UNTITLED MAGAZINE
Kathryn Scanlan met en récit une série d'entretiens qu'elle a menés avec Sonia, entraineuse équestre du Midwest. Un récit bref et percutant sur la dureté du milieu équestre qui nous laisse bouche bée.
Sonia sait très jeune que ce qu'elle veut c'est travailler avec les chevaux. Petit à petit, elle se fait une place sur les champs de courses, dans différentes écuries, auprès des champions équestres. Mais ce n'est pas tant le parcours professionnel de la jeune femme qu'on admire que sa force de caractère face aux épreuves et à la cruauté du milieu.
Un récit féministe
C'est un portrait de femme forte que dresse Kathryn Scanlan dans ce court récit. La vie de Sonia n'a peut-être rien de rocambolesque ou de romanesque mais c'est un récit vrai. Des champs de courses, aux boxes de chevaux en passant par les affres de sa vie conjugale, Sonia n'épargne jamais le lecteur dans ces entretiens. Dans un monde plutôt masculin, elle tire son épingle du jeu.
"On a commencé à remarquer mes résultats chez les Beauregard et à me confier des chevaux à l'entrainement. Je ne voulais pas d'une grande écurie parce que je n'avais pas envie d'engager des lads et des cavaliers, je voulais tout faire par moi-même."
Comme elle le dit très cruement durant tout le livre, il n'y a pas de place pour l'appitoiement sur les champs de courses. Elle décrit autant la difficulté du travail, les horaires, les taches, les conditions de vie que la vie des chevaux et son amour pour eux. Sonia est passionnée et se défend face aux hommes qui la maltraitent, entre les blagues mysogines et les bizutage en règles, comme la clef des quatre cents poteaux.
"Un type savait que j'avais peur des souris, il en attrapait exprès pour les mettre dans ma réserve de grain. A quatre heure du matin à moitié endormie, je soulevais le couvercle, je plongeais la main, et six souris me sautaient sur le bras. Je hurlais et lui riait aux éclats."
Sonia est une femme dans un monde d'hommes mais rien ne semble l'empécher de progresser.
Pour l'amour des chevaux
Sonia a de l'ambition, c'est aussi ce que montrent ces entretiens de Kathryn Scanlan. De l'ambition pour survivre dans ce monde et aussi pour arriver à vivre de sa passion. De son premier cheval qu'elle achète en se débarassant de ses affaires, aux chevaux blessés qu'elle décide tout de même d'entrainer même si on lui dit qu'ils ne valent plus un clou, Sonia ne se décourage jamais.
Au-delà d'un portrait de femme, c'est aussi le portrait d'un métier et celui de l'amour des chevaux que décrit ce court récit. Sonia y raconte comment elle soigne les chevaux, comment elle calme ce cheval aveugle effrayé dans les stales, comment elle prend soin de Rowdy, son premier cheval.
"Les chevaux m'ont appris la vie. Mon ami m'a demandé de m'éloigner, puis il a murmuré à l'oreille de Rowdy. Après ça, Rowdy me suivait partout comme un petit chien. Il ne fait jamais ça, j'ai dit. Qu'est-ce que tu lui as raconté ? Je lui ai demandé s'il t'aimait a répondu mon ami."
Kathryn Scanlan dans son travail tente de montrer les liens entre les animaux et les hommes, et c'est avec brio qu'elle décrit le monde impitoyable dans lequel évolue Sonia mais aussi cette passion simple et forte entre elle et ses chevaux.
Cavaler Seule ne s'adresse pas uniquement aux lecteur.rices qui aiment l'équitation, c'est un court récit sur la place des femmes dans des milieux misogynes. Cavaler Seule se lit d'une traite pour vous laisser un souvenir impérissable.
"Cavaler Seule" de Kathryn Scanlan, traduit par Laëtitia Devaux, Editions La Croisée, 208 pages, 18€
