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La « pochothèque » mensuelle de la rédaction #29

19 avril 2023, par Untitled Magazine

La fin de mois est difficile et vous ne pouvez pas vous offrir les livres de la dernière rentrée littéraire ? Pas d’inquiétude, la rédaction d’Untitled Magazine a pensé à vous et vous a concocté une sélection de livres à petit prix mais de grande qualité !

Paris-Briançon, Philippe Besson9782266330312ORI.jpeg

Ils sont une dizaine d'inconnus à monter à bord du train de nuit n°5789, réunis par le plus grand des hasards dans la même voiture du Paris-Briançon. On y rencontre un médecin, une mère de famille, un VRP, un couple de sexagénaires, un hockeyeur, une bande de cinq étudiants… Et un certain Giovanni Messina. Dans ce train couchette et au fil des heures, les langues se délient et les conversations prennent un tournant plus personnel. L’étranger, inconnu quelques heures plus tôt, devient l’espace d’un instant confident, et chacun se révèle aux autres mais aussi à soi-même. Derrière les apparences, des trajectoires de vie chacunes marquées par les maux de notre époque, mais personne ne se doute que certaines d’entre elles vont bientôt s’arrêter tragiquement, avec même d’arriver à destination… Car oui, Philippe Besson prévient son lecteur dès les premières pages de son récit, la mort est montée à bord de ce train et elle risque d’en emporter plus d'un.

Entre préoccupations professionnelles et familiales, violences quotidiennes et solitudes, l’atmosphère du train fait délier les langues. Et derrière les faux semblants, ces voyageurs - qui ne semblent rien avoir en commun - se mettront à nu pour tenter durant quelques heures d’échapper à leur solitude et petits tracas du quotidien… jusqu’au drame final. Conteur habile, usant d’une justesse dont il sait faire preuve, Philippe Besson nous transporte dans ce huis clos ferroviaire et nous offre une belle réflexion sur le destin et la fatalité.

Critique rédigée par Marie Heckenbenner

"Paris-Briançon", Philippe Besson, Edition Pocket, 208 pages, 8 €

Mahmoud ou la montée des eaux, Antoine WautersG06586.jpg

Tous les jours, Mahmoud arpente le lac artificiel al-Assad à bord de sa barque. Cette pérégrination du narrateur ouvre la porte à la remontée des souvenirs. Lors de la construction du barrage Tabqa, le village de Mahmoud a été englouti. Le viel homme va ainsi tous les jours sur le lac et se remémore sa vie, pas seulement celle de son village d'enfant mais aussi les souvenirs de sa femme, son amour de jeunesse, ses enfants, tout cela sur un fond de guerre. 

Dans un roman écrit presque en vers, Antoine Wauters nous raconte deux histoires : celle de Mahmoud, un poéte devenu un vieillard hanté par ses souvenris et celle d'un pays, la Syrie. Un récit entre deux eaux, des souvenirs heureux de l'homme aux tragédies de la guerre. Mahmoud invoque ses fantômes : sa femme, son amour de jeunesse Leila disparu, ses fils partis à la guerre. Le narrateur oscille entre ses vers de poésie, sa folie latente et ses idées politiques. 

Ce court roman est un voyage sous l'eau. On plonge avec Mahmoud dans le lac, dans ses souvenirs, dans un pays ravagé par la guerre. Antoine Wauters ajoute par la forme du roman une touche de poésie. Un hommage aux victimes de la guerre, un roman écologique sur les ravages du barrage et aussi un hommage aux hommes de lettres qui ont été torturés pour leurs pratiques littéraires en Syrie. 

Engagé, poétique et écologique, ce sont les clefs de ce roman.

