Vous aussi vous êtes perdu.e.s avec toutes les sorties récentes, tous les livres qu’on vous conseille et toutes les recommandations des libraires jusqu’à en oublier de lire des bandes dessinées ? Pas d’inquiétude, on a pensé à tout et on vous concocte des sélections de nos BD préférées !
Carnation, Xavier Mussat
A travers ce roman graphique, Xavier Mussat explore le genre autobiographique et l’amour destructeur. C’est une chronique intime d’un amour ravageur qui marquera à jamais l’auteur. Carnation est le fruit de dix ans d’écriture, de croquis, de réflexions et de vie. Xavier Mussat se livre avec sincérité dans ce projet où il relate son passé tumultueux, autant dans sa vie professionnelle que personnelle, et de ses relations toxiques.
C’est en 1989 que Xavier Mussat arrive à Angoulême pour des études d’Arts. Une fois diplômé, ne sachant où aller et voyant l’essor de cette ville pour l’animation et le dessin, il décide d’y rester. C’est là qu’il travaillera sur de nombreux projets comme celui de Kirikou. C’est aussi à ce moment que l'envie d’écrire une bande dessinée autobiographique prendra forme. Dans ce chaos personnel, Xavier reprend contact avec son père, et cette rencontre sera l’élément déclencheur pour son projet qui va prendre de plus en plus d’ampleur. Xavier Mussat décide alors de quitter son emploi pour se consacrer pleinement à sa bande dessinée autobiographique. Au fur et à mesure des errances et des rencontres, Xavier brosse en dix ans un portrait d’une génération aux rêves utopiques en contraste avec une société et un monde en cruel changement.
Carnation, c’est le témoignage à double tranchant de la complexité des relations humaines et du monde. C’est l’exorcisme de l’auteur pour aller mieux et s’échapper de Sylvia, cet amour néfaste et toxique dont il peine à faire le deuil. Au fil des 250 pages de ce roman graphique, le style de l’auteur change et reflète son évolution psychique et son état émotionnel. Il y a beaucoup de symboliques et de métaphores dans les planches, Xavier Mussat joue avec les genres et oscille entre autodérision et introspection.
"Carnation", Xavier Mussat, Editions Casterman, 272 pages, 19,95 €
Replay : mémoire d'une famille, Jordan Mechner
En 1938, alors qu’il assiste à un défilé nazi dans les rues de la capitale, le grand-père de la famille Adolf Mechner décide de quitter Vienne. Dans l’impossibilité d’obtenir un visa pour toute la famille, et vivement menacé en tant qu’homme juif, il partira à Cuba loin de sa femme et de ses enfants. Fanzi, son fils et le père de l’auteur, rejoindra la France, seul. En 2005, Jordan, le petit-fils d’Adolf et fils de Fanzi, concepteur de jeux vidéos propose - alors qu’il vit à Los Angeles - à sa famille d’aller vivre trois ans en France pour y développer une nouvelle version de Prince of Persia (un jeu culte qu’il a inventé il y a plus de vingt ans). Un possible déchirement pour son couple qu’il tente tant bien que mal de sauver, mais également pour ses enfants adolescents qui ne connaissent rien d’autre que les Etats-Unis. En parallèle de son travail, il consacre une partie de son temps à numériser et mettre en forme les journaux intimes de son grand-père. Des milliers de pages manuscrites, de photos, et de documents qui constituent la mémoire de la famille.
C’est avec beaucoup de justesse que l’auteur parvient à nous faire vivre ces moments d’émotions, qui donnent vie au récit. Il raconte avec brio le déchirement de quitter sa ville et son quotidien, et l’incroyable force de cette famille qui a dû renoncer à son confort pour survivre. Chacune des décisions prises sont déchirantes, mais particulièrement sensées. Ce récit sur trois générations transcende le destin de cette famille et met en avant la nécessité pour certains de l’exil et la force et le courage dont il faut faire preuve pour en prendre la décision
"Replay : mémoire d'une famille", Jordan Mechner, Éditions Delcourt, 320 pages, 29,95 €
Oum Kalthoum, naissance d'une diva, Chadia Loueslati et Nadia Hathroubi-Safsaf
La voix d'Oum Kalthoum a enchanté l'Egypte et le monde jusqu'à sa mort en 1975. Mais ce n'était pas écrit : Oum Kalthoum grandit dans une famille pauvre en Egypte, et doit se battre pour pouvoir aller à l'école apprendre à lire et à écrire. Depuis toute petite, elle chante et enchante. Quand son père découvre son don, il décide de lui apprendre les chants religieux, ces récitations de sourates qui sont célébrées dans la religion musulmane et qui lui ouvrent les portes du Caire. Mais pour pouvoir se produire sans choquer, le père d'Oum Kalthoum force sa fille à se déguiser en garçon. Elle devra encore attendre un certain temps avant de pouvoir être entièrement elle-même sur scène.
Les deux autrices de cette bande dessinée veulent, à travers la mise en scène d'une interview avec une journaliste, présenter Oum Kalthoum à celles et ceux qui ne la connaissent que peu : les pages en noir et blanc et en sépia se succèdent pour montrer les différentes époques de la vie de la diva égyptienne, de son passage du petit village où elle aidait sa mère à récolter le coton aux plus grandes scènes et à la célébrité qu'elle atteindra en Egypte et dans le monde arabe.
Une femme indépendante et forte qui se battra par ailleurs pour son pays et son indépendance, au son de sa voix.