Un thriller qui met en scène l’angoisse la plus profonde de tout parent : la mort d’un enfant. D’apparence, ce n’est pas la lecture la plus joyeuse en ce début d’été. Et pourtant, un roman policier intéressant et intriguant.
Dès les premières pages du livre, Jacob, cinq ans, se fait renverser par une voiture alors qu’il rentre chez lui accompagné de sa mère. Débute alors une descente aux enfers pour cette femme qui a tout perdu, alors que l’enquête des policiers s’enlise, incapables de retrouver le chauffard qui s’est lâchement enfui sans s’inquiéter du garçon à qui il avait ôté la vie.
Survivre à la mort d’un enfant
Les premières pages du livre sont déchirantes : la joie d’une mère qui a récupéré son enfant à l’école après une journée de travail fauchée par une voiture et son chauffeur indifférents. En l’espace de trois pages, Clare Mackintosh installe un style oscillant entre bonheur léger et destin tragique qui caractérisera le reste de son livre.
Avec le début de l’enquête policière sur la mort du garçon, ce sont deux récits parallèles qui se déroulent devant les yeux du lecteur. D’abord, l’histoire du capitaine Ray Stevens et de son équipe qui se retrouvent rapidement bloqués dans leur enquête, mais qui décident de ne pas lâcher prise et de rouvrir l’investigation alors que tout semblait perdu. Mais aussi celle de Jenna, qui après l’accident quitte Bristol sans prévenir son entourage pour partir s’installer au Pays de Galles, là où personne ne la connaît.
Même si les deux intrigues s’articulent bien, il est parfois difficile de rester dans l’atmosphère du roman. Le lecteur s’identifie aux personnages qui lui sont présentés dans toute leur simplicité et leur authenticité, mais des longueurs se font sentir au fil des pages. L’enquête ne décolle pas et du côté des policiers, on en apprend plus sur leurs intrigues sentimentales et familiales que sur les moyens qu’ils mettent en œuvre pour retrouver le responsable de la mort de Jacob. Du côté de Jenna, on suit une jeune femme qui ne se remet pas de la nuit tragique qu’elle a vécu à Bristol, et bien qu’on comprenne sans aucun mal son désarroi, elle nous devient presque antipathique. La compassion est peu à peu remplacée par de la pitié qui rend compliquée une identification à ce personnage.
Un retournement de situation fascinant
Mais alors que commence la deuxième partie du roman policier, l’intérêt du lecteur est relancé par un retournement de situation remarquablement mis en scène par l’auteur. L’enquête reprend et le personnage de Jenna s’ouvre pour nous laisser entrer. Impossible dès lors de poser le livre, et Clare Mackintosh réussit l’exploit de nous donner envie de reprendre la lecture au début, à la recherche d’éléments qui auraient pu nous mettre sur la piste de ce dénouement si inattendu.
Le rythme de l’intrigue s’accélère, les personnages prennent une profondeur étonnante. Le capitaine Ray Stevens nous passionne par sa tentative de concilier vie de famille et ambitions de carrière, la policière Kate force l’admiration par sa ténacité à ne pas abandonner l’enquête, mais aussi par sa naïveté. Et Jenna, ce personnage qu’on aurait presque fini par mépriser, devient attachante tant elle se débat pour tourner la page sans jamais oublier ce qui lui est arrivé. On entre dans l’histoire et il est impossible d’en ressortir tant qu’on n’a pas terminé le livre.
Difficile de décrire plus en profondeur ce roman policier bien écrit, malgré quelques longueurs, sans trop en dévoiler. Un conseil ? Ne vous arrêtez pas sans avoir atteint la moitié du livre, vous ne le regretterez pas !
"Te laisser partir", Clare Mackintosh, Livre de poche, 512 pages, 8,10 euros