La journaliste et écrivaine américaine Alice Feiring spécialisée dans le vin (naturel, vrai, sain) signe un nouveau livre à la dimension personnelle avouée : Pour tomber amoureux buvez ceci - Mémoires d’une femme du vin (éditions Nouriturfu). En librairie le 12 mai.*
À la lecture des premières pages, on peut être surpris d’entrer aussi intensément dans l’intimité d’une personne (et de sa famille) mais n’est-ce pas là aussi l’attendu d’une lecture de mémoires, comme le sous-titre l’indique ? D’autant plus que ces incartades sentimentales sont savamment cadrées et débouchent toujours sur l’ouverture et la dégustation de flacons, dont les vigneron.ne.s et leurs collègues oeuvrant dans la même sens sont listé.e.s à la fin de chaque chapitre. Pas d’erreur sur l’étiquette, on retrouve bien là l’autrice de la newsletter The Feiring Line.
Comme le rappelle Feiring dans ces lignes, boire du vin ne peut se résumer à un seul acte mais en convoque, au contraire, une multitude. D’où les histoires de terroirs qui se combinent à l’Histoire mondiale (Pinochet, Staline, l’holocauste). D’où des histoires de rencontres qui se lient ou s’envisagent autour de bouteilles (Bjork, Nina Simone). D’où des histoires de pertes d’être cher.e.s qui s’embellissent en goûtant au cycle de la nature.
D’un même allant, Alice Feiring nous emmène dans les «tréfonds» de son âme (sa dépression pendant le confinement, ses séparations amoureuses, ses deuils, sa solitude) et aux quatre coins du globe où pousse la vigne (Italie, Géorgie, Chili, États-Unis, France, Pologne, etc). Ces quelques 250 pages rappellent que la production et la consommation de vin s’inscrivent dans un dialogue entamé il y a des millénaires entre l’humanité et la terre, afin de s’élancer conjointement vers de toujours plus cléments cieux. Ni plaidoyer pour un type d’agriculture, ni guide d’achats, Pour tomber amoureux buvez ceci nous fait revenir à l’essence simple (ce n’est après tout que du jus de raisin fermenté) mais ô combien spirituelle (quand ivresse rime avec écoute de soi et son environnement) du vin.
Alors quand, dans une même osmose, qu’il s’agisse de vins ou de personnes, Feiring réussit à compiler avec bonheur et en quelques mots les sensations, les souvenirs, les imaginaires et la curiosité qu’iels ont suscité.e.s chez elle, on ne peut qu’en sortir ragaillardi.e.
« Pour tomber amoureux buvez ceci », Alice Feiring, Editions Nouriturfu, 2023, 256 pages, 22 euros.
* à noter que l’autrice sera de passage à Paris les samedi 13, dimanche 14 et lundi 15 mai lors du salon « Sous les pavés la vigne » organisée par les mêmes éditions.