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La « pochothèque » mensuelle de la rédaction #23

21 mars 2022, par Untitled Magazine

La fin de mois est difficile et vous ne pouvez pas vous offrir les livres de la dernière rentrée littéraire ? Pas d’inquiétude, la rédaction d’Untitled Magazine a pensé à vous et vous a concocté une sélection de livres à petit prix mais de grande qualité !

American dirt, Jeanine Cummins

A Acalpuco, Lydia vit avec son fils Luca et son mari, Sebastian, journaliste. Tout bascule le jour où son mari révèle l’identité du chef du gang local, Los Jardineros. Après l’assassinat de son mari et de sa famille, pour échapper à ce gang et à La Lechuza son terrible chef, Lydia et Luca sont contraints de fuir à travers le Mexique pour gagner les États Unis.

Dans ce long roman, on suit Lydia et son fils sur le parcours des migrants d’Amérique du Sud. On les suit face aux dangers, face aux ruses qu’ils inventent pour continuer leur chemin, les détours qu’ils empruntent. Entrecoupé de flash-back qui nous ramènent à leur vie précédente, le long voyage de cette famille est un calvaire. Ce sont aussi des rencontres et des vies différentes qu’ils croisent sur leurs chemins.

Jeanine Cummins résume avec force ce que plusieurs millions de migrants tentent chaque jour pour avoir une vie meilleure. Formidable page turner, c’est aussi un roman qui nous informe et nous en apprend plus sur les conditions de cet exil, de ce voyage parfois mortel. C’est un roman mais aussi un bout de notre histoire contemporaine.

"American dirt", Jeanine Cummins (traduit par Françoise Adelstain et Christine Auché), Editions 10/18, 576 pages, 9,10€

Le Dit du Mistral, Olivier Mak-Bouchard

Un matin, un homme entend toquer à sa porte, alors que l'orage qui a fait rage toute la nuit ne s'est pas encore calmé. C'est son voisin, un homme âgé avec lequel il n'a pas beaucoup de contacts, qui vient le chercher pour lui montrer quelque chose d'étrange : alors que les cerisiers de son jardin ont été arrachés par la violence de l'orage, des morceaux de poterie jonchent désormais le sol. Que sont-ils ?

Les deux hommes, curieux et fascinés, vont se lancer dans une exploration de ces poteries. Une forme de regard en arrière, sur les époques qui nous ont précédés, sur ces terres si riches de la Provence qui ont accueilli de nombreuses civilisations avant la nôtre. Le Dit du Mistral est un récit sensible, addictif et lumineux, qui mêle relations humaines, mythologie et rêves, baignés du soleil du Luberon et des bourrasques capricieuses du Mistral. Un voyage dans le temps aux côtés d'un couple et de son chat, un quotidien qu'on partage pendant quelques centaines de pages.

Qui pourrait ne pas avoir envie d'aller se promener dans le Luberon et sur les versants du Mont Ventoux après avoir ouvert ce livre ?

"Le Dit du Mistral", Olivier Mak-Bouchard, Editions Le Tripode, 360 pages, 10€

Les funambules, Mohammed Aïssaoui

Arrivé d’Algérie à neuf ans, le narrateur - dont on ne connaîtra le nom qu’à la dernière page du récit - a grandi dans la pauvreté au sein d’une cité HLM d’Ile-de-France. Aujourd’hui âgé de 30 ans et devenu biographe pour anonyme, il est invité par un ami neuropsychiatre à participer à une expérience : sauver des êtres à la dérive en les aidant à écrire leur souffrance sur le papier. Ainsi, le narrateur nous fait entrer dans le monde des exclus de la société et des associations d’aide aux plus démunis (Petits Frères des Pauvres, ATD Quart Monde, Restos du Coeur…). 

Dans de courts chapitres qui se succèdent, entre le tableau de ses souvenirs d’enfance et sa quête d’un amour non oublié, on côtoie des accidentés de la vie, des miséreux mais aussi des bénévoles, des salariés, tous les uns et les autres des funambules. Au fil des pages, il s’intéresse aux fêlures de ces “cabossés” qu'il rencontre et rend un bel hommage à ces bénévoles qui donnent sans compter. Entre enquête et témoignage, le lecteur découvre les différents champs d’action de ces associations, qui vont bien au-delà de l’aide alimentaire et du lien social et œuvrent pour tous ces funambules.

Une magnifique fresque sociale qui met en lumière ces funambules, pendus à un fil, qui à tout moment peuvent basculer.

