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« Le Sorcier et la Luciole » un livre de Christine Campadieu

10 juillet 2024, par Vincent Bourdet

Dans un premier livre empli de souvenirs, de respect et de tendresse, l’ex-vigneronne Christine Campadieu raconte avec truculence son amitié avec l’affamé et assoiffé écrivain américain Jim Harrison. Le Sorcier et la Luciole aux éditions Nouriturfu.

La rencontre semblait inévitable. L’un était un écrivain régulièrement en tournée en France, curieux de tout ce qui se mange et se boit avec une affinité particulière pour la culture gastronomique catalane. L’autre, vigneronne à Collioure, s’échappait régulièrement de son domaine à travers la littérature des grands espaces nord-américains. Ne restait plus qu’ait lieu un échange de bons procédés par l’entremise d’un importateur en vin. De ces passions partagées naquit un dialogue ininterrompu de quinze années émaillé de voyages d’un côté à l’autre de l’Atlantique. Huit ans après la mort de l’écrivain, Christine Campadieu nous fait découvrir les à côtés de ce « sacré gueuleton »*, mais aussi la fascination que pouvait exercer ce dernier.

Sans taire, le côté irascible du personnage, l’autrice donne à voir un géant bourru aux humeurs toutes enfantines : de la bouderie à la joie jaillissante de trouver un bar à l’angle d’une rue déserte, du besoin de pèlerinage sur des lieux de morts de poètes célèbres à la peur de leur fantôme. À travers ces aventures aux allures de récits de voyage d’un autre siècle où le compagnonnage intergénérationnel naissait des pays parcourus, les souvenirs que l’on avait d’une certaine misogynie chez Harrison se mêle à la relation presque filiale entre cet oncle d’Amérique et cette française avide d’ailleurs. Et si, de l’Espagne, à la France en passant par l’Arizona et le Montana, ce lien peut paraître déséquilibrée (exercice de l’hommage oblige ?), donnant presque à Campadieu un simple rôle de factotum, la dernière partie de l’ouvrage, consacrée à des recettes de cette dernière, vient rééquilibrer l’échange en révélant les secrets qui ont su tant émoustiller les babines de l’américain.

Alors oui, on pourra regretter dans cet exercice hagiographique le manque de critique envers un comportement capricieux et viril qui semble être le lit de toute une masculinité problématique. On s’attendait aussi peut-être à un échange plus fourni autour des deux moyens d’expression pratiqué par l’un (l’écriture) et par l’autre (le vin). Mais ce livre nous aura aussi fait découvrir une facette plus sensible et sereine de Big Jim, loin de la pose et des parades littéraires.

Un sacré gueuleton », Jim Harrison, Éditions Flammarion, 2018

Le Sorcier et la Luciole (couverture).jpg

« Le Sorcier et la Luciole », Christine Campadieu, Editions Nouriturfu, 2024, 200 pages, 20 euros. 




auteur
Curieux de la rencontre des vivant.e.s, Vincent flotte de forme en forme. Théâtre, musée, salon, cuisine sont la politique de ses écrits


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