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« Et la terre se transmet comme la langue », Darwich par Béghain et Derousseau

16 septembre 2021, par Untitled Magazine

Poème épique écrit lors du long exil du poète palestinien Mahmoud Darwich, Et la terre se transmet comme la langue résonne pour quelques jours au Théâtre de Gennevilliers dans une interprétation de Stéphnanie Béghain et Olivier Derousseau. À voir jusqu’au 16 septembre.

Cela fait maintenant dix ans que Stéphanie Béghain et Olivier Derousseau explore le texte de Darwich au long d’une itinérance qui n’est pas sans rappeler les nombreux lieux que le poète a parcouru dans son existence. Comme aux prises, lui aussi, des mots de Darwich, le théâtre de Gennevilliers semble avoir du mal à canaliser leurs forces évocatrices. De fait, tout le cheminement jusqu’à la salle de représentation est émaillé d’une installation impressionnante. Composée de cartes, de rapports militaires, de photographies et de mots, elle guide le.la spectateur.rice et fait retentir entre les murs du théâtre la question : Comment interpréter un poème sur scène ? Béghain et Derousseau ont fait le choix de la pédagogie.

Tout débute par un cahier de Document(s) distribué à tous.tes les spectateurs.ices. Nourri des fruits de ce travail d’exploration d’une dizaine années, il compile des photographies prises dans les journaux mais aussi d’une impressionnante chronologie de la Palestine allant de 2000 avant notre ère au 2 août 2021. Le cahier faisant office d’assise iconographique et historique, la lecture du poème peut commencer. Dans un espace sombre aux cadres semblant dépasser les frontières de la salle, « Et la terre se transmet comme la langue » est introduit par une interprétation à quatre voix d’extraits d’un autre poème, « État de siège ». Préambule qui a l’intérêt de faire entendre la pluralité de lectures, d’écoutes et de compréhensions que fait naitre la poésie. Suite à ces premiers vers échangés, l’espace se révèle subrepticement dans un fascinant ballet d’ombre et de lumière. Sur cette scène monumentale aux frontières indistinctes, Stéphnanie Béghain se lance dans une interprétation du poème.

D’une voix claire, découpant distinctement les vers, elle se déplace au milieu d’un décors fait de panneaux de bois, de constructions précaires, de lumières vacillantes. Loin d’être stoïque, elle ajoute à cette déclamation qui peut sembler surannée, un ensemble de gestes et d’actions toutes plus énigmatiques les unes que les autres. Obligeant dès lors à redoubler d’attention entre la foule de mots, de références, d’images, de sensations évoquée par Darwich et les propositions d’illustrations qui en sont faites, Béghain et Derousseau prennent le risque de troubler, si ce n’est de rompre l’écoute du poème.

Ainsi la proposition de Béghain et Derousseau rappelle que la poésie est une histoire de rencontres singulières. Certaines sonnent comme une évidence alors que d’autres sont plus épineuses Pour autant il s’agit toujours d’interprétations. Et au final, que la pièce plaise ou non, il est toujours temps de revenir au texte.

« Et la terre se transmet comme la langue » Un poème de Mahmoud Darwich traduit par Elias Sanbar Conception Stéphanie Béghain, Olivier Derousseau Interprétation Stéphanie Béghain Scénographie Olivier Derousseau, avec Éric Hennaut

Au Théâtre de Gennivilliers jusqu'au 16 septembre.


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