"Les funambules", Mohammed Aïssaoui, Editions Folio, 240 pages, 7,60 € 

Son corps et autres célébrations, Carmen Maria Machado

Les nouvelles de Carmen Maria Machado sont toutes aussi poétiques que déstabilisantes, racontant la violence qui s'exerce sur les femmes, sur leur corps et sur leur volonté. De formes variées allant de paragraphes assemblés en saisons de série policière aux expériences sexuelles tout au cours de la vie d'une femme, en passant par le récit d'une jeune femme qui ne voulait pas que son mari touche le ruban à une nouvelle où la corporalité des femmes disparaît, Son corps et autres célébrations met, comme son titre l'indique, le corps des femmes au centre : opprimé, invisibilisé, violé - mais toujours célébré par l'autrice !

Une puissance incommensurable se dégage de ce recueil de nouvelles, une puissance qui interpelle et informe (celles et) ceux qui sont encore aveugles aux conditions dans lesquelles vivent encore les femmes - et une puissance qui donne de la force à toutes celles (et ceux) qui se battent au quotidien pour se libérer et vivre dans leur corps.

Lesbiennes, mères, jeunes femmes, célibataires, femmes âgées. C'est toute la diversité de la condition féminine que raconte Carmen Maria Machado, en s'ancrant dans le particulier et dans le détails - où toutes peuvent pourtant se retrouver. Des nouvelles autant politiques que poétiques !

"Son corps et autres célébrations", Carmen Maria Machado (traduit par Hélène Papot), Editions Points, 312 pages, 7,70€

Les femmes n'ont pas d'histoire, Amy Jo Burns

2015, Virginie Occidentale. En plein cœur des Appalaches, dans une zone désoeuvrée appelée Rust Belt, Wren jeune adolescente nous raconte l’histoire de sa mère et de sa meilleure amie, deux femmes qui ont décidé de tout partager, ne se sont jamais quittées et ont choisi de vivre dans un périmètre proche. Mais sur cette terre où whisky de contrebande et trafics en tout genre rythment le quotidien de la population, la jeune fille narre aussi l’histoire de ces femmes vivant sous le prisme des hommes. Des femmes, muselées par leur corps et leur force, au service des hommes, là où leur âme rêvent d’un ailleurs.

Élevée dans l’ombre de son père - pêcheur violent et charismatique - la jeune fille semble, comme sa mère et le reste des femmes de la région, suivre un destin tout tracé, car il est bien connu que les femmes n’ont pas d’histoire. Or, ces deux femmes ont une histoire, une histoire forte mais guidée par les choix que les hommes ont fait pour elles. Mais doit-on subir cette même condition ? Jusqu’au jour, où un événement fera prendre conscience à la jeune adolescente de sa condition, et lui permettra de prendre son destin en main.

Dans un monde à l’atmosphère âpre et oppressante, les femmes sont considérées comme des proies et des objets à s’approprier par les hommes. Dans cet épatant récit, on suit deux générations de femmes qui tentent de devenir elles-mêmes, dans un pays régi par des sociétés patriarcales. 

"Les femmes n'ont pas d'histoire", Amy Jo Burns (traduit par Héloïse Esquié), Editions 10/18, 312 pages, 8,20€

L'homme tombé du ciel, Walter Tevis

Révélé par l'adaptation Netflix de son roman Le jeu de la dame, Walter Tevis s'exprime avant tout dans le roman de science fiction et le roman noir.
 
Avec L'homme tombé du ciel, l'auteur américain nous embarque aux côtés de Newton, un extraterrestre à l'apparence humaine, missionné sur Terre pour sauver son peuple. C'est une mission méticuleusement préparée. Newton a étudié et analysé les codes et mœurs des hommes, de leur Histoire à leur psychologie, afin de pouvoir se fondre parmi eux tel un caméléon.
 
Descendu sur Terre, Newton apparaît comme un prophète en mettant en garde les hommes face à leurs pratiques à la suite de la Seconde Guerre mondiale. Newton souhaite éviter le même destin funeste à la Terre qu'à sa planète d'origine qui a sombré.
 
En reprenant le mythe de la chute d'Icare, Walter Tevis nous présente une œuvre dystopique aux notes philosophiques, sociologiques et psychologiques où notre extraterrestre va non seulement tenter de sauver la Terre et les siens, mais va aussi faire l'expérience de ce qu'est d'être humain et être confronté aux angoisses existentielles de l'être quant à la nature de l'homme, sa raison et son sens dans ce vaste univers.
 

"L'homme tombé du ciel", Walter Tevis (traduit par Nicole Tisserand), Editions Gallmeister, 288 pages, 9,90€

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