Avec L'île haute, Valentine Goby signe une magnifique histoire d’émerveillement, celle d’un petit garçon parisien, fuyant les Nazis et découvrant la beauté du monde dans les montagnes de Chamonix. Un texte subtil et plein de souffle, qui délivre une merveilleuse ode à la nature !
Vadim, un petit garçon parisien, est du jour au lendemain séparé de ses parents lors de la Seconde guerre mondiale. Asthmatique, il est caché à Vallorcine, un village de haute montagne.
Trouver refuge
Le petit parisien des Batignolle n’a jamais vu la montagne lorsqu’il arrive en 1943 dans la vallée des Ours. A deux pas culmine le mont Blanc. Il est ici pour respirer un air pur, se refaire une santé et se ressourcer auprès des montagnes. A ces hauteurs, les températures sont rudes et rien ne ressemble à chez lui. Et en cet hiver qui paraît interminable, le citadin est plongé dans une blancheur aveuglante, qui ne cesse de l’éblouir. Ici, la montagne se dresse face aux habitants, domine l’espace et semble se dresser face aux furies des hommes. “Il n’écoute pas, il a de la montagne plein les yeux, les tympans, les poumons, les synapses, il est envahi de montagne, elle est trop immense, trop étrange, trop nouvelle pour qu’il s’en détache. Ce sera facile d’être un autre ici”.
Grâce à la montagne, Vadim oublie ce qu’il a dû fuir. Accueilli par Blanche et Albert, un couple bienveillant, il reste sans nouvelles de sa mère Sophie pendant des mois. Seul avec son passé, il ignore ce qu’ils savent de l’histoire de sa famille, en particulier celle de son père, Joseph, cordonnier juif qui a dû fuir lors des rafles. Car ici, il n’est plus Vadim mais est devenu Vincent Dorselles, grâce à des papiers d’identité offerts à sa famille avant son départ. “La montagne se dresse à contre-jour dans le ciel vert. Ce n’est plus le dôme d’un palais, se dit le garçon, c’est une île. Une île dans la neige. Une île haute.”
Premiers émois
Là-haut dans les montagnes, ce petit garçon découvre la neige et la rudesse des hivers. Dans cette vallée extraordinaire, tout l’émerveille. Il y découvre d’abord les premières glaces, les avalanches, y fait ses premiers débuts à ski pour enfin laisser place à la découverte du printemps, le retour des oiseaux migrateurs et les premières fleurs. “Il se demande quand fondra la neige. Quelles neiges résistent, quelles neiges s’effacent. Où sont les neiges éternelles. Il se demande ce que la neige dissimule, à quoi ressemble le paysage une fois la neige fondue. Si la vallée ne va pas disparaitre tant la neige semble la matière même de toutes choses”.
Entouré de nouvelles odeurs, couleurs et goûts, cette nouvelle existence est perçue pour le jeune garçon telle une renaissance. A ses côtés et au fil de ses rêveries, le lecteur (re)découvre les paysages montagnards, les souvenirs de l’enfance et les premiers bourgeons qui sont prêts d'éclore.
A travers ce magnifique roman, Valentine Goby nous transporte hors du temps aux côtés des premiers émerveillements d’un petit garçon qui pour la première fois, découvre la véritable beauté de la nature. Un récit initiatique majestueux qui livre un splendide roman de paysage.
"L'île haute”, Valentine Goby, Editions Acte Sud, 288 pages, 21,50 €