, du sumac et de la pâte. Cours de cuisine avec supplément d’âme et mise en scène amusée, il ne faut pas longtemps pour que le public s’active autant que la professeure et que des chaussons aux tomates aux formes aussi variées que les personnes présentes, voient le jour. Suffit alors de voir à la sortie du théâtre les participant.e.s emporté.e.s chacun.e des traces de farine pour constater la convivialité et le goût de l’échange à l’oeuvre dans cette pièce.

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S’enfermer pour assister à une pièce alors qu’il fait encore bon dehors, que l’on ne veut pas manquer le coucher de soleil et la nappe que le crépuscule tend ? La compagnie B R U M E S a trouvé la parade. C’est dans des fermes, des domaines, ou autres lieux collectifs, que le couvert est mis chaque soir pour leur spectacle documentaire et polysensoriel VIVANTES alliant vidéo, musique, broderie, dégustation de vin et théâtre. Et parce que chaque lieu est unique, ce dernier devient un élément clef du dispositif scénographique, mais aussi narratif. Tout commence par un casque sans fil. D’un côté cet espace présent qui se découvre, de l’autre ces paroles qui ébauchent la vie, les choix, les joies et colères d’une jeune vigneronne, Marie Carroget, ayant repris le domaine familial. Liens à la terre, transmission, soins, imprévisibilité, impermanence, beauté mais aussi ostracisation, sexisme, pollution, violence, tout ce qui fait le sel et l’amer de la vie se retrouve condensé dans ce parcours porté par la fougue dynamisante de sept femmes. 

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crédits image Jef Rabillon

Une autre proposition invite à mêler dépense physique et intellectuelle. Avec Que ma joie demeure, Clara Hédouin nous emmène sur les traces d’un Giono dont les considérations sur la paysannerie sont loin d’avoir perdu en actualité. Pour ce faire, rendez-vous est donné tôt en pleine nature à une centaine de personnes. Toutes ont été prévenues : bonnes chaussures, casquette et gourde seront nécessaires pour découvrir ce texte. L’ensemble s’élance sur le sentier de ce spectacle bien réel, prêt à se laisser surprendre au premier point de rencontre avec la fiction. Sept heures durant, une dizaine d’épisodes font vivre cette communauté paysanne du plateau Grémone dont la tristesse inhérente est mise à mal par la présence de cet étranger venu leur transmettre une autre façon heureuse de considérer ce qui les entoure. Du plaisir de contempler les espèces vivantes, de sentir les essences présentes, de partager des observations. Rarement s’expérimente de pareille manière l’acte de cheminer ensemble vers un idéal fictif potentiellement réalisable - il faut dire aussi que le joyeux pique-nique préparé en complicité avec le chef nomade Emmanuel Perrodin donne du coeur à l’ouvrage.

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crédits image Quentin Chevrier

Trois exemples divers mais habités par une même force, celle de faire résonner le « vivant » des arts, de permettre de s’en emparer, de le goûter, d’en garder un souvenir saillant, déjà prêt à être partagé. Dialogues présents et à venir que tonifie avec brio et gourmandise ce festival duquel on attend avec impatience le prochain menu. 

« Chaussons aux tomates »
conception, mise en scène et performance Hiba Najem

au Festival Futurs possibles, Marcoux le 7 juin.

« VIVANTES »
conception Louise Hochet et Mathilde Monjanel
avec Louise Hochet, Mathilde Monjanel, Céline Challet, Annie Langlois, Carole Thibaud et Fanny Sintès

au Festival Chalon dans la Rue du 10 au 13 juillet, au Festival des Antipodes, Bataville, le 24 août

« Que ma joie demeure »
mise en scène Clara Hédouin
d’après Que ma joie demeure de Jean Giono
adaptation Romain de Becdelièvre et Clara Hédouin
avec Suzanne de Baecque, Jade Fortineau (en alternance avec Clara Hédouin), Pierre Giafferi, Hector Manuel, Clara Mayer et Mickael Pinelli

à la Scène Nationale Grand Narbonne les 1 et 2 juin, au Carreau Scène nationale de Forbach les 22 et 23 juin, au Théâtre Nanterre Amandiers les 29 et 30 juin, à la Ferme du Buisson les 6 et 7 juillet.




auteur
Curieux de la rencontre des vivant.e.s, Vincent flotte de forme en forme. Théâtre, musée, salon, cuisine sont la politique de ses écrits


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