Mais qui a tué Elisa Orlando ? Délicate enquête pour l’inspecteur Salti en charge de l’affaire. En apparence sans histoire, belle, intelligente, ce n’est pourtant plus qu’un cadavre tuméfié qui gît au fond d’un fossé. La nuit risque d’être longue pour la police qui doit impérativement retrouver l’assassin avant que les médias ne s’emparent du terrible drame.
Plus que quelques heures pour l’inspecteur Salti. L’homme est déjà sur place. Il détaille la scène de crime : la victime a été roué de coups, déshabillé. Elle ne porte aucune trace de lutte. Il fait sombre, l’ambiance est glaciale. Nous y sommes. Le jeu de piste grandeur nature commence. Les spectateurs entrent en scène, témoins de la reconstitution des évènements. Construite comme un puzzle, la pièce donne à voir une succession de 17 monologues. Seuls en scène, les différents protagonistes nous livrent leurs versions des faits. Il y a Boy, le garçon paumé à l’origine de la macabre découverte. Il y a Mother, la mère en larme encore sous le choc du décès de sa fille unique. Et puis Pusher, le dealer soupçonné d’avoir vendu de la cocaïne à Elisa. Le coupable se trouve t-il parmi eux ? Où bien est-ce Boyfriend, le petit copain borderline de l’adolescente ?
Le suspens est entier suite aux différents entretiens avec les personnages. Une force que la pièce tient jusqu’au dernier moment. Haletante, à la manière d’un polar, elle nous traine sur des pistes puis d’autres, rebondissant d’un événement à l’autre, croissant intelligemment les histoires. Nous emmenant dans la piaule sordide d’un trafiquant, à la banquette imbibé d’alcool d’un bar fâcheux n’oubliant pas le parking désert d’une station essence, dernier endroit où Elisa a été aperçu en vie. Une restitution précise et étonnante malgré un décor sommaire : un siège d’auto, une table et trois cousins. Mise en avant par la projection sur écran de morceaux de vidéos : images, flashs, souvenirs. Une mise en scène saisissante de Céline Lambert qui parvient -avec peu de chose- à nous plonger dans une ambiance aux couleurs des meilleurs romans policiers. Elle en appelle à l’imaginaire des spectateurs et ça marche. Porté par l’excellence des comédiens, on se déplace d’un espace à l’autre, reconstituant petit à petit les morceaux de ce puzzle. Ils nous embarquent littéralement par leur récit plein d’humour et de noirceur. Ils suggèrent habilement laissant cours aux différentes interprétations et accusations.
Un polar théâtral qui dénote par son originalité –le spectateur est acteur, il mène vraisemblablement l’enquête- et offre un spectacle distrayant. Deux heures durant, le public est porté par l’énergie de la troupe. Saisi, il en ressort plus que conquis !
Nature morte dans un fossé
Mise en scène par Céline Lambert avec Wohan Azzam, Nejma Ben Amor, Kévin Dargaud, Guillaume Giraud, Céline Lambert et Thibaut Thézan. Théâtre du funambule 53 rue des saules 75018 Paris Ligne 12, métro Lamarck-Caulaincourt Mardi 26 et mercredi 27 janvier 24 euros (plein tarif), 17 euros (tarif réduit), 11 euros (-26ans)