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Rentrée littéraire : “Copeaux de bois” d'Anouk Lejczyk

21 novembre 2023, par Laurence Lesager


Après son premier roman Felis Silvestris, Anouk Lejczyk revient en cette rentrée littéraire avec un récit tout aussi passionnant, poétique, manuel et solidement ancré dans la nature.

C’est la rentrée des classes pour Anouk Lejczyk. Elle se lance dans une formation pour devenir bucheronne. Un métier manuel, physique et très souvent masculin. Copeaux de bois retrace et reflète cette aventure à travers la plume directe et vive de l’autrice.

Retour aux sources

“Bonjour
je m’appelle Anouk j’ai bientôt 30 ans
je vis à Paris en couple
j’ai fait des études de lettres et d’art un peu de vidéo
je suis autrice j’écris sur les forêts
j’en ai marre de lire des trucs pas précis
alors je voulais faire un peu de terrain
mettre les mains dans le cambouis
histoire de mieux savoir de quoi je parle
et puis j’aime ça tout simplement
passer du temps en forêt
avoir une activité physique aussi
j’aime bien me mettre à l’épreuve
voir si je tiens le coup à bosser dehors en hiver
j’ai jamais touché à une tronçonneuse mais je veux bien
apprendre
et je suis plutôt végétarienne”

Passionnée par l'environnement et la nature, Anouk Lejczyk sillonne le monde et réalise des documentaires dans différentes forêts du globe. Son goût pour la nature la pousse à intégrer une formation d’apprentie bûcheronne, afin de pouvoir poursuivre ses quêtes et recherches sylvestres. Dans Copeaux de bois”, elle nous raconte son apprentissage, mais aussi sa vie d’autrice et d’apprentie bûcheronne, deux mondes qui semblent éloignés mais qu’elle réussit, par sa personne, à réunir et concilier.

C’est aussi la rencontre de personnages touchants et réels. Les coulisses de nos forêts et de leur entretien par les hommes. La douleur physique également, des courbatures qui ne cessent jamais, et à travers cette activité un portrait de notre société. Comme l’herbier qu’elle constitue au fil de sa formation, Anouk Lejczyk fait l’épreuve de se jeter en terrain inconnu dans cet univers empreint de stéréotypes et nous décrit, au fil des saisons, les différentes facettes et caractéristiques de ce métier et le portrait hauts en couleurs de ses collègues et formateurs.

Femme bûcheronne

“en cherchant un stage je tape sur mon moteur de
recherche Femme bûcheronne
le résultat est bloqué par le contrôle parental
je passe outre
grosses femmes sexy xxx
femme nue coupant le bois
y a même de la littérature érotique”

Être une femme bûcheronne et autrice, c’est aussi se glisser tel un caméléon dans deux mondes différents. L’un étant sujet aux préjugés car étant un travail manuel ne nécessitant pas de grandes études académiques, l’autre étant perçu comme prestigieux, voire élitiste et défenseur de la culture et de la langue, symbole d’éducation et de réussite sociale. Pourtant, l’un n’empêche pas l’autre.

Au fil de cette année de formation, Anouk Lejczyk va en apprendre davantage sur les espèces d’arbres et leurs fonctionnements ainsi que le microsystème présent dans la nature. Le métier touche à différents aspects : forestier, jardinage, communal, administratif. Les stages s’enchaînent et le clivage entre le calme, la brume et la quiétude de la forêt avec les retours en RER et la banlieue parisienne se fait ressentir de plus en plus violemment.

Ces copeaux de bois, ce sont des morceaux de l’autrice, ses émotions et ses ressentis tout au long de cette année de savoir et de formation, son parcours vers un équilibre avec la nature et la place de l’humain dans cet écosystème. Un éveil des consciences sur cette puissance fascinante et grandiose, mais aussi terrifiante et destructrice qu’est la nature, et le rappel que les humains restent petits face à cette immensité.

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“Copeaux de bois”, Anouk Lejczyk, éditions Le Panseur, 304 pages, 19 euros.




auteur
Rédactrice chez Untitled depuis 2021, Laurence est libraire passionnée de littérature et de tout ce qui touche au monde de l'art et de la culture


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