Après Croire au Merveilleux et Plonger, Christophe Ono-dit-Biot nous entraîne en cavale aux côtés d’une famille qui tente d’échapper à une dictature populiste et se réfugie dans la péninsule monastique grecque. Sur fond de totalitarisme, de traditions et de christianisme, l’auteur signe un livre émouvant sur la paternité et la transmission.
Populisme, au coeur de la tourmente
Sacha et Mina sont un couple soudé, lui est journaliste, elle professeure, et tous deux partagent un amour pour Byzance et pour leur fille, Irène. Mais alors que le pays tombe petit à petit dans les travers du nationalisme et alors que Sasha fait une révélation compromettante sur un plateau télé, ils n’ont d’autre choix que de partir en exil. Dirigé par un dictateur que tous appellent “Papa”, qui accorde des audiences tel un pape, Sasha ne se retrouve plus dans son propre pays. Ce pays dans lequel “on célébrait la lecture des grands textes, l’esprit critique, l’engagement ou la beauté. Il semblait avoir été balayé par une immense coulée de boue. Mais une boue confortable, qui comprenait chaud, et dans laquelle certains organismes prospéraient avec gourmandise.”
Ils décident de rejoindre le mont Athos, situé au nord de la Grèce pour se faire oublier. Sur ces terres résiste une vingtaine de monastères fortifiés au sein desquels de vieilles règles byzantines sont encore de rigueur. Interdit aux femmes, Sacha se retrouve seul avec Irène, devenue un jeune garçon, tandis que Mina tente de rejoindre la capitale pour sauver sa famille. “On aime et on a peur pour ceux qu’on aime, c’est comme ça, depuis les origines, c’est ce qui fait le prix de la vie”.
Vivre pour transmettre
Hors du temps, ce sanctuaire romanesque se présente comme étant l’endroit nécessaire pour s’éloigner de tout, libérer son esprit et se retrouver. Un lieu qui offre la possibilité de prendre du recul face au monde en perpétuel mouvement et de se focaliser sur l’essentiel.
Au cœur de ce récit, Christophe Ono-dit-Biot s’attarde sur une question phare de notre existence, la transmission. Celle qui découle d’un amour, familial, amical, fraternel et quand bien même religieux. “Tu sais que tu es dans le vrai, que ce qu’il faut lui enseigner, c’est la beauté, la lumière, la grâce, l’ouverture au monde, parce que ça rend plus fort, tout simplement. Plus fort, car plus heureux. Aie confiance, bordel. Transmets comme on t’a transmis, c’est le sens de la vie”. Père et fille, tous deux confrontés à la solitude, unis par un secret cher, où chacun apprend de l’autre. Dans cette Sainte-Montagne, il est question de savoir, de culture, de civilisation faisant la part belle à l’héritage humaniste de l’Antiquité grecque.
Véritable ôde à la culture et à la connaissance, Christophe Ono-dit-Biot signe un roman passionnant et enrichissant, qui rappelle la nécessité de s’ouvrir au monde… mais aussi aux autres.
"Trouver refuge", Christophe Ono-diot-Biot, Edition Gallimard, 416 pages, 20 €