Avec Le bureau d’éclaircissements des destins, Gaëlle Nohant signe une nouvelle fiction basée sur des faits historiques et tisse sa toile autour de l’International Tracing Service, le plus grand centre de documentation des persécutions nazies. Un ouvrage poignant qui nous rappelle l’importance du devoir de mémoire !
Au service de la mémoire de la Shoah
Derrière le titre - un peu racoleur - de "bureau d’éclaircissement de destins”, existe le plus grand centre d’archives relatives aux persécutions nazies. Situé à Bad Arolsen en Allemagne, l’institution - inscrite au patrimoine documentaire mondial de l’Unesco - répertorie 30 millions de documents sur les camps de concentration et d’extermination du IIIe Reich. “Dans toute l’Europe, les nazis ont trouvé des auxiliaires zélés pour les aider à se débarrasser des Juifs, des voisins avides de s’approprier leurs biens et leurs entreprises. L’antisémitisme n’était pas une exclusivité allemande ou polonaise. Il était partout”.
Ici, on conserve la mémoire des victimes des crimes nazis mais également les objets retrouvés. Irène, le personnage principal du livre, archiviste française et employée de l’International Tracing Service, passe ses journées à la recherche des héritiers légitimes. Un médaillon, un mouchoir brodé, un Pierrot… Chacun des objets renferme un secret. Elle doit alors suivre la trace de son propriétaire déporté grâce aux objets retrouvés lors de la libération des camps afin de restituer à ses descendants le souvenir de leur parent. “Mais quelquefois, en cherchant les morts, on trouve des vivants”.
Deuil et mémoire, un passé douloureux
De l’International Tracing Service à Varsovie, en passant par Paris, Thessalonique ou encore Berlin, on suit le quotidien d’Irène, investie d’une mission qui ne la laisse pas indifférente. Dans cette fiction basée sur des faits historiques où s’entremêlent plusieurs destins, on y retrouve également Elsie, gardienne allemande du centre de concentration de Ravensbrück, Eva, une survivante juive, ou encore Wita, une déportée allemande. “Même si on ne répare personne, songe Irène en s’essuyant les yeux, si l’on peut rendre à quelqu’un un peu de ce qui lui a été volé, sans bien savoir ce qu’on lui rend, rien n’est tout à fait perdu”.
A travers ces objets, Gaëlle Nohant remonte le temps et imagine quelle fut la vie de leurs propriétaires. Elle transporte le lecteur dans la période la plus sombre de l’Europe du XXème siècle, et nous plonge au cœur de l’impensable aux côtés de personnages touchants qui tentent de réparer l’irréparable. A partir de ces “petits riens”, Irène part à la recherche de ces personnages et nous fait revivre les camps, le ghetto de Varsovie, et nous enmène sur leurs traces en Pologne, un pays encore vif où les femmes sont aujourd'hui forcée à être mère.
Entre secrets de familles, deuil, non-dits, vérités, l’auteure rend hommage à toutes les victimes du nazisme, et met en lumière les vies brisées et les blessures encore vives, au sein des nouvelles générations.
"Le bureau d'éclaircissements des destins", Gaëlle Nohant, Edition Grasset, 416 pages, 23 €
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