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« Dieu n’habite pas à la Havane », un livre de Yasmina Khadra

29 septembre 2016, par Untitled Magazine
Ancré dans le Cuba d’aujourd’hui, le dernier roman de Yasmina Khadra, publié chez Julliard, nous enchante aussi bien par sa douceur que sa spontanéité, le tout sur fond musical. Juan Del Monte Jonava, plus connu sous le nom de « Don Fuego », est une célébrité locale qui enflamme la scène du Buena Vista de la Havane. Cheveux longs, chemise ouverte, il nous ferait presque penser au personnage de Dikkenek. Même s’il n’est plus à la mode, il aime plus que tout au monde chanter la rumba, alors que la gloire ne l’a jamais touché. Après un spectacle endiablé, le gérant du cabaret vient lui annoncer la privatisation du lieu et la suppression de son personnage. « Je suis une voix – ma tête, mes jambes, mes bras, mon cœur, mon ventre n’en sont que des accessoires de fortune »; il ne reste plus à Don Fuego qu’une gloire fictive, disparue.

Nadja au pays de Fidel Castro

Si Dieu n’habite pas à la Havane, c’est parce que cette ville apparaît comme figée dans le temps. Police omniprésente, espions, tickets de rationnement... La Havane est encore aux mains des communistes. Yasmina Khadra nous décrit une ville rongée par la misère, la décadence et la violence. Un sentiment appuyé par les proches, dénués et fantasques, du personnage principal. Les habitants semblent avoir perdu tout espoir de bonheur, vivent sans vivre réellement, se laissant porter par l'attente d'une mort incertaine. « Je dérive dans un monde parallèle. La Havane est devenue mon cimetière, où, spectre désorienté, je cherche en vain ma fosse. Toutes les tombes sont occupées, et la mienne est introuvable ». Don Fuego erre dans les rues bondées de la ville, à la recherche d’un but, sans grand espoir.

Après des jours et des jours de galère, à se morfondre sur lui-même, il  croise le chemin de la sublime et mystérieuse Mayensi. Jeune femme intrigante, elle ira jusqu’à lui en faire perdre la tête. Impossible alors, de ne pas la comparer à la magnifique Nadja d’André Breton, qui ne cesse de disparaître et de réapparaitre, commandée par ses envies et ses drôles de folies. Accompagné d’une musique de fond, le couple nous entraîne dans une danse endiablée, ondulant sur le sable chaud. Bercés par le rythme des vagues, on se sent emportés dans cette idylle naissante.

Véritable écrivain, Yasmina Khadra s’arrête parfois trop souvent aux portes de la facilité. « Il n’est pas pire tragédie que de n’avoir personne à aimer ». Outre la différence d’âge, qui parfois nous envahit d’une gêne qu’on ne saurait dissimuler, l’auteur fait trop souvent usage d’un ton mielleux. « Mayensi est ma lumière. Il n’est pas nécessaire d’allumer dans la maison : elle éclaire toute chose autour de moi ». Lui, qu’on a connu à travers l’Attentat, les Hirondelles de Kaboul ou encore la dernière nuit du Rais, se laisse emporter dans cette romance passionnée, dans laquelle il se perd dans un trop plein de mièvreries.

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Dieu n'habite pas à la Havane, Yasmina Khadra, Edition Julliard, 19,50 euros

 


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