Se retrouver dans un endroit où personne ne nous comprend, sans pouvoir communiquer avec ceux qui nous entourent, seul au monde… Cela ressemble bien à un cauchemar. C’est ce qui arrive au personnage principal d’Epépé, un philologue célèbre nommé Budaï en route pour une convention à Helsinki.
Ferenc Karinthy nous fait suivre ce personnage attachant, après son arrivée dans une ville qu'il ne connaît pas, au langage incompréhensible, pour lui, ce polyglotte qui maîtrise une dizaine de langues. On s’inquiète pour lui et on se surprend à essayer nous aussi de trouver des solutions à son problème : comment faire comprendre à des gens, qui ne semblent pas remarquer votre différence, que l'on est perdu, et que l'on cherche seulement un moyen de rentrer chez soi ?
Le protagoniste passe par toutes les émotions, du soulagement de réussir à se procurer de la nourriture, au désespoir de voir sa réserve d’argent diminuer, en passant par sa détermination à trouver un moyen de déchiffrer cette langue, qui lui est étrangère. Une rencontre semble donner un nouveau souffle à son périple : Epépé, une jeune femme, attirante, travaillant dans l’ascenseur de son hôtel. Grâce à elle, il va tenter d’apprendre les bases de la langue locale.
Ferenc Karinthy nous tient en haleine jusqu’à la fin, tension soutenue notamment par une dernière partie tout à fait étonnante. En effet, la vie du personnage prend une tournure différente à celle du reste du livre, et les événements forcent le lecteur à remettre en doute toutes ses hypothèses, quant au possible dénouement de l’aventure.
Avec sa prose agréable, Epépé nous transporte, et nous interroge sur l'impossibilité de communiquer et l'isolement que cela implique.
Epépé, Ferenc Karinthy, 288 pages, Editions Zulma, 9,95 euros