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Rentrée littéraire : "Les gens de Bilbao naissent où ils veulent" de Maria Larrea

25 septembre 2022, par Marie Heckenbenner

Dans un style cinématographique à la fois doux et amer, Maria Larrea part sur les traces de ses ancêtres espagnols et questionne son histoire familiale. Des années 40 et l’Espagne franquiste au scandale du trafic des nouveaux-nés en 70, une quête d’origines qui nous plonge dans les heures sombres de l’histoire espagnole.

Juin 1943, une prostituée de Bilbao donne naissance à un garçon qu’elle confie aux jésuites. Plus tard, en Galicie, une jeune femme accouche d’une fille qu’elle laisse dans un couvent. Le garçon, c’est Julian, le père de Maria, la narratrice. La fille, c’est Victoria, sa mère.

Qui suis-je ?

Emigrés à Paris, l’un travaille comme gardien du théâtre de la Michodière, l’autre comme femme de ménage. Maria, le double de la narratrice, a toujours vécu en France, dans ce petit appartement jouxté au petit théâtre. L’Espagne, elle la connaît seulement l’été, lors des grandes vacances où dès qu’un pied est posé sur ces terres, ils vivent durant un mois  comme des riches. “Quand j’observais mon père arriver à Bilbao, j’avais l’impression de voir une vedette de cinéma. Il portait ses plus beaux polos, des chemises Lacoste neuves, ses poches étaient pleines de billets, des centaines de francs qu’il changeait contre des milliers de pesetas.”

Mais entre une mère taiseuse et un père violent, Maria souffre de sa condition de fille d’immigrés. D’un milieu modeste, elle n’est qu’une curiosité pour ses camarades de classe, venant tous de milieux plus aisés. “Rêvant de m’appeler Sophie ou Julie, je tenais parfaitement mon rôle de jeune fille modèle devant les parents des copines qui m’invitaient à dîner, à dormir. Je jouais au singe savant. Oh qu’elle est cultivée pour une fille de femme de ménage !”.  Entre rejets et moqueries de ses copines, elle ne trouve pas sa place et tente tant bien que mal de se construire, adoptant tous types de comportements parfois destructeurs allant jusqu’à prendre des substances addictives et jonglant avec les limites de la petite délinquance.

A la recherche de ses racines

Révoltée, insolente, sûre d’elle, Maria fera tout pour s’offrir la vie dont elle rêve. Devenue réalisatrice, elle se marie avec Robin, musicien, et donne naissance à deux beaux enfants. Mais un petit quelque chose l'empêche d’avancer, comme s’il lui manquait une pièce du puzzle pour vraiment être heureuse. Et c’est lors d’une séance de tirage de tarot que sa vie bascule et qu’elle découvre ses véritables origines… Celles d’une enfant adoptée.

S'ensuit alors le début d’une errance, celle d’une quête de ses origines. Tout aussi déterminée que bouleversée, elle tente de découvrir tout ce qu’on lui a caché depuis 27 ans. A la recherche de sa mère biologique, elle débute ses recherches là où tout à commencé… A Bilbao. "Ce que m’enseigne ce périple aussi court que puissant, c’est à m’accepter. Moi, mon incarnation, mon histoire et ses protagonistes surprises. Grâce à la perspective que m’offre ce retour à l’origine, je viens d’apprendre la profondeur de champ. Je vois ma famille se dessiner. Une famille déréglée, d’abandonnés et de bâtards, mais la mienne, notre minuscule clan avec mes parents, Victoria et Julian.”

A la fois touchant et drôle, Maria Larrea signe un premier roman autobiographique passionnant. De sa langue fluide, elle  nous transporte sur les traces de ses ancêtres et reconstitue le puzzle de son histoire familiale.

"Les gens de Bilbabo naissent où ils veulent", Maria Larrea, Editions Grasset, 224 pages, 20 €




auteur
Amoureuse des livres et dénicheuse de bons restos🍷 Journaliste et fondatrice d'Untitled Magazine. Pour la joindre : m.heckenbenner@untitledmag.fr


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