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"Là où chantent les écrevisses", un livre de Delia Owens

7 avril 2020, par Untitled Magazine

Là où chantent les écrevisses nous transporte en Caroline du Nord, entre 1952 et 1969, dans une contrée sauvage en pleine immersion au sein de la faune et la flore, dans un marais américain. Delia Owens livre un roman aussi émouvant que passionnant, qui se veut avant tout une véritable ode à la nature.

Kya, âgée de six ans, voit sa mère quitter leur cabane des marais de Caroline du Nord, dans laquelle elle vit avec sa famille. Alors qu’elle pense que ce n’est pour un temps, Ma ne revient pas. Mais le pire, c’est que son frère et ses deux soeurs vont s’enfuir eux aussi pour ne pas rester avec leur père. « Dans tous les traités de biologie, elle cherchait une explication au départ de sa mère : comment était-il possible d’abandonner sa progéniture? »

Pa, un ancien vétéran de la Seconde guerre mondiale, aigri, alcoolique, violent, passe son temps à jouer aux cartes. Kya restera seule avec Jodie, quelques années avant que cette dernière s’évapore, elle aussi la laissant avec ce terrible père. Mais lorsqu’il disparait à son tour, la petite fille se retrouve seule, affamée, livrée à elle-même, sans arme, devant faire face au marais. « Parfois la nuit, elle entendait des bruits qu’elle ne connaissait pas ou était réveillée par un éclair tout proche, mais chaque fois qu’elle trébuchait, la terre la remettait sur ses pieds. Jusqu’à ce jour, sans qu’elle en prenne vraiment conscience, la douleur qu’elle avait au coeur s’écoula comme de l’eau dans le sable. Elle était toujours là, mais cachée au plus profond. Kya posa sa main sur la terre mouillée et vivante, et le marais devint sa mère ».

Une enfance bouleversée

Alors que les services sociaux viennent la chercher pour l’emmener à l’école, elle est heureuse. Avide d’apprendre, elle voit son avenir tout tracé, et une chance de sortir enfin du marais. Mais la première journée sera un désastre : les moqueries fusent, elle est rejetée, sa différence est critiquée. Kya fuit, et décide de passer le restant de son enfance à éviter les adultes ou tout contact avec l’humain. « Elle en savait plus que tout le monde sur les marées, les oies des neiges, les aigles et les étoiles, et elle ne savait pas compter jusqu’à trente. »

En 1952, les marais de Barkley Cove sont peu réputés : ici vivent prisonniers, personnes recherchées, trafiquants et pauvres. Se retrouvant seule, à l’âge de douze ans, il ne lui reste plus qu’un bateau et du gruau, pour survivre dans ce monde. Kya ne pourra compter que sur elle-même, mais sera connue de tous en ville comme étant La fille des marais. « Elle ne rêvait plus désormais de s’envoler avec les aigles : quand on doit barboter dans la boue pour trouver de quoi manger, l’imagination se tarit à mesure qu’on devient adulte. »

Faire, ou ne pas faire confiance

Grâce à un ancien copain de son frère, elle se lancera dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Mais lui aussi, finira par l’abandonner pour se rendre à l’université. Seule, dans cet immense parc naturel, elle explore les environs, se cultive, découvre les plantes, les animaux et consigne avec rigueur dessins et écrits. Mais en 1969, lorsqu’un jeune homme est retrouvé mort au pied d’une construction en béton en plein milieu du marais, tout bascule pour Kya. Pour toute la communauté, une seule coupable est possible : La fille des marais.

Tel un Robinson Crusoé, Kya va puiser dans la nature et utiliser son environnement pour s’en sortir. Omniprésentes, la faune et la flore constituent des personnages à part entière dans l’ouvrage de Delia Owens. Alternant entre les récits de Kya et l’enquête policière, l’écrivaine nous immerge dans une nature luxuriante, qui deviendra bientôt notre refuge. Là où chantent les écrevisses est un roman poétique, plein de pudeur et de délicatesse autour d’une histoire émouvante. Sans jamais prendre position, pour l’un ou pour l’autre, avec des personnages qui se cherchent, font des erreurs et se remettent en question, elle aborde des thèmes chers de l’époque : la différence, le racisme et la ségrégation.

"Là où chantent les écrevisses", Delia Owens (traduit de l'anglais par Marc Amfreville), Editions Seuil, 480 pages, 21,50 euros




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