Qui sera la gagnante du trophée des Filles de l'Amérique ? Dans ce roman vibrant, Rita Bullwinkel met en scène huit jeunes boxeuses prêtes à tout pour remporter la victoire.
Andi, Artemis, Kate, Rachel, Iggy, Izzy, Rose et Tanya sont huit jeunes filles qui courent après un seul but : celui de remporter ce tournoi de boxe dans un gymnase crasseux de Reno. Combats après combats, on entre dans leur tête pour y découvrir ce qui traverse les pensées de ces jeunes femmes durant ces quelques minutes décisives.
Tour à tour
Dans un processus littéraire ingénieux, l'autrice nous fait découvrir chaque fille durant leur combat. Ainsi deux par deux, on découvre ce qui a fait venir ces jeunes femmes ici, leur rêve de gloire et de reconnaissance. Il y a les cousines Iggy et Izzy qui s'opposent comme des soeurs et des vaillantes, une histoire de famille. Quant à Artemis dont les soeurs sont aussi des légendes, est-ce qu'elle pourra réussir à vaincre ses adversaires ?
"Les parents, les entraîneurs et le chœur d'hommes décrépis que le tournoi des Filles d'Amérique a désignés comme juges, tous sont d'une médiocrité qui contraste avec l'éclat de ces boxeuses."
On découvre les espoirs de ces jeunes filles, issues de milieux plutôt défavorisés, elles sont arrivées là un peu par hasard et un peu comme elles ont pu. Que dit la boxe d'elles ? C'est ce que pose la question du livre. Si la vie est une lutte, elle l'est encore plus pour les femmes et voici comment ces huit-là on décidé de s'en sortir.
"J'adore son regard quand je la bats. J'adore ce que je ressens quand je la bats. C'est la chose la plus importante au monde pour Iggy. Battre quelqu'un à quelque chose qui compte plus que tout pour lui, c'est comme écraser une mouche."
L'originalité de son découpage nous garde en haleine et nous plonge pleinement dans l'univers de la boxe. On y découvre les stratégies, les entraînements des unes et des autres, leurs ambitions de carrière.
Portraits des jeunes filles de l'Amérique
L'autrice s'attarde dans les pensées de ces huit filles, on peut même s'identifier à elles parfois. Ce qui est une toile de fond au roman, ce sont les difficultés qu'elles rencontrent dans leur vie et dans leur sport. On comprend assez rapidement qu'elles sont pour la plupart assez seules, exercent des jobs précaires, quand bien même elles ont moins de 18 ans. C'est un portrait de l'Amérique des laissés-pour-compte.
Les cousines s'entraident en dehors des rings, quand Artemis pâtit de sa lignée de boxeuses, Rose ou encore Izzy jouent la gloire. Rita Bullwinkel va plus loin puisqu'elle nous raconte aussi ce qu'elles sont devenues. C'est un aller-retour dans leur jeunesse et dans leurs pensées. C'est un roman de l'instant, ce qui se passe sur ce ring est à cet instant le plus important même si dans dix ans, elles auront oublié cela.
"Les compétitrices du tournoi des Filles d’Amérique se battent comme des meurtrières. Quand elles arpentent la salle entre les matchs, la poussière dans l’air, s’écarte sur leur passage, comme les eaux se fendent devant un Dieu. Chacune a son style et boxe à sa façon, mais toutes partagent la même énergie."
Un premier roman réussi, même si parfois on aimerait en avoir plus, l'exercice est réussi. On se plaît à découvrir cet univers et ces boxeuses dans leur tête le temps d'un combat.
Combats de filles, Ruth Bullwinkel, traduit par Hélène Cohen, Edition La Croisée, 22€, 192 p.