Critique rédigée par Mathilde Jarrossay

"Mahmoud ou la montée des eaux", Antoine Wauters, Edition Folio, 176 pages, 7,50 €

Dans la foule, Laurent Mauvignierlivre_galerie_9782707320919.jpeg

29 mai 1985, Bruxelles. Ce soir aura lieu le match du siècle : la finale de la Ligue des champions de football entre Liverpool et la Juventus. De nombreux.ses supporters de deux clubs ont fait le déplacement et tou.tes tremblent d’excitation à la perspective d’un match historique entre deux des meilleures équipes du monde.

Jeff et Tonino ont fait le déplacement depuis la France, même s’ils n’ont pas de billets pour le match. Ils espèrent en trouver en dernière minute parce qu’ils ne comptent pas passer à côté de l’ambiance qu’il y aura dans le stade. Gabriel et Virginie vivent à Bruxelles et fêtent dans un bar la promotion de Gabriel quand iels croisent le chemin de Jeff et Tonino. Tana et Francesco se sont récemment marié.es en Italie et sont à Bruxelles pour leur voyage de noces, avec en main des billets pour le match offerts par leurs familles. Goeff et ses deux frères viennent, eux, de Liverpool. Alors que Geoff est là pour faire plaisir à son père, ses deux frères sont de vrais supporters de Liverpool, club connu pour la violence de ses hooligans.

Aucun des personnages de ce roman choral de Laurent Mauvignier n’imagine la tournure que prendra cette soirée et la façon dont leurs destins seront liés à jamais. S’inspirant d’un drame réel dans lequel les hooligans et les règles d’un stade seront à l’origine d’une tragédie, l’auteur des Histoires de la nuit s’immerge tour à tour en chacun des personnages pour nous en raconter l’histoire et l’état d’esprit au cours de la soirée. Passant de l’un.e à l’autre avec un fluide déconcertant, Laurent Mauvignier réussit à créer du suspense avec un événement dont on connaît déjà l’issue, tout en faisant la part belle aux sentiments de chacun de ses personnages.

Critique rédigée par Mathilde Ciulla

"Dans la foule", Laurent Mauvignier, Les éditions de Minuit, 432 pages, 9,65 €

Ce n'était que la peste, Ludmila OulitskaïaG07062.jpg

Moscou, 1939. Rudolf Mayer, biologiste, vient de parcourir plus de 800 kilomètres pour présenter aux autorités ses recherches sur une souche virulente de la peste. Juste après cette réunion, il découvre - alors asymptomatique - qu’il a lui-même été contaminé et que toutes les personnes qu’il a croisées le sont potentiellement aussi. Rapidement, la police soviétique déploie un redoutable plan de quarantaine et en 48h plus de 90 personnes sont extraites de chez elles sans qu’on leur dise de quoi il en retourne. Mais dans ces années de Grandes Purges, un isolement de force peut vite ressembler pour certains à une arrestation politique... 

Écrit en 1988 et publié en France en 2021, Ludmila Oulitskaïa nous plonge dans les années de la terreur stalinienne. Avec son écriture sèche et tranchée, elle nous donne un aperçu du régime totalitaire de Staline, habitué aux arrestations massives, à la manipulation, la violence et aux déportations. A travers de courts chapitres, on suit les arrestations et leurs conditions de mise en œuvre où ni empathie ni états d’âme n’ont de place. Avec une pointe d’humour, la romancière donne à réfléchir sur notre société, nos libertés et nos choix de vie. Un roman qui fait également écho à la situation actuelle en Russie, où presque rien n’a changé.

Critique rédigée par Marie Heckenbenner

"Ce n'était que la peste", Ludmila Oulitskaïa, traduit du russe par Sophie Benech, Édition Folio, 144 pages, 7,50 €

Sauvagines, Gabrielle Filteau-ChibaG06130.jpg

Après son premier roman, Encabanée, inspiré de son expérience au Karamouska, Gabrielle Filteau-Chiba continue d’emmener son lecteur dans les grands espaces du Québec et de sa préservation. Sauvagines constitue le deuxième volet du triptyque écoféministe de l’auteure qui se compose d’Encabanée, de Sauvagines et de Bivouac.

