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Rentrée littéraire : « Mon mari » de Maud Ventura

29 octobre 2021, par Untitled Magazine

Maud Ventura marque cette rentrée littéraire 2021 avec son premier roman Mon mari, un texte à la fois obsessionnel, manipulateur et déroutant qui ne passe pas inaperçu !

Brossant le portrait d’une femme dépendante affectivement de son mari, Maud Ventura nous embarque dans la tête de cette dernière, ses doutes, ses efforts ainsi que ses manies pour rester désirable après des années de mariage. Dans un carnet qu’elle garde secret, l’héroïne note méthodiquement toutes les « fautes » commises par son mari ainsi que les peines à lui infliger en conséquence.

« Don’t leave me now »

Don’t leave me now est l’une des chansons préférées de cette femme apprêtée en toutes circonstances pour son mari. Ce morceau n’est pas anodin car il incarne pleinement son état d’esprit et sa peur que son mari la quitte.

C’est une femme qui aime follement son mari et le perdre serait pour elle un désastre. Ce n’est pas seulement la peur que son mari la quitte qui la tourmente mais c’est aussi celle de ne plus l’intéresser. Elle craint qu’il ne se tourne vers d’autres femmes, plus jeunes, plus jolies, plus cultivées.

Dans cet amour obsessionnel, elle traque chacun des faits et gestes de son mari afin de repérer une faille dans l'amour qu'il lui porte. Elle qui fait attention à bien cocher tous les critères de la femme désirable, jusqu’à s’oublier elle-même, refuse un seul instant de perdre l’être pour lequel elle vit et pour lequel elle n’arrive pas à dépasser l’état amoureux adolescent des premiers jours : « Je suis amoureuse de mon mari. Mais je devrais plutôt dire : je suis toujours amoureuse de mon mari. J’aime mon mari comme au premier jour, d’un amour adolescent et anachronique. Je l’aime comme si j’avais quinze ans, comme si nous venions de nous rencontrer, comme si nous n’avions aucune attache, ni maison, ni enfants. Je l’aime comme si je n’avais jamais été quittée, comme si je n’avais rien appris, comme s’il avait été le premier, comme si j’allais mourir dimanche. Je vis dans la peur de le perdre. Je crains à chaque instant que les circonstances tournent mal. Je me protège de menaces qui n’existent pas. »

Le carnet d’apprentissage amoureux et le carnet de punitions

Ceci est un fait, notre héroïne doute constamment des sentiments de son mari à son égard et à besoin d’être rassurée : « Tenir mon carnet d’apprentissage amoureux me rassure et m’aide à garder le contrôle. Je consulte mon carnet d’apprentissage amoureux dans les moments de doutes. (...) Bien sûr, ce carnet me rappelle aussi douloureusement mon statut d’éternelle débutante. Bien sûr que c’est aussi un constat d’échec. Dresser une liste de règles à suivre pour que l’homme qui partage ma vie reste amoureux de moi m’attriste. »

Et pourtant, malgré ses multiples efforts, le doute persiste. Les faits sont là, regroupés dans un autre carnet où elle note scrupuleusement toutes les fautes commises par son mari envers elle et la punition qu’elle lui infligera en conséquence afin de le faire réagir : « J’écris régulièrement dans ce carnet pour donner du sens à ce que je vis. Ce n’est pas un journal intime à proprement parler. Je ne rédige rien. Tout tient en une ligne ou deux, et le remède à mon angoisse ou à ma colère m’apparaît limpide.(...) Ce carnet n’a rien d’un journal intime : pas de longues plaintes pathétiques (comme Phèdre, je déteste m’épancher), pas d’analyses psychologiques. Tout tient en trois colonnes tracées à la règle : délit, peine, date. »

Avec ce carnet, commence alors un jeu entre elle et son mari sur le mode de la culpabilité et de la manipulation. Un jeu où les masques finiront par tomber et où la vérité renversera le lecteur.

Mon mari de Maud Ventura aborde avec originalité et singularité le thème de l’amour obsessionnel et le face-à-face conjugal. Le lecteur est plongé dans un récit tragi-comique aux nombreux points cruciaux et à la tension électrique. Une lecture caractéristique où on passe du rire à une atmosphère tendue en quelques lignes.

« Mon mari », Maud Ventura, éditions L'Iconoclaste, 355 pages, 19 euros.


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