Paris, 1947. Saint-Germain vit au rythme des jeunes existentialistes. Sous l’œil du « patron » Jean-Paul Sartre, Vian, Queneau, Anne-Marie Cazalis, Juliette Gréco et autres Simone de Beauvoir coulent des jours heureux, entre nuits tapageuses et création prolifique. La joyeuse troupe se retrouve chaque soir au Tabou, cave de la rue Dauphine, qui cristallise de nombreux fantasmes, de l’extase des habitués à la haine des riverains.
Cet équilibre précaire se trouve soudainement ébranlé lorsque, un soir, Jean Paul Sartre manque de se faire assassiner à coup de marteau. Paul Beaulay, journaliste à Paris Matin, accompagne son grand-père Gardel, commissaire émérite à la retraite, pour tenter d’élucider l’épineux mystère du « tueur existentialiste » qui déchaîne la presse parisienne et attise toutes les curiosités. Sur fond de souvenirs plus ou moins glorieux de la Seconde Guerre Mondiale et de considérations philosophico-littéraires, le jeune homme parcourra les ruelles de la rive gauche pour découvrir l’identité mais aussi les motivations de ce criminel aussi atypique que ses cibles.
En véritable connaisseur du quartier parisien, Gilles Schlesser livre à la fois le portrait d’une époque historique et littéraire et une enquête policière haletante. Grâce à une intrigue bien ficelée, il parvient à redonner vie à toute une génération d’intellectuels. Mortel Tabou se situe chronologiquement entre La Mort n’a pas d’amis, qui mettait en scène les surréalistes parisiens de 1925 et Mortelles Voyelles qui se déroule dans le Paris actuel aux côtés des membres de l’OuLiPo. Si quelques références de Mortel Tabou ne pourront être appréciées qu’en connaissance du tome précédent, l’affaire policière reste indépendante.
Un véritable délice qui donne envie de se replonger dans les écrits de ces existentialistes rendus si attachants et accessibles.
Mortel Tabou, Gilles Schlesser, éditions Parigramme, 7,90 euros.