Isolée du capharnaüm de la ville, Raphaëlle est une garde-forestière et vit dans une cabane dans la forêt du Kamarouska. Seule face aux éléments et à la nature, elle finit par prendre pour compagnon Coyote, une chienne bâtarde destinée à l'abattoir. Les deux commères veillent sur la forêt et s’assurent que l’équilibre de la nature ne soit pas perturbé, car non loin de là, les braconniers rodent et n’ont que faire des lois, mettant alors en péril cet équilibre si fragile. Mais le danger n’est pas forcément là où on le pense. Dans cette immense forêt, Raphaëlle et Coyote doivent cohabiter avec la faune et la flore et les menaces qu’elles comportent. Lorsque des traces d’ours se présentent devant sa cabane, Raphaëlle, inquiète, ajuste le tir et tente des subterfuges pour éloigner la bête du logis.

Quelques jours plus tard, c’est Coyote qui disparaît et est retrouvée blessée par des collets de braconniers. Furieuse, contre ces pratiques illégales, mais surtout contre le fait qu’on ait osé blesser sa protégée, Raphaëlle laisse une note aux braconniers afin qu’ils cessent immédiatement leurs affaires. Loin d’être aussi simple, le piège va se refermer petit à petit sur Raphaëlle. Dans les bois, on l’observe. Elle, qui chassait les braconniers, en devient désormais la proie… Cependant, elle est loin d’avoir dit son dernier mot. Avec l’aide d’Anouk, l’ermite des bois que l’on rencontre dans Encabanée, et son meilleur ami, Lionel, Raphaëlle prépare sa vengeance. Cette forêt se transforme alors en un huis clos et une traque haletante se met petit à petit en place, où la proie et le chasseur se confondent.

Profondément attachée à la préservation de la nature et des espaces, Gabrielle Filteau-Chiba signe un roman entre le nature writing et le thriller psychologique. Un roman captivant et happant où la nature sous tous ces aspects est un immense terrain de jeu pour la folie destructrice des hommes. Sauvagines est une ode à la nature et à sa préservation. Avec une plume franche et poétique, porté par une héroïne combative aux convictions fortes, ce deuxième volet écoféministe nous atteint en plein cœur.

Critique rédigée par Laurence Lesager

"Sauvagines", Gabrielle Filteau-Chiba, Édition Folio, 400 pages, 9,20 €

Azami, Aki Shimazaki9782330103255.jpeg

Mitsuo est heureux dans sa vie de rédacteur d’une revue, aux côtés de sa femme et de ses deux jeunes enfants. Alors que sa femme se rend de plus en plus dans la campagne proche de Nagoya, la ville japonaise dans laquelle la famille habite, réfléchissant à se lancer dans une entreprise agricole, Mitsuo reste davantage seul en ville, malgré ses importants horaires de travail.

Alors quand Goro, un ancien camarade de primaire croisé par hasard dans la rue, l’invite dans un bar très select de la ville, Mitsuo accepte. Quelle surprise quand il y voit Mitsuko, son amour de jeunesse, qu’il n’avait pas revu – à l’instar de Goro – depuis vingt-quatre ans ! Cela fait remonter tant de souvenirs pour le trentenaire, notamment autour de la fleur d’azami, surnom qu’il avait donné à Mitsuko dans son journal intime et qu’elle a également choisit comme nom pour son emploi d’entraîneuse dans le bar.

Avec le premier roman de sa troisième pentalogie, Aki Shimazaki nous plonge dans une réflexion autour des souvenirs d’enfance, de l’amour et de la vie de couple mais aussi de l’importance des conventions sociales au Japon. Ce court roman nous donne envie de se plonger dans la suite de la série aux côtés de Mitsuo et de Mitsuko !

Critique rédigée par Mathilde Ciulla

"Azami", Aki Shimazaki, Editions Babel/Actes Sud, 144 pages, 7,30€

Ils sont aussi en poche

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