Nouvelle création avec sa jeune compagnie Beaver Dam, le chorégraphe Edouard Hue s’interroge sur l’expression de l’instinct au sein d’un groupe de danseur.se.s.
Ça commence comme, semble-t-il, n’importe quelle journée d’un.e danseur.euse. Des personnes s’échauffent dans le silence d’un décor nu. D’invisibles doigts se mettent à claquer dans une joyeuse et entrainante composition musicale de Jonathan Soucasse. Des mouvements s’ébauchent. Des retardataires entrent précipitamment sur scène. Un rythme se dessine au gré des enchainements des unes et des autres. On s’observe, on se jauge. Un geste individuel est bientôt mimé et multiplié par deux, trois, etc. La singularité devient un élément enrichissant le groupe. Et nous spectateur.ice.s, masse de subjectivités muettes formée par notre observation mutuelle, nous nous laissons happer.
Il y a de tout dans cette écriture chorégraphique. La simplicité du quotidien, la passion amoureuse, la fougue du groupe, la complicité enjaillée, la recherche technique, l’expression brute. Difficile alors de parler d’une narration claire. Nous sommes plutôt face à une oeuvre abstraite qui s’interroge sur ce qui compose la danse. Edouard Hue parle d’instinct, d’inspirations qui mettent en branle l’individu puis le collectif. La frontière entre ces deux entités ne parait d’ailleurs pas si claire au fur et à mesure du spectacle. Quand par un simple et efficace jeu de lumière, la scène devient une surface miroitante des mouvements des danseur.se.s, l’on se dit que dès qu’il y a expression, il y a autre. L’on rejoint alors l’enthousiasme vécu sur scène, en s’engageant (mentalement) dans cette rencontre des intuitions.
Crédit photos : Zoée Dumont
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« Dive »
chorégraphe Edouard Hue
Compositeur Jonathan Soucasse
Lumières Arnaud Viala
avec Alison Adnet, Alfredo Gottardi, Jaewon Jung, Tilouna Morel, Rafaël Sauzet, Angélique Spiliopoulos, Mauricio Zuniga