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Eté 2024 : 3 livres à mettre dans sa poche #9

22 août 2024, par Untitled Magazine

Pour la huitième année consécutive, tout l’été, et chaque semaine, Untitled Magazine vous propose trois livres à lire. Que vous soyez dans votre maison de campagne, au bord de la plage, entre amis ou encore au travail, vous devriez trouver votre bonheur.

Syngué sabour, Atiq Rahimi

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Quelque part en Afghanistan, une femme veille son mari blessé, probablement aux portes de la mort. Dans ce court roman, d’une centaine de pages, elle se dévoile, un long monologue où elle exprime ses doutes, ses blessures et la relation existante qui les lie. Ce qu’on découvre dans les paroles de cette femme, c’est la difficulté de vivre femme en Afghanistan dans les années 1980.

Atiq Rahimi décrit avec poésie mais avec une précision accrue les souffrances, la maltraitances - autant physiques que mentales -, l’entrave que vit la narratrice. Il lui donne une voix pour toutes les femmes afghanes. La Syngué Sabour est une pierre noire, dite pierre de patience, selon une coutume persane on peut confier à cette pierre tous nos malheurs et elle les absorbe pour nous en délester.  

Syngué Sabour est une histoire de vie, un chant de résistance aussi. Ce portrait de femme est vibrant, aussi nécessaire que violent, la voix de la narratrice nous emporte avec poésie dans le quotidien des femmes musulmanes, qui sont bridées par leurs époux et non-considérées. 

Critique rédigée par Mathilde Jarrossay

"Syngué sabour", Atiq Rahimi, Editions Folio, 144 pages, 7,80€

Les déracinés, Catherine Bardon

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Autriche, 1931. Wilhelm, jeune journaliste de 25 ans, tombe - lors d’une soirée viennoise - sous le charme d’Almah, jeune dentiste et fille de grande famille autrichienne. Malgré des différents religieux et sociales, et alors que l’antisémitisme est aux portes du pays, rien ne semble venir l’amour des premières années. Mais la vie devient de plus en plus difficile et la menace venue d’Allemagne ne cesse de se rapprocher : les deux tourtereaux sont contraints de quitter leur pays pour tenter de construire un avenir meilleur ailleurs. Arrêtés en Suisse et après un court séjour dans un camp de réfugiés, ils acceptent de faire partie des 100 000 juifs volontaires pour se rendre en République dominicaine. Loin des paysages européens, dans une jungle sauvage, ils tentent de planter le décor de leur nouvelle vie.

Grâce à un travail précis et parfaitement documenté, Catherine Bardon dévoile un épisode méconnu de la Seconde Guerre mondiale. A l’aide de courts chapitres, parfois très incisifs, elle montre comment, après le massacre de milliers de haïtiens en 1937, la République dominicaine a voulu se racheter une image en accueillant des milliers de juifs. L’objectif ? Fonder une communauté agricole sur le modèle de Degania, le premier kibboutz de Palestine.

Entre vie en communauté, sexualité, adultère, deuil et reconstruction, elle signe une vaste saga familiale qui parvient sans artifices à nous embarquer avec ses personnages en exil.

Critique rédigée par Marie Heckenbenner

"Les déracinés", Catherine Bardon, Editions Pocket, 768 pages, 10,30€

Kallocaïne, Karin Boye

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Dans un régime autoritaire tel que celui mis en place par l’Etat Mondial, le seul espace de liberté conservé par les citoyen.nes est constitué par leurs pensées : leurs rêves, leurs espoirs, leur force que la surveillance et le contrôle n’ont pas encore réussi à annihiler complètement. Mais Leo Kall, chimiste, vient de trouver la formule pour un sérum de vérité qui changera tout en donnant accès aux pensées les plus intimes des citoyen.nes.

Kallocaïne est le chef d’oeuvre de Karin Boye, publié en 1940 et récemment réédité, qui présente une société qui n’a rien à envier à celle de Big Brother du 1984 d’Orwell - et donc écrit presque une décennie plus tôt. Une société où le contrôle de tou.tes par tou.tes est efficace et où tout écart est impossible.

Dans sa quête pour mettre la Kallocaïne au service de l’Etat Mondial et sa découverte d’une partie de ses rouages, Leo Kall finit par s’interroger, par laisser le doute s’immiscer et par ouvrir des portes qui pourraient bien le mener à sa perte. Une dystopie qui marque les esprits, forte d’une forme d’actualité et portée par une écriture fine.

Critique rédigée par Mathilde Ciulla

"Kallocaïne", Karin Boye, traduit du suédois par Leo Dhayer, Editions Folio SF, 288 pages, 9,40€




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