Dans son second roman, Vanessa Bamberger expose cette fois le monde fascinant des éleveurs de l’Aubrac, terre de ses ancêtres et s’interroge sur le lien qu’elle entretient avec cette terre, elle qui est très citadine.
Après la mort de sa mère, Brune grandit à Paris, au-dessus du Catulle, le bistrot de Douce et sa sœur Granita. A l’époque, les sœurs Rigal pouvaient servir jusqu’à deux cents repas par jour. Et comme la plupart des limonadiers aveyronnais, ils ne connaissaient pas le mot « vacances ». Aimantes, fantasques, les deux femmes lui transmettent le sens de la vie, l’humour et lui font oublier les petits malheurs du passé. « J’ai été élevée par mes deux grands-mères. Je faisais l’amalgame pour simplifier, mais cette formulation creusait toujours entre les sourcils de mon interlocuteur un sillon de surprise, jusqu’à ce que je rectifie : en vérité, ma grand-mère et ma grand-tante. Douce et Annie Rigal. Deux sœurs, oui. Non pas de mère, elle est morte en accouchant ».
Tous les étés, Brune se rendait dans leur Aubrac natal, terre autant chérie que détestée. Mais Brune n’y était pas retournée depuis plus de vingt ans. Peu de temps avant sa mère, sa grand-mère Douce lui demande de se faire inhumer sur le plateau.
Terres d’enfances
Altro Braco, « haut lieu » en occitan, est l’ancien nom du plateau de l’Aubrac. Berceau familial, c’est là que sa grand-mère sera enterrée. De ce lieu, elle ne reconnait rien, ou en a tout oublié. « Ce jour-là, une partie de moi allait aussi disparaître, ensevelie sous cette terre noire d’Aubrac que je connaissais si mal mais à qui je donnais, à qui je rendais ma grand-mère ». Accompagnée de Granita, Brune part à la découverte d’un autre monde dans lequel se mêlent tradition et modernité. Mais peu à peu les langues se délient, et les secrets de la famille Rigal refont surface. La vérité sur ses origines lui fait découvrir une autre façon de vivre, et fait émerger petit à petit un profond sentiment d’appartenance.
Vanessa Bamberger n’est pas arrivée en Aubrac par hasard. Sa grand-mère maternelle y avait passé son enfance. Après sa mort, l’auteure s’est rendue en pèlerinage et y a découvert un monde riche. Elle s’est prise de passion pour l’élevage, ses difficultés actuelles et surtout la façon dont cela se renouvelle. Elle est partie à la rencontre des producteurs et des éleveurs, des jeunes et des anciens.
Elle raconte avec fantaisie l’histoire d’une Parisienne, petite-fille de bistrotière, qui découvre l’Aubrac, ses familles et ses éleveurs. A travers ce roman, l’auteure offre une profonde réflexion sur le lien à la terre, sur nos origines, la transmission familiale mais aussi la construction de nos vies.
« Alto Braco », Vanessa Bamberger, Edition Liana Levi, 240 pages, 19 euros