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La rentrée littéraire 2023 est en poche #1

5 novembre 2024, par Untitled Magazine

Il est parfois difficile de faire le tri parmi les presque 500 ouvrages qui sortent à chaque rentrée littéraire, et il est surtout trop cher de tous les acheter en grand format. Alors, pour celles et ceux qui sont patient.e.s, voici quelques livres de la rentrée littéraire de l'année dernière qui sont désormais disponibles en poche !

La dernière place, Négar Djavadi

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Négar Djavadi nous transporte à nouveau en Iran, mais cette fois-ci en 2020 : le 8 janvier, un avion s’écrase peu de temps après son départ de l’aéroport de Téhéran. BIen qu’il n’y ait aucune raison que l’autrice connaisse quelqu’un dans l’avion puisque celui-ci était à destination de l’Ukraine, il s’avère finalement que sa cousine s’y trouvait, en route vers le Canada où elle habitait. Négar Djavadi fait de ce drame et de la perte de sa cousine un récit à la fois personnel et géopolitique bouleversant.

Dans une première partie, l’autrice de Désorientale étudie la situation géopolitique dans laquelle se trouvait l’Iran au début de cette année 2020, une situation de grandes tensions avec les Etats-Unis, notamment après l’assassinat de Qassem Soleimani, un général iranien très haut placé le 3 janvier 2020. Elle décortique avec patience et engagement les prises de position internationales des jours ayant suivi cet assassinat, et nous éclaire sur les risques d’escalades qui étaient alors bien réels.

Mais cet aspect factuel du livre n’empêche pas Négar Djavadi de nous faire part de sa tristesse après la mort de sa cousine, rendue plus cruelle par l’exil et l’impossibilité de partager le deuil avec sa famille en Iran, mais aussi de ses souvenirs d’enfance à Téhéran. En refaisant le cours des derniers jours de la vie de sa cousine aux côtés de ses tantes, l’autrice nous plonge dans des relations familiales touchantes et intimes.

"La dernière place", Négar Djavadi, Editions Folio, 336 pages, 9,40€

Fuck up, Arthur Nersesian

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Roman culte aux Etats-Unis, Fuck Up met en scène un anti-héros parfait. Un narrateur qui erre dans les rues de New-York sans autre but que cette errance, c'est le scénario principal de ce livre. Le protagoniste, qui vient de se faire larguer par sa petite-amie, est aussi au chomage. Il cherche une échappatoire à sa vie dans la ville monde/monstre qu'est New-York. On suit ce narrateur dans ses longues marches, dans ses recherches de vérités aussi et dans ses élucubrations.

Fuck up est un roman assez déroutant autant pas sa forme que par le fond. On suit ce jeune homme dans ses petits boulots, dans ses arnaques pour manger et dormir, c'est un roman sur rien si ce n'est la triste existence que mène ce narrateur. En tant que lecteur, il est difficile de s'y attacher. Sous un aspect de chronique, chaque chapitre est une action ou bien une réflexion du narrateur. C'est un roman d'apprentissage à sa façon, avec ces longs chapitres où la vacuité du personnage lui laisse le temps de réfléchir à ce qu'il est et à ce qu'il fait. 

C'est aussi un portrait de la ville de New-York qu'on peut découvrir dans ce roman, pas la ville rêvée mais ses entrailles. On découvre la misère, la drogue, les logements insalubres, ce qui compose la vie des marginaux dans cette immense ville. Roman noir et cynique, Fuck up met en scène la vie d'un loser. 

Critique rédigée par Mathilde Jarrossay

"Fuck up", Arthur Nersesian, traduit de l'anglais par Charles Bonnot, Editions 10-18, 336 pages, 8,60€

La prochaine fois que tu mordras la poussière, Panayotis Pascot

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Alors que son père vient de lui annoncer sa mort prochaine, Panayotis Pascot, jeune chroniqueur et humoriste, ressent l’urgence de se mettre à écrire. Cette annonce déclenche en lui un besoin vital de mettre les mots sur son enfance et sur ce qu’il a longtemps tu. Page après page, il tente d’explorer les liens complexes qui l’unissent à ce père distant et autoritaire, mais revient aussi sur sa difficile acceptation de son homosexualité et sa dépression.

Depuis sa tendre enfance, il baigne dans une vision rigide de la masculinité : il ne faut pas faillir, il ne faut pas pleurer. Enfant très sensible, diagnostiqué comme “mélancolique” par son médecin, il a longtemps mal vécu cette pression d’homme invulnérable. Entre son hypersensibilité, la peur de perdre ses parents la nuit et la lente prise de conscience de son attirance pour les hommes, il dresse un portrait sincère de sa vie et dévoile sans honte les fragments de son quotidien. Car oui, pour lui être un homme n’était pas une option. En parallèle, il raconte l’histoire d’un gamin qui se cherche mais aussi la honte et la culpabilité qui ont longtemps marqué sa vie amoureuse.

Un récit autobiographique qui résonne avec notre époque, et où il est question d’acceptation de soi mais aussi de la quête de l’amour et les profondes difficultés d’aimer et de s’aimer.

