Pour la huitième année consécutive, tout l’été, et chaque semaine, Untitled Magazine vous propose trois livres à lire. Que vous soyez dans votre maison de campagne, au bord de la plage, entre amis ou encore au travail, vous devriez trouver votre bonheur.
Le juste milieu, Annabel Lyon
Le juste milieu c'est ce que tente d'inculquer Aristote au prince Alexandre de Macédoine, qui deviendra celui que le monde connaît comme Alexandre Le Grand. Lorsqu'il arrive à Pella, à l'invitation du Roi Philippe, Aristote accepte d'enseigner l'art de la philosophie au jeune prince fougeux, plus simple à dire qu'à faire quand Alexandre montre déjà un sacré caractère.
Annabel Lyon raconte dans ce roman épique l'épisode de vie d'Aristote à Pella, aux côtés de son épouse Pythias, avec qui il désire un enfant que les dieux ne semblent pas vouloir leur donner. C'est aussi l'histoire d'amitié qui unit le philosophe et le roi cruel, l'histoire d'un guerrier et d'un savant, qui entre eux aussi cherchent le juste milieu. Une galerie de personnages se déploit sous nos yeux, galerie qui nous permet de saisir l'ambiance de la ville antique, des domestiques à la famille royale.
C'est la petite histoire dans la grande histoire, une épopée d'apprentissage dont Artistote tire les fils. Un roman qui plaira aux férus d'histoire ou de Grèce antique.
Critique rédigée par Mathilde Jarrossay
Troubles, Louise Kennedy
1975, Belfast. Cushla, jeune institutrice de 20 ans, enseigne la journée au sein d’une école catholique dans une enclave protestante de la ville. Le soir, elle aide son frère dans le pub familial. Un jour, elle fait la connaissance de Michael, un homme marié, plus âgé qu’elle et protestant, et qui s’est fait connaître en défendant des membres de l’IRA. Ensemble, arriveront-ils à dépasser les différends qui embrasent leurs communautés ? Un avenir à deux est-il tout de même possible ?
Louise Kennedy signe un livre dense et subtil et nous plonge au cœur des violences entre les communautés irlandaises. Avec beaucoup de subtilité, elle décrit la naissance du sentiment amoureux, de la rencontre aux premiers émois en passant par les premières divergences. Autour d’eux, elle tisse et décortique l’histoire sanguinolente d’un pays où deux communautés sont divisées. Et alors que la société nord-irlandaise est sur le qui-vive en permanence, et guidée par son cœur, Cushla se plonge à cœur perdu dans cette relation. Une histoire d’amour impossible, en pleine Irlande du Nord, où tout peut déraper.
Un très beau premier roman qui plonge le lecteur en plein milieu des Troubles, où chacun tente de mener une vie un temps soit peu normale.
Critique rédigée par Marie Heckenbenner
Par-delà nos corps, Bérengère Cournut
Par-delà nos corps est une longue lettre, une réponse qui arrive avec vingt-cinq ans de retard. Ecrite par Elisabeth à Werner, elle retrace la vie d'une femme qui a traversé le XXe siècle. C'est à Paris à la veille de la Première guerre mondiale qu'Elisabeth rencontre Werner, jeune poète allemand, avec lequel elle noue un lien très fort - une forme d'amour pur. Mais Werner doit partir pour la guerre et le mari d'Elisabeth, un jeune Français, devra se battre dans le camp adverse. Peu de temps avant de mourir, Werner écrit une lettre à Elisabeth et ce ne sont que des décennies plus tard qu'elle prend finalement la plume pour lui répondre.
A Werner, elle fait le récit de sa vie : la vie d'une femme qui a connu l'amour à plusieurs occasions, mais aussi la perte et le deuil. De son ton toujours si poétique, Bérangère Cournut nous transporte aux côtés d'une femme qui décrit ses désirs, qui met des mots sur ses souvenirs d'un homme qu'elle n'a jamais revu et sur ce qui l'a fait vibrer au fil de sa vie. Amour, maternité, voyages, Elisabeth se confie à coeur ouvert et nous enchante.
Une lettre d'une beauté inouïe qui nous donne envie à nous aussi de se lancer dans une correspondance.
Critique rédigée par Mathilde Ciulla
"Par-délà nos corps", Bérengère Cournut, Editions Le Tripode, 120 pages, 8€