Après son premier roman paru en 2020 La Bouche Pleine chez Québec Amérique, la journaliste et éditrice connue dans l’univers des magazines féminins, Elisabeth Massicolli, nous livre, trois ans après, un deuxième roman touchant, cru et lumineux.
Camille a décidé de quitter le froid de Montréal pour la douceur de l’Italie, le temps de quelques années. Récemment expatriée, elle erre entre ses problèmes personnels, les dates Tinder et les relations houleuses. Dans une Rome bouillonnante, entre désir de ne pas se prendre la tête et sentiments, Camille joue à un jeu dangereux et à force de jouer avec le feu, la jeune Montréalaise pourrait bien s’y brûler.
Spritz, Dolce Vita et Gio
“Ma psy avant mon départ, m’a répété que c’est pas parce qu’on change de pays que les problèmes disparaissent. Je lui ai répondu que j’étais pas conne, que je le savais, mais qu’un peu de soleil, du temps juste pour moi pis de la mozzarella bien fraîche, ça pouvait pas me rendre pire que j’étais déjà hen. Ce à quoi elle a répondu que la solitude, ça s’apprend, avec de la burrata ou pas.”
C’est avec un bagage émotionnel et compliqué que Camille a débarqué en Italie. Le cœur brisé et la confiance en l’autre anéantie, elle aspire à la légèreté dans la capitale italienne. Finies les prises de tête, il s’agit désormais de vivre l’expérience à fond. L’Italie, c’était un choix évident. Un choix qui a son importance et qui rend hommage à son père, passionné de ce pays, mais décédé récemment. De l’autre côté de l’Atlantique, elle mène tant que bien que mal sa barque et navigue entre cafés & spritz en terrasse sous un soleil brûlant et dates friends with benefits avec le beau Giovanni : “Gio sort tout juste d’une longue relation qui s’est finie de façon plutôt compliquée, qu’il m’a dit, et moi, j’ai pas déménagé dans un autre pays pour me faire (re-re)briser le coeur en mille par un autre beau grand barbu, certain. Live and learn, qu’y disent.”
Un quotidien qui lui convient. Doux et frénétique à la fois. Mais l’orage n’est jamais bien loin.
Turbulences sentimentales
Le problème des sexfriends, c’est qu’au bout d’un certain moment, on finit par s’attacher. Et ce, malgré les efforts que l’on fait pour se protéger et mettre de la distance. Dès que l’intimité est touchée, être de marbre avec l’autre est bien souvent compliqué. Gio va en faire les frais. Ne sachant comment présenter Camille à ses collègues, il va l’introduire comme sa petite amie, ce qui alarme Camille qui ne veut pas de relation sérieuse. Trop blessée pour s’autoriser à aimer, Camille reste sur la réserve quant à se mettre en couple, Gio, lui, éternel romantique, tente de briser la glace avec la jeune montréalaise, mais se heurte à un mur à chaque conversation. Leurs discussions se résument à des faits triviaux et à la météo. Pourtant, quand Camille, blessée par le détachement soudain de Gio à son égard, décide de partir soudainement pour Florence, tout est remis en question. L'Italien et la Québécoise sont loin de se douter de l’importance que ce séjour aura dans leur histoire.
“Mon anxiété se transforme en un frisson de jalousie, qui me fait trembler. Mon corps est pris de frémissements sans que je puisse rien y faire, comme si j’étais congelée, tout d’un coup. (...) Je sais pas. Je sais pu. J’ai pas envie que ça finisse, mais est-ce que c’est juste parce que je suis insultée ? Parce que j’ai peur de me sentir seule à Rome ? Parce que je vais m’ennuyer de l’odeur de sa peau ? De ses jokes plates ? De son bras fort autour de mes épaules quand on marche dans la rue ? De ses mains, sa bouche, sur moi, à toute heure du jour et de la nuit ?”
A travers ce roman, il est difficile de ne pas faire le parallèle entre la vie de l’auteure et la fiction. Ce qui est sûr, c’est que Primadonna est un roman qui se lit d’une traite, au style efficace et direct. Elisabeth Massicolli écrit comme elle nous parlerait. Avec ses mots, ses sacres et l’émotion d’un cœur brisé. C’est vivant, ça pulse, on ne s’ennuie pas. A la fois solaire et touchant. Une petite pépite qui fait du bien.
"Primadonna", Elisabeth Massicolli, Québec Amérique, 136 pages, 14,82€