Critique rédigée par Marie Heckenbenner

"La prochaine fois que tu mordras la poussière", Panayotis Pascot, Editions Le Livre de Poche, 216 pages, 7,90€

L’invincible été de Liliana, Cristina Rivera Garza

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En août 1990, Liliana, la soeur de l’autrice, était assassinée par son ancien compagnon. Trente ans plus tard, l’autrice mexicaine Cristina Rivera Garza réouvre le dossier de ce féminicide et s’y replonge avec émotion.

C’est d’abord dans les méandres du système judiciaire que nous suivons l’autrice, alors qu’elle essaye de récupérer le dossier du meurtre de sa soeur, jamais résolu. En effet, s’il y avait bien un suspect, Ángel Gonzalez Ramos, son ancien petit- ami, il n’a jamais été arrêté. Cristina Rivera Garza, qui habite désormais aux Etats-Unis et profite d’un voyage au Mexique pour effectuer ces recherches, fait le portrait de sa petite soeur, notamment à travers des lettres et des mots qu’elle laissait partout derrière elle. Le récit de Liliana est presque autant le sien propre que celui de sa soeur.

Dans la partie centrale du livre, nous plongeons dans les dernières années de la vie de Liliana, grâce à des lettres et à des témoignages d’ami.es, de celles et ceux qui partageaient sa vie alors qu’elle était à l’université et qu’elle se débattait dans une relation avec un homme qui ne lui convenait pas. A travers ces récits, c’est une réflexion sur les violences domestiques et conjugales au Mexique mais aussi sur la place donnée à ce type de relations violentes et possessives dans la culture que réalise avec intelligence et sensibilité Cristina Rivera Garza.

L’autrice redonne voix et vie à sa soeur en même temps qu’elle rend hommage aux trop nombreuses victimes de féminicides.

"L’invincible été de Liliana", Cristina Rivera Garza, traduit de l'espagnol par Lise Belperron, Editions Christian Bourgois, collection "Satellites", 284 pages, 11,80€

La colère et l’envie, Alice Renard

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Isor est une jeune fille de 13 ans. Depuis son plus jeune âge, elle ne ressemble en rien aux autres enfants. Les diagnostics se sont succédés, tantôt elle est qualifiée d’enfant différente, tantôt autiste, en retard intellectuel ou tout simplement bête. Malgré les nombreux examens réalisés et les divers médecins rencontrés, personne n’a jamais su comprendre et nommer clairement son état. Un seul diagnostic a été donné : elle pourrait mais elle ne veut pas. Jusqu’au jour où tout bascule. Lucien, un septuagénaire accepte de garder la petite pendant que des travaux se déroulent dans leur appartement. Très vite, et alors que cela ne devait être qu’une garde ponctuelle, cela devient une habitude. Et ces deux êtres tout aussi étranges l’un que l’autre, en marge de la norme et seuls, se découvrent une complicité inattendue. 

Dans ce roman choral, Alice Renard donne tour à tour la voix au père et à la mère, qui se répondent pour tisser un dialogue : on y perçoit leur désarroi, leur amour, leur attachement à cet enfant, mais aussi une pointe de jalousie vis à vis de ce vieil homme. Comment a-t-il pu en quelques heures faire ce que eux n’ont jamais réussi avec leur fille ?Puis, c’est au tour de Lucien de mettre des mots sur cette relation pleine de tendresse et de complicité. 

D’une voix poétique et portée par une narration particulière, l’autrice livre un sublime manifeste pour le droit à la différence.

Critique rédigée par Marie Heckenbenner

"La colère et l'envie", Alice Renard, Editions Points, 144 pages, 6,95€

La vie nouvelle, Tom Crewe

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Henry Ellis rencontre John Addington dans l'Angleterre du 19ème siècle. Tout deux issus de la classe plutôt aisée voir bourgeoisie de la société londonienne, l'un est médecin et l'autre est historien, ils décident d'entreprendre un projet ambitieux : rédigé une oeuvre une étude sur l'homosexuelle dans la Grèce antique. Sujet ambitieux quand plane sur eux le procès d'Oscar Wilde accusé de moeurs contre-nature. 

Une galerie de personnage s'étale autour des deux personnages à commencer par la femme d'Henry, Edith. Même si le couple semble aux prémices de l'amour on comprend rapidement que dans la sphère intime tout ne se passe si bien. Tandis que John se débat avec son amour pour son amant. John et Henry se trouvent dans ce roman. Au delà d'écrire sur les moeurs antiques, ils se parlent. Ce long roman fait la part belle à la discussion de l'intime. Tom Crewe met en scène de long dialogue entre les protagonistes. 

Ce roman est une plongée dans la société londonienne sous le prisme de l'homosexualité et son traitement au 19ème. 

Critique rédigée par Mathilde Jarrossay

"La vie nouvelle", Tom Crewe, traduit de l'anglais par Etienne Gomez, Editions Christian Bourgois, collection "Satellite", 528 pages, 12,50€




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