La fille du train, c’est elle, Rachel. Après un mariage raté, un divorce et un licenciement suite à un repas trop arrosé avec l’un de ses clients, la jeune femme partage un appartement avec sa copine Cathy, dans la banlieue de Londres. Mais chaque matin, pour tromper son petite monde, Rachel prend le train de 8h04 afin de flâner dans les rues de Londres. Son occupation favorite ? Regarder passer les gens, leur inventer des vies, des existences. Sur son trajet, elle a repéré une jolie maison, le long des voies, et imagine la vie heureuse et amoureuse de ce jeune couple. Mais un matin, elle aperçoit la femme dans les bras d’un autre homme, et découvre quelques jours plus tard, en une des journaux, qu’elle a disparu. Déterminée, Rachel décide de mener sa propre enquête.
« Chers lecteurs, nous sommes tous des voyeurs. Les gens qui prennent le train tous les jours pour se rendre au travail sont les mêmes partout dans le monde »... Voilà comment, en deux phrases seulement, le lecteur se fait embarquer dans un thriller vertigineux, lancé à grande vitesse sur les rails.
Portraits croisés de femmes
Divorcée, dépressive, alcoolique, le personnage de Rachel ne cesse de nous jouer des tours. Au fil des pages, on se demande si elle est fiable, si ce n’est pas sa mémoire qui lui joue des tours, et si, bien sûr, toutes ces élucubrations ne seraient pas le simple fruit de son imagination. « Je n’ai pas cessé de penser à Jess de la journée. J’étais incapable de me concentrer sur quoi que ce soit à part ce que j’avais vu le matin. Qu’est ce qui a pu me faire croire qu’il y avait un problème ? ». Peu fiable mais vulnérable, ce petit bout de femme qu’est Rachel nous attendrit. On se retrouve pris, attachés, et entrainés dans son quotidien à la recherche de la vérité, étonnés de mener l’enquête avec elle.
La fille du train, pourtant, ne se résume pas seulement à Rachel. Le thriller mélange trois narratrices différentes, avec des points de vues divergents. Il y a d’abord Megan, une jeune femme au foyer, et puis Anna, la nouvelle compagne de l’ex-mari de Rachel, et cette dernière. Avec habilité et ingéniosité, Paula Hawkins tisse, ici, le portrait de trois femmes qui "se façonnent malgré les creux" de manques existentiels, creusés par les démons qui les rongent. Elle y glisse leurs regrets, leurs peurs, leurs attentes, tout en nous entraînant dans un jeu psychologique rempli de faux-semblants. Le tout, se déroulant dans une Angleterre moribonde, ter,e et poisseuse, qui donne à ce récit une teinte d'autant plus mystérieuse.
Les trois protagonistes assemblent, ensemble, un thriller plein de suspens. Un roman-thriller captivant, qui nous fait mystérieusement penser à « Fenêtre sur cour ». Une oeuvre qui montre que, derrière toutes ces fenêtres allumées, ne se cachent pas toujours que des familles sans histoires...
Le roman vient d’être adapté au cinéma par Tate Taylor avec Emily Blunt, Rebecca Ferguson, Haley Bennett. Retrouvez notre critique du film ici, et le film en salles depuis le 26 octobre.
La Fille du train, Paula Hawkins, Edition Pocket, 7,80 euros