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« Déviant », un livre d’Olivier Grosjean

1 novembre 2024, par Vincent Bourdet

Dix ans après le Manifeste pour un vin naturel d’Antonin Iommi-Amunategui (éditeur, cette foi-ci), du vin sain a coulé dans les gosiers sans pour autant faire cesser le flot de critiques à son encontre. Partiales, orientées, ou fantasmées, ces dernières sont l’occasion pour l’autodidacte mais pas moins spécialiste, Olivier Grosjean, de signer un nouveau manifeste redresseur de torts. Déviant - Le vin nature par défaut(s) aux Éditions Nouriturfu.

Voilà une vingtaine d’années, que l’on assiste à un petit (à l’échelle nationale et mondiale) mais obstiné raz de marée de vins qui défendent écologie, libre pensée et stimulations sensibles. Mais qui dit développement d’un côté, dit aussi renforcement des à priori et clichés de l’autre. Ainsi, le vin naturel ne vieillirait pas, ressemblerait à du vinaigre, aurait un goût de cidre, n’aurait pas fini sa fermentation, pétillerait sauvagemment, serait trouble et bien trop cher. Grosjean que certain.e.s ont pu connaître à l’époque où fleurissaient les blogs (Le Blog d’Olif) ou plus récemment en tant que co-auteur du guide annuel autour du vin naturel, Glou Guide (éditions Cambourakis), prend une à une ces observations et démontre chapitre après chapitre leur partialité et leur dogmatisme.

De légères bulles aussi bien blanches que rouges sont recherchées dans les vins italiens frizzante, l’oxydation et ses notes de noix fraiches font du vin jaune l’un des plus célébrés, l’absence de filtration permet à des grands crus d’exprimer toute leur personnalité. Et concernant les «défauts» consubstantiels aux vins peu ou pas sulfités (bretts, volatile, souris, huile), l’auteur répond avec une naturelle évidence : temps et subjectivité. Car, si d’un côté ce goût que l’on pourrait rapprocher de l’urine de souris ou ce toucher huileux s’estompe après quelques mois, l’acidité et la sauvagerie de la boisson se perçoivent différemment suivant les palais et les préférences de chacun.e.s. Derrière ce que l’on pourrait prendre pour une lapalissade, Grosjean défend, plutôt qu’une norme et une uniformisation oenologique, une ouverture sans abnégation envers toutes les expressions personnelles qui peuplent le vignoble mondiale.

Ouvrage d’un convaincu adressé à des convaincu.e.s, Déviant ne fait pas le contre-procès du vin naturel, ses dimensions culturelles, écologiques, politiques s’atténuant dans ce rapide et sautillant inventaire, mais l’ouvrage donne tout de même quelques éléments pour nourrir le débat. À table donc !

Déviant (couverture).jpg

« Déviant - Le vin par défaut(s) », Olivier Grosjean, Editions Nouriturfu, 2024, 112 pages, 15 euros.




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Curieux de la rencontre des vivant.e.s, Vincent flotte de forme en forme. Théâtre, musée, salon, cuisine sont la politique de ses écrits


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