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Critique : Je me mets au milieu mais laissez-moi dormir

19 janvier 2016, par Untitled Magazine

Etait-il possible de rendre au film de Jean Eustache -La maman et la putain- toute sa beauté et son âme en l'adaptant au théâtre ? Dorian Rossel, réussit avec brio l'exercice, proposant une pièce revisitée à la perfection. 

On glisse dans la vie du jeune et paumé Alexandre, déambulant dans un Paris dès années 70. Il se tient droit, face à nous. Garçon étrange, un peu introverti, il ne travaille pas. Il passe son temps à lire dans les cafés de la ville et à pleurer son amour perdu. Il se console avec Marie (la maman), auprès de qui il vit. Un amour singulier les uni jusqu'au jour où il rencontre Veronika (la putain). Très vite, après plusieurs rendez-vous, il en tombe amoureux.

crédit photos Nelly Rodriguez crédit photos Nelly Rodriguez

Il y a la femme protectrice qu'il ne veut pas quitter et puis la folie de la nouvelle jeune infirmière rencontrée. Prisonnier entre deux amours, Alexandre ne semble pourtant pas résolu à choisir. Il est d'un autre monde. Mélancolique, nostalgique, il s'exprime tels les philosophes et écrivains qui squattent le café du Flore de l'époque. Il parle, beaucoup, de l'amour, de la vie. Sarcastique, ironique, il dresse un portrait du monde assez noir et nous entraine dans les méandres de ses méditations. Et c'est l'atout majeur de la pièce, un texte brillant au service d'un merveilleux comédien (David Gobet). Perturbant, provocant, chaque mot résonne avec justesse. On est troublé à l'évocation d'un  -Bonsoir, vous allez bien ? -Quelle drôle de question… bien sûr que non ! désabusé et froid. On s'attache à des personnages -parfois loin des réalités- et on se passionne pour leur (misérable) vie.

crédit photos Nelly Rodriguez crédit photos Nelly Rodriguez

Dans cette adaptation, pas de chichi, de superflu. On se retrouve face à une scène vide où s'agitent des chaises, de nombreuses chaises. Au coin, un téléphone et un tourne disque sur lequel on passe Les mots bleus de Christophe. Très cinématographique, le jeu des lumières et la présence des comédiens, des silences, des non-dits... retrouve le film d'Eustache dans ce qu'il a de simple et d'authentique.

Pièce poétique, profonde et réflexive, Je me mets au milieu mais laissez-moi dormir, parvient à rendre un triomphant  hommage à Jean Eustache.

Je me mets au milieu mais laissez-moi dormir Mise en scène par Dorian Rossel avec David Gobet, Dominique Gubser, Anne Stefens. Théâtre du Rond-Point 2 bis Avenue Franklin Delano Roosevelt, 75008 Paris Ligne 1, métro Champs-Elysées Clemenceau Du 5 au 31 janvier 2016 31 euros (plein tarif) ; 18 euros (- de 30 ans) ; 14 euros (carte RATP Imagin'r) ; 20 euros (demandeurs d'emploi)


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