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La « pochothèque » mensuelle de la rédaction #27

24 février 2023, par Untitled Magazine

La fin de mois est difficile et vous ne pouvez pas vous offrir les livres de la dernière rentrée littéraire ? Pas d’inquiétude, la rédaction d’Untitled Magazine a pensé à vous et vous a concocté une sélection de livres à petit prix mais de grande qualité !

Le train des enfants, Viola Ardone

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En 1946 à Naples, Amerigo quitte son quartier et sa mère pour monter dans un train. Avec des milliers d’autres enfants de l’Italie du Sud, il traverse le pays pour passer quelques mois dans une famille du Nord. Loin de sa mère, des ruelles de Naples et de ses amis, le jeune garçon découvre une autre vie et une toute nouvelle famille. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Parti communiste italien et l’Union des femmes italiennes ont l’idée d'envoyer dans le nord de l'Italie le maximum d’enfants défavorisés issus des villes du sud. Ce ne sont pas moins de 70 000 enfants de quatre à dix ans qui ont été acheminés, afin d’être logés, nourris, blanchis et instruits dans des familles d'accueil durant plusieurs mois.

Avec ce roman, Viola Ardone revient sur un fait historique assez méconnu, “les trains du bonheur”. Alors que le livre se consacre d’abord au constat de la misère et décrit la situation qui ronge le sud de l’Italie après la Seconde Guerre mondiale, il évoque également la solidarité et la générosité de nombreuses familles italiennes, qui ont accepté de prendre sous leurs ailes ces enfants. 

Mais Le train des enfants est également un récit psychologique qui interroge sur le ressenti qu'ont pu avoir ces petits obligés de quitter leur famille du jour au lendemain, sans savoir où ils se rendaient. En se mettant à hauteur d’enfants, l’auteure dépeint avec brio ces sentiments, ces craintes, ces espoirs et ces déchirements ressentis, même des décennies plus tard. Car s’il a été dur de quitter son foyer pour se rendre dans le Nord et vivre cet éloignement, il le sera tout autant pour le retour. 

Critique rédigée par Marie Heckebenner

"Le train des enfants", Viola Ardone, Editions Livre de Poche, 288 pages, 7,70€

Ne t'arrête pas de courir, Mathieu Palain

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Dans ce deuxième roman, le journaliste Mathieu Palain continue de mettre à l'honneur sa passion du sport et de sa couverture, mais aussi du destin humain : il nous présente cette fois Toumany Coulibaly, sprinteur-cambrioleur. Quand Mathieu Palain lui écrit une lettre, ce jeune homme du même âge que l'auteur et originaire de la même banlieue- l'Essonne -, est incarcéré à Réau pour des cambriolages. Il accepte de le rencontrer et c'est donc au parloir que les deux hommes vont se lier l'amitié au fil des semaines.

C'est la dualité de Toumany qui fascine Mathieu Palain : Toumany est champion de France de 400 mètres, il est doué et il est travailleur, il a déjà été sélectionné en équipe de France d'athlétisme et pourrait monter très haut. Et pourtant, il ne peut s'empêcher de commettre des cambriolages et donc de faire des allers-retours en prison... Au cours de leurs conversations, Toumany se livre sur son enfance, sa chute dans la petite délinquance, l'adrénaline du vol et de la course sur 400 mètres, ses enfants et ses projets d'avenir.

De son écriture honnête et proche qui nous avait déjà séduit.es dans Sale gosse, Mathieu Palain rend hommage à ce coureur qui excelle dans l'une des disciplines d'athlétisme les plus difficiles mais qui, malgré les médailles, semble toujours reprendre la route de la prison... Les Jeux Olympiques de 2024 approchent et on se prend à rêver de voir Toumany Coulibaly, sous les couleurs de la France, sur la plus haute marche du podium !

Critique rédigée par Mathilde Ciulla

"Ne t'arrête pas de courir", Mathieu Palain, Collection Proche, 8,50€

Le grand monde, Pierre Lemaitre

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1948, la France se remet doucement de ses blessures de guerre, les vivres sont rationnés et le confort de la vie quotidienne reste sommaire. La nouvelle saga familiale de Pierre Lemaitre démarre dans une savonnerie libanaise, “Les savons du Levant”, qui fait la renommée du père et moins celle de sa famille. Derrière lui, ses quatre enfants, trois fils et une fille, qui n’ont en aucun cas envie de reprendre l’affaire familiale. Les deux ainés, Jean dit “Bouboule” et François vivent à Paris, Etienne le plus jeune, amoureux d’un légionnaire, part pour l’Indochine le rejoindre. Quant à Hélène, la dernière des enfants, elle a aussi, à tout juste 18 ans, des vélléités d'indépendance. Entre Beyrouth, Paris et Saigon, ce sont essentiellement leurs destins que le lecteur suit, entre la guerre d’Indochine et le début des Trente Glorieuses.

Dans ce premier tome, Pierre Lemaitre nous plonge au cœur de la famille Pelletier mais également au sein de deux enquêtes. Tandis que François, journaliste aux faits divers du Journal du Soir va couvrir une affaire… sans savoir que son frère Etienne, comptable à l’Agence indochinoise des Monnaies, va devenir lanceur d’alerte en mettant à jour un système lucratif. De la chaleur humide de Saïgon à la douceur de vie de la capitale libanaise en passant par les rues animées de la capitale, l’auteur dépeint avec un réalisme bluffant cette période d’après-guerre.

