Aborder l’État par le vocable qu’il emploie, les mythes et autres contes qu’il véhicule, mais aussi à travers les paroles des victimes de son maintien de l’ordre, voilà les projets littéraires (réussis) dans lesquels se sont lancés les écrivaines Sandra Lucbert et Sophie Divry dans « Ministère des contes publiques » et « Cinq mains coupées ». La metteuse Aurélia Ivan a choisi de les porter au théâtre. À voir au Théâtre de la Cité internationale jusqu’au 23 mars.
Tels quels
Pour qui a pu lire ces deux textes littéraires que sont Ministère des contes publiques et Cinq mains coupées, il n’y a pas de surprise, la force des propos résonne toujours et encore, à la différence qu’ici, ils ne sont pas lus intimement mais énoncés publiquement. Cela suffit-il à faire de ces lectures fidèles un moment de théâtre ? Non. Alors il y a, en plus du récitant, une chanteuse aux airs d’opéra, une contorsionniste, et, à la fin, un avocat. Tout cela dans un décors nu, hormis un grand et double miroir sans teint, et un ensemble de têtes en plâtre qui finiront en poussière. Mais face à l’exigence et à la puissance évocatrice des textes, les actions sur scène apparaissent absconses ou anecdotiques. Mosaïque d’extraits plus qu’adaptation, on se demande à quoi nous assistons au juste. Conférence incisive sur les violences verbales et physiques d’un État ? Théâtre contemporain codés et nébuleux ? Reste tout de même les caractères incisifs, révoltants et galvanisants des mots entendus.
crédits image Mathilde Delahaye
« Contes d’État »
conception Aurelia Ivan
avec des extraits du Ministère des contes publics de Sandra Lucbert (Verdier, 2021) et de Cinq mains coupées de Sophie Divry (Le Seuil, 2020)
en complicité avec Raphaël Kempf
avec Léonie Chouteau, Raphaël Kempf, Flor Paichard et Volodia Piotrovitch d’Orlik
au Théâtre de la cité internationale jusqu’au 23 mars.