Isabelle Carré campe une mère de famille tyrannique et humiliante, élevant seule ses deux adolescentes. Adaptée du film éponyme de Paul Newman en 1972, la pièce au titre énigmatique, porte un regard glacial sur les relations mère-fille.
Années 70, une mère célibataire vit seule avec ses deux jeunes ado dans son appartement délabré. Son rêve : ouvrir un salon de thé "Comme à la maison" élégant et raffiné pour y vendre cupcakes et cheesecakes. En attendant, sans emploi, ni revenus, elle s'occupe d'une petite vieille -qu'elle maltraite plus ou moins- pour quelques dollars par jour. Un rôle de contre-emploi pour Isabelle Carré, surprenante en mère souveraine et désagréable, loin de l'actrice candide et lunaire qu'on a l'habitude de voir au cinéma. Surprenante sans être totalement convaincante. Elle ne parvient pas totalement à effacer son image douce et gentille pour endosser la génitrice castratrice de ses filles. Première déception.
La seconde, réside dans la mise en scène de la pièce que fait Isabelle Carré elle-même, un peu brouillonne. Rien n'attire l'oeil du spectateur qui se perd dans un décor chaotique où se chevauche vêtements, bouteilles d'alcool et crotte de lapin. L'espace est mal occupé par les comédiennes qui restent assise sur le lit la majeure partie du temps.
La pièce questionne les relations mère-fille, le passage à témoin d'une mère dont la jeunesse s'envole et qui voit avec jalousie ses adolescentes devenir belles et intelligentes. L'une, Ruth (Alice Isaaz) est rebelle. Elle aime les garçons et vole le rouge à lèvre caché sous le lit de se mère. L'autre, Mathilda (Armande Boulanger en alternance avec Lily Taïeb), est passionnée de science et étudie l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites. Complémentaires, elles sont la face d'une même pièce, attirant la haine de leur mère, Béatrice. Pleine de rancoeur et d'amertume, elle n'hésite pas à les rabaisser quotidiennement. Elle empêche Mathilde de se rendre à l'école pour apprendre -selon elle- des bêtises. Elles les forcent à nettoyer la maison à sa place, ramasser le linge et les cadavres de bouteilles. Allant même dans la scène finale jusqu'à refuser de rejoindre sa fille à la remise de son prix de science pour ses recherches sur les fleurs.
Une comédie tiède, bien en deça de sa version cinématographique.