Critique rédigée par Marie Heckenbenner

"Le Grand monde", Pierre Lemaitre, Editions Livre de Poche, 770 pages, 10,40€

L'enfant parfaite, Vanessa Bamberger

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Roxane est en première Scientifique dans un lycée favorisé et huppé de la capitale. Elle ne vise rien de moins que l'excellence et une place en classe préparatoire scientifique à l'issu de son bac, son père et sa mère y tiennent, ainsi qu'à ses notes. L'adolescente a toujours bien géré cette pression sur ses épaules, elle est travailleuse et, entourée de ses meilleur.es ami.es Rose, Lyna et Ferdinand, elle supporte les absences de sa mère, concertiste, et de son père qui a déménagé à Sète après son divorce.

François, lui, est cardiologue à Paris, où il partage son temps entre son cabinet et une journée par semaine en hôpital. Il aime ce qu'il fait et il n'avait de toute manière pas été envisageable pour son père, dermatologue, qu'il exerce une autre profession que médecin. Et François rêve que son fils, Romain, actuellement en seconde, soit lui aussi médecin. Mais le garçon n'a pas les notes qu'il faut et décroche en mathématiques...

Nos deux personnages, magnifiquement dépeints par Vanessa Bamberger et sa plume orale et poétique, sont sur une crête et la tension se fait réelle dès les premiers chapitres du roman : Roxane a une poussée d'acné, insupportable pour cette jeune fille pour qui l'apparence est si importante dans ce lycée parisien et qui n'en peut déjà plus de la pression mise par sa nouvelle professeure de maths ; et François doit faire face à une plainte dans l'exercice de sa profession et passer devant le Conseil de l'ordre alors que l'avenir qu'il avait tracé pour son fils semble lui échapper. 

L'entremêlement des vies de ces deux personnages donne à ce nouveau roman d'une autrice qu'on adore un rythme haletant et à la critique d'une société qui en attend trop de nos enfants sans même les écouter, de parents qui calquent leurs désirs sur leurs enfants toute sa place. Suspense garanti !

Critique rédigée par Mathilde Ciulla

"L'enfant parfaite", Vanessa Bamberger, Editions Liana Levi / Piccolo, 272 pages, 11€

Numéro deux, David Foenkinos

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On a tous lu et vu Harry Potter et surtout on connaît tous son mythique interprète Daniel Radcliffe. Mais que sait-on de l'autre garçon, Martin Hill, celui qui n'a pas eu le rôle ? C'est ce que nous raconte David Foenkinos dans ce roman, la vie de Martin Hill, le garçon qui n'a pas été choisi.

Dans ce roman, l'auteur nous raconte la vie fictionnelle du "numéro deux", l'autre enfant qui a passé le casting. A travers cette figure, David Foenkinos traite le thème de l'échec, de ce que cela fait à un jeune enfant d'avoir raté sa chance, pour être celui dont les aventures deviendront un succès planétaire. Toute sa vie, Martin Hill tente d'échapper à cette ombre qui le poursuit, quitte à passer à côté de sa vie.

Ce roman est doux amer, c'est la triste destinée d'un enfant qui n'a rien demandé et qui devient un adulte perdu dans un monde trop grand pour lui. Pour les fans d'Harry Potter, ceux qui l'exècrent ou bien pour ceux qui n'en savent rien. David Foenkinos a une réelle aptitude à créer des personnages forts, à saisir les contours de ses personnages et à en saisir leur essence à travers le thème principal qui les anime, ici la notion de l'échec et la dépression. 

Critique rédigée par Mathilde Jarrossay

"Numéro deux", David Foenkinos, Editions Folio, 272 pages, 8,70€

Mr Loverman, Bernardine Evaristo

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Barrington Jedidiah Walker, Barry, Mr Loverman, est un homme de 74 ans, séducteur et amoureux. Cela fait plus de 50 ans qu’il est marié à la délicate Carmel, mais son amour pulse pour une autre personne : son amour d’enfance. Un amour qui l’a marqué et continue de le hanter, même aujourd’hui, alors qu’il est marié et a quitté Antigua pour Londres.

C’est un dandy au charme indéniable et à l’humour tranchant qui ne jure que par la littérature et Shakespeare. Tout lui réussit. Professionnellement comme personnellement, le septuagénaire renvoie une image de réussite, de succès. Pourtant, l’amour qu’il éprouve depuis son enfance envers Morris ne cesse de le submerger. Et c’est un amour réciproque que Barry a du mal à assumer. Pas auprès de lui, mais auprès de son entourage, de sa femme qui le pense coureur de jupons et de ses filles désormais adultes, mais quelle serait leur réaction ? Comment recevront-elles la nouvelle ? Carmel lui reproche son absence, mais qu’y peut-il réellement ? Ce n’est pas sans l’entêtement de Morris qui l’a incité toute sa vie à le rejoindre. Mais Barry, malgré ses sentiments, a toujours refusé. Peur de décevoir, peur des représailles, mais aussi, la crainte d’être exhibé et pointé du doigt comme un paria. Les conséquences sociales seraient atroces, l’inégalité encore plus marquée. Quel choix doit-il faire pour être complètement heureux ?

Entre l’exotisme et la chaleur des Caraïbes, à Antigua, et les tourments de la météo londonienne au Royaume-Uni, Bernardine Evaristo signe un roman nécessaire qui oscille entre la comédie et le militantisme. Mr Loverman pointe surtout la façon dont on façonne les hommes et la construction du genre. Avec un style chaleureux et un personnage principal solaire et charmant, Evaristo signe un roman éclatant et doux sur l’acceptation de soi, l’amour et le bonheur.

Critique rédigée par Laurence Lesager

"Mr Loverman", Bernardine Evaristo (traduit par Françoise Adelstain), Editions Pocket, 360 pages, 8,30€

Ils sont aussi